samedi 30 janvier 2010

La vie music-hall

Jean Yanne, Le permis de conduire : un grand classique, mille fois vu, mais je pense que cela fera tout de même plaisir.
Ensuite, l'une des chansons que je préfère (émission Toute la chanson, juin 1961). Je n'ai pas connu La Varenne ni n'ai dansé la java, mais qu'importe, toutes les mélancolies se ressemblent. Philippe Clay y met la distance qu'il faut, et l'élégance :


«À ceux qui ne savent pas
Ce qu'était autrefois
Mon coin de la Varenne
J'crois que j' perdrais mon temps
Si je prenais la peine
De le leur raconter

Quand venait le printemps
De beaux lilas violets
Fleurissaient par centaines
Tandis qu' de-ci de-là
Voltigeaient des rengaines
En forme de triolets

Et c'est là un sam'di
A c'que maman m'a dit
Que j'suis v'nu
Et qu' douc'ment j'ai grandi

La java de la Varenne
Dans la vie on n'l'oublie pas
Quand on a le cœur en peine
On la chante et puis ça va
Et quand vient la fin d'la s'maine
On la danse à petits pas
La java de la Varenne
C'est la reine des javas
[…]
(Paroles de Jean-Roger Caussimon)

Puis l'on retrouve brièvement Philippe Clay : il présente la nouvelle protégée de Danglard, propriétaire d'un fameux music-hall, où se presse le beau linge et le populo. Danglard, c'est Gabin, amusé, cavaleur, bonimenteur mais séduisant au possible. Il aime la vie, les jolies femmes, et, par dessus tout, la magie du caf conc dont il est le grand organisateur. Il se prête volontiers, ne se donne jamais, considère que rien ne vaut le spectacle, celui que l'on maîtrise et dont on n'est pas la dupe… La scène est extraite du film French Cancan, de Jean Renoir (1954). Pour le plaisir, voici l'essentiel de son générique : Francoise Arnoul, Maria Felix, Valentine Tessier, Dora Doll, France Roche, Edith Piaf, Jean Gabin, Jean-Roger Caussimon, Gianni Esposito, Philippe Clay, Michel Piccoli, Jean Paredes, Jacques Jouanneau, Gaston Modot, Jean-Marc Tennberg, Hubert Deschamps, Albert Remy, Léo Campion, Gaston Gabaroche…
Jean Renoir s'amuse comme un fou à l'animation de cette comédie du plaisir et de l'apparence. La Belle Abesse (l'éruptive Maria Félix), maîtresse du baron Walter (Jean-Roger Caussimon) pour le train de vie et de Danglard pour l'entrain de la vie, bouleverse le Tout-Paris avec sa chanson La complainte de la butte, (texte de Jean Renoir, sur un air 1900 ; la voix est celle de Cora Vaucaire). Danglar assiste au triomphe de sa nouvelle vedette, sous les yeux navrés et jaloux de la délicieuse Nini, la danseuse découverte par Danglar, follement éprise de cet homme à femmes…





vendredi 29 janvier 2010

Requiescat in pace !

