samedi 27 février 2010

«Cunibeccus» ou The winner takes it all !

(Beccus, mot latin qui a donné bec en français