Le Pacha, film de Georges Lautner (1968), m'avait beaucoup plu, alors qu'à l'époque, je ne jurais que par la Nouvelle Vague. J'en avais trouvé le montage très nerveux, très incisif. Je l'ai revu depuis, et je ne me dédis point, au contraire, je l'encenserai avec plus de vigueur.
Jean Gabin, inspecteur divisionnaire, pour venger la mort de son ami d'enfance, incarné par Robert (dit Bob) Dalban, s'intéresse à la vie privée de ce dernier, et lui découvre de dangereuses et inattendues fréquentations.
Deux remarques : Bob Dalban est retrouvé mort dans un appartement merveilleusement situé, place des Pyramides, d'où l'on plonge sur le jardin des Tuileries, et d'où l'on voit couler la Seine. Il se trouve que, bien des années plus tard, j'ai eu l'occasion de me trouver dans cet appartement…
Dans Le Pacha, on suit Gabin dans de belles pérégrinations parisiennes. On croise la charmante Dany Carrel, sa chair dense, son air amusé, Germaine Delbat, Louis Seigner, André pousse, Jean Gaven, très élégant, Frédéric de Pasquale, André Weber, un grand second rôle que Gabin aimait bien, Félix Marten, acteur négligé mais excellent, Henri Déus, Dominique Zardi, Serge Sauvion, Henri Cogan, Henri Attal, tous talentueux «emplois» de l'ancien cinéma français, auxquels je rendrai quelque jour l'hommage qu'ils méritent.
Une scène du Pacha m'avait littéralement épaté : au fil de son enquête, Gabin est conduit à interroger un musicien. Ce dernier, guitariste (André Weber, que vous allez voir dans l'extrait ci-dessous), se trouve dans un studio ou Gainsbourg enregistre la chanson… du film, «Requiem pour un con». Gabin, massif, silencieux, un mufle de lion en guise de masque, observe derrière la vitre : la musique commence sur des percussions, puis suivent la voix de Serge, les paroles, superbement accordées à l'atmosphère. Ce fut une excellente idée de tourner cette scène, où Gabin croise Gainsbourg, à la manière de deux mondes indifférents, assurément étrangers l'un à l'autre. Gabin s'éclipse, malgré son énorme présence, les années Gainsbourg commencent…
Je vous parle de Gainsbourg sur ce mode, parce que je n'irai pas à la projection du biopic qu'on nous propose aujourd'hui, et puis parce que Gainsbarre ne m'intéresse guère. Qu'il repose en paix, Serge ! Cet homme raffiné, qui adorait la langue française, connaissait la littérature classique et ne se prenait pas pour un poète mais pour un artisan (surdoué !). Je veux me souvenir de notre ami commun, le boulanger de la rue Saint-Dominique, et fredonner pour moi-même La javanaise, Mélodie Nelson, tant d'autres, et ce bijou, ce diamant oublié au fond d'une poche : La noyée
Enfin, cette dernière perle, trouvée dans une huître de caniveau, L'accordéon, que Serge interprète en compagnie d'un autre talentueux, Philippe Clay.





jeudi 28 janvier 2010

Paris, ma souricière 2







Paris, ma souricière 1

Du ciel, surgissent des chevaux emballés qui veulent contempler le soleil ; un escalier, que la broussaille dérobe, à deux pas de la Seine, à trois des champs élyséens, mène à un cours d'eau, qu'on remonte jusqu'à sa source; d'étranges promeneurs solitaires, au pas décidé comme celui des spectres, affrontent des tempêtes anciennes…
Paris ! Ma ville, ma lumineuse, ma grise, ma mine, mon trésor ; Paris, ma mère aux cheveux d'argent, ma sœur aux flancs d'asphalte, mon amulette ; Paris sornettes, l'ensorceleuse, la sorcière, ma souricière adorable.










mardi 26 janvier 2010

L'autre Keyserling























Eduard von Keyserling,
par Nadia Moscovici


Les romans d’Eduard von Keyserling sont courts et peu encombrants, une petite dizaine publiée chez Actes Sud. Vous les lirez d’une traite, en quelques heures, mais ils vous poursuivront longtemps. Pendant germanique des pièces de Tchekhov, ils décrivent comme rarement la « fin d’un monde », celui des barons baltes avant le cataclysme de Quatorze. Les derniers feux du bonheur avant la tragédie et l’apocalypse. Personne ne sait encore ce qui va advenir, mais la menace est là, le caractère inéluctable du désastre hante ces personnages désenchantés.

Les violences du dimanche rouge de 1905 à Saint-Petersbourg se sont pourtant propagées jusque dans les pays baltes, près de 300 châteaux attaqués par un prolétariat rural très remonté contre l’aristocratie latifundiste, mais bien peu de ses membres ont entendu l’avertissement. La révolution bolchévique de 1917 va constituer un point de non-retour, la majorité des barons baltes quitteront les terres sur lesquelles leurs ancêtres, les chevaliers teutoniques, s’étaient installés au Xème siècle et n’y reviendront jamais.
L’intrigue prend place généralement dans un château délabré, avec allée de tilleuls et noms germaniques, où des hobereaux policés et très raffinés s’adonnent à la conversation et au marivaudage, en savourant la douceur de vivre qui va s’achever bientôt. On y entre par effraction, comme dans une maison familière, on sait à peu près comment les choses vont tourner. L’action est toujours la même, avec la même configuration de personnages, une humanité propre à Keyserling, facilement identifiable : un couple heureux en apparence mais insatisfait, un intrus (homme ou femme) qui va révéler le malaise, des enfants, une ou deux personnes âgées, sans oublier le précepteur ou la gouvernante et les domestiques. Curieusement, les romans se passent tous en été, sa saison préférée, moment si fugitif, si rare, dans les pays baltes. Ils baignent dans cette lumière très lettonne qui, sous ces latitudes, se pare d’un éclat et d’une netteté indéfinissables, comme si elle était l’aube du monde. Une transparence de l’air qui ne ressemble nullement à celle de nos contrées.
Tout est dans le style, délicieusement décadent mais surtout très ironique. Keyserling se moque de ses personnages sans être leur adversaire. Au contraire, il les aime tellement qu’il peut parfois en paraître complaisant. Tout le sel vient de cette apparente indulgence, en fait un subtil persiflage presqu’indiscernable.

Eduard von Keyserling sait de quoi il parle. Il est né en 1855 dans un château de Courlande. Après avoir passé une partie de sa jeunesse à voyager en Italie et en Allemagne, il s’installe définitivement à Munich en 1900. Devenu aveugle en 1907, il meurt en 1918. Existence presqu’ordinaire, si elle ne cachait un épisode mystérieux et, semble t-il, infamant, du temps de sa jeunesse. Sans doute une dette d’honneur qui l’oblige à interrompre ses études à l’université de Tartu, en Estonie, et à revenir en Courlande où il doit s’accommoder d’un emploi de régisseur que lui a concédé le clan familial. Idéal point d’observation.
Très laid, il parait déjà un vieillard à l’âge de 45 ans. Je laisse à Patrick (voir note en bas), qui a assisté personnellement à la scène, le soin de vous conter sa rencontre désastreuse avec Victoria Ocampo, grand amour de Drieu la Rochelle (qui, là où il est, vous lit avec un plaisir las et néanmoins amusé). Le paradoxe est que cet être disgracieux, pour qui la femme sera toujours une créature inapprochable et qui ne fréquente que des prostituées, décrit merveilleusement l’inconstance et les vertiges de l’amour. Tout ce qui anime une personne éprise semble, avec lui, s’improviser sous nos yeux. Les personnages se dirigent aimablement vers la catastrophe en se conduisant toujours de la même façon. On le sait dès la première page, on connaît la technique, on croit être immunisé, et pourtant le pouvoir envoûtant opère à chaque fois.

Il est significatif que la Lettonie, pourtant peu réputée pour la qualité de ses écrivains, ignore totalement Keyserling, né sur son sol quoique germanophone. Un seul de ses romans, Cœurs multicolores, a été traduit (récemment) en letton. Vague animosité de la population envers une aristocratie qui a laissé un mauvais souvenir, celui d’une caste peu partageuse, repliée sur ses privilèges ? «La Courlande : le ciel des nobles et l’enfer des paysans», selon la formule d’un voyageur infatigable du XVIIIème siècle, le baron von Blomberg. Encore un Balte. Comme le fantasque Münchhausen. Il faudra pourtant qu’un jour cette antipathie s’estompe et que les Lettons acceptent leur histoire dans sa totalité et ceux qui l’ont écrite.


















Portrait d'Eduard von Keyserling en 1900, par Lovis Corinth (1858-1925),München, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Neue Pinakothek



Note de Patrick : victime d’un attentat à la pudeur par madame Alzheimer, qui me poursuit de ses assiduités, et sous l’effet du choc qu’a produit sur moi la vision de ses dessous d’épouvante, j’ai confondu Hermann et Eduard. Le second était mort quand le premier, son propre frère, rencontra Victoria Ocampo. Ils avaient eu au préalable un échange épistolaire ; Victoria, sans l’avoir jamais vu, fut séduite par la conviction, l’originalité puissante d’Hermann. C’est alors que, profitant d’un séjour de la belle Ocampo en Europe, il voulut faire sa connaissance. Il eu tort ! Son apparence physique, sa véhémence et son… empressement, loin de séduire Victoria, lui déplurent. Elle ne donna pas suite. Et, d’ailleurs, elle avait rencontré le très séduisant Pierre Drieu la Rochelle…
Cela dit, il faudra qu’un jour nous parlions de Herman von Keyserling (1880-1946), qui écrivait ceci, dans Analyse spectral de l’Europe (1930) : «Or, aujourd’hui, l’importance de l’Europe repose plus que jamais sur sa spiritualité intellectuelle. Car c’est la seule chose en quoi elle soit encore unique

lundi 25 janvier 2010

La roue tourne 3

Dimanche, 24 janvier 2010 : je reviens au chantier de la grande roue, les types me reconnaissent, me saluent de grands gestes… Il ne reste plus qu'une carcasse à désosser. Deux acrobates escaladent les deux derniers mâts, ôtent les pièces qui maintiennent solidaires les deux parties du bras, puis descendent. La grue entre en action ; en maintenant la flèche, elle permet au bras de se «casser» lentement, jusqu'au sol. Un attroupement s'est formé ; les parisiens assistent au démantèlement de la grande roue, avec une évidente sympathie pour les ouvriers athlétiques.
C'est fini ! Les mâts reposent sur la chaussée de la Concorde.
Quant à moi, promis, je ne vous embêterai plus avec la grande roue. Demain, un très bel article que Nadia a consacré à un écrivain remarquable et injustement oublié…















samedi 23 janvier 2010

Le rose est mis, ou du monde au balconnet…

Autrefois, dans les établissements où, à partir d'une certaine heure, le soir venu, on prenait soin des messieurs, la patronne allumait, à l'extérieur, une lanterne, qui donnait une lumière dans les tons rose-rouge-orange…

Ah que vienne, que vienne, ma Rose
Le temps béni des maisons closes !
















































































Réclamée par Pat Caza, et pour le plaisir de tous, voici Victoria Spivey (1906-1976), puis un bijou, que j'ai trouvé un peu par hasard, cherchant une interprétation de The house of the rising sun, dont chacun sait qu'il ne s'agit pas d'un pénitencier mais d'une maison de passe :




La roue tourne 2




























Je photographiais, tel un paparazzo excité par la présence de Madonna au Crillon, les acrobates à la combinaison fluo, qui démontaient le mécano géant. Ils se hélaient, réclamaient un câble, se prêtaient main forte. Soudain, l'un d'entre eux m'aperçut. Il me désigna aux autres. Loin de s'irriter de mon zèle indiscret, ils me firent des gestes amicaux et prirent même une pause amusante. Je les remercie, et je les salue.

La roue tourne 1


















































































Place de la Concorde, une équipe est en place, depuis jeudi matin, qui démonte l'immense manège, la grande roue extravagante. Quand le soir tombait, elle illuminait la place, et, dans la nuit, elle embrasait le ciel de Paris. Elle reviendra à la fin de cette année.

vendredi 22 janvier 2010

Reflets dans un œil d'or















































































Comment maintenir l'ordre quand on présente une si belle chevelure ? On la peigne en queue de cheval ! Mais cela donne-t-il un un air plus martial ?
À propos de queue de cheval, il suffit de lever les yeux…
Paris, dans certains quartiers, est une ville dorée sur tranche.

À une jeune femme qui pleure

jeudi 21 janvier 2010

Coucher ensemble





Tout d'abord, je ne vis qu'une forme allongée. Je m'approchai. Il dormait profondément, respirait normalement. Le kiosquier, qui est un ami, me fit signe que tout allait bien, qu'il l'avait à l'œil, et que le type avait un peu trop bu. Puis, j'aperçus tous ces pigeons, autour de lui, et l'un d'eux, plus confiant, plus tendre sans doute, près de sa tête. Les photographies ne sont vraiment pas bonnes, mais, pour ma défense, je dirai que j'étais pressé et qu'il y avait une bien mauvaise lumière, sous les arbres…
Je ne sais comment vous recevrez ces documents, pour ma part, j'ai été étonné par cet étrange rassemblement.

mardi 19 janvier 2010

Lovely punkette



C'est une jeune femme que j'ai découverte récemment, par le truchement de Lady T. (Tanya Roessler), l'amie américaine. Elle voit le tremblement du monde, autour d'elle, les lignes de fuite qui se brouillent, les masses qui vacillent. Elle pressent que tout cela va disparaître, alors, elle dresse un vaste inventaire avant fermeture définitive. Cette jeune femme pourrait avoir la grâce des giralduciennes, mais notre siècle sans mémoire et menaçant ne lui laisse pas le loisir de profiter de cet avantage.
Voici les premières lignes de la «confidence» qu'elle nous livre dans son blog. Vous lirez la suite, et le reste, ici :http : //www.stello-backstage.net/


Désir d'avenir
On lutte contre des idées, mais difficilement contre la réalité.
Le désir d’avenir, mon ange, c’est de partir loin d’ici. Très loin.

«La France que j’ai connue jusqu’à mon adolescence et quasiment jusqu’à ma majorité n’était qu’un leurre. Dans ma famille, on a eu les moyens financiers et moraux de la faire perdurer artificiellement. Et c’était pour me protéger parce que mes parents m’aimaient. Pour me transmettre ce qu’était la France, également. J’ai eu une enfance heureuse, une enfance de la France d’avant, dans une bulle sociologiquement privilégiée. J’ai eu une chance immense. Nous allions à la messe, nous lisions Oui-oui et la comtesse de Ségur pour apprendre à lire, puis nous passions un temps fou dans les arbres avec nos nombreux cousins germains, nous admirions le parcours militaire de nos grands-pères, qui avaient servi la France et pouvaient nous parler de ce que, pour eux, elle était encore et toujours. Ma mère m’achetait des K7 audio sur la vie des saints. J’aimais beaucoup Saint Martin, et Sainte Jeanne de Chantal, dont paraît-il je descends en droite lignée. Nous ne parlions jamais d’habits, de consoles de jeux et nous n’étions pas membres du Club Dorothée, que pourtant nous aimions. Nous n’allions même pas au Mc Donald’s. Quand j’y allais, c’était avec ma cousine et ça restait magique, même pas une fois tous les deux ans. Cinq enfants, nous prenions notre petit déjeuner sur une table étroite, chacun à sa place dans la cuisine parisienne d’un appartement en duplex, à se pousser les coudes pour acquérir un bon emplacement, à établir des frontières pour se protéger des agressions voisines. Jeux d’enfant. Beaucoup de familles, déjà à ma génération, n’avaient plus assez de moyens pour grandir dans Paris. Nous, nous avons tout eu : les bonnes écoles, l’éducation religieuse, des parents qui n’ont pas divorcé, des vacances à la campagne, des loisirs intéressants, des voyages en Italie à visiter le couvent San Marco, des cours de peinture ou de cheval, et même un chat. On m’a permis d’aimer la littérature française.»

lundi 18 janvier 2010

Frissons

Wilhem Müller écrit 24 chants, qui composent Voyage d’hiver, vers 1822-1823. La jeunesse allemande est en effervescence, les salons littéraires, (celui de Rael Varnhagen d'Ense avait lancé le mouvement), résonnent de rires et de traits d'esprit. Müller publie d'abord les 12 premiers chants sous le titre Wanderlieder von Wilhelm Müller. Die Winterreise (Chants d’errance de Wilhem Müller. Voyage d’hiver). Puis, en deux livraisons je crois, il donne douze autres poèmes. Schubert lit l'ensemble en 1827. L'atmosphère profondément sombre et romantique des textes, le touche infiniment. Il les met en musique sans tarder, le temps le presse. Une ombre vient le visiter, celle du joueur de vielle (Der Leiermann).
Schubert meurt en 1828.







Enfin, pour vous redonner un peu d'espoir, voici Im Abendrot, qu'on pourrait traduire par Dans la clarté rouge du soleil couchant, l'un des Quatre derniers lieder de Strauss, par la belle Renée Fleming. L'orchestre est fort bien dirigé par Christoph Eschenbach.

Rappelle-toi, Barbara

Il fait un temps de brume, un temps de départ à peine prémédité, un temps à patienter sur un quai, à deviner l'ombre massive d'un paquebot qui entre au port.
– Pourquoi tu pleures ?
– Je ne pleure pas, c'est le froid !
– Il a bon dos, le froid !
– Oui, le dos large, comme le tien, salaud !
– Tiens, prends ce kleenex, pour sécher tes pleurs.
– Quoi, un mouchoir en papier ! Mufle !




dimanche 17 janvier 2010

Défense d'écrire























Un jour, nous parlerons de Marceline Desbordes-Valmore (1786- 1859). Ce soir, écoutons ce que Julien Clerc a fait de son beau poème Les séparés.




N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'étreindre.
Les beaux été sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau.
N'écris pas !

N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu'à Dieu… qu'à toi, si je t'aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais.
N'écris pas !

N'écris pas. Je te crains; j'ai peur de ma mémoire,
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N'écris pas !

N'écris pas ces doux mots que je n'ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur :
Que je les vois brûler à travers mon sourire;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur.
N'écris pas !


Marceline Desbordes-Valmore, Poésies posthumes.

jeudi 14 janvier 2010

Le chemin des écoliers 3

En 2010, la compagnie diamantaire de Beers ouvrira une boutique à Paris, à la Concorde. Nous l'attendons tous avec impatience.
Une chose me frappe dans la tragédie haïtienne : on voit des êtres misérables, vêtus de haillons, vivant dans des baraques de tôle, de carton et de ciment, errant dans les décombres, et, dès qu'ils s'expriment, ils le font dans une langue française parfaite, ils démontrent une maîtrise totale de leur environnement moral et politique. Mais qui maintient ce peuple d'artistes, de peintres, de poètes dans cet état, depuis si longtemps ? Les haïtiens n'ont vraiment pas la classe politique qu'ils méritent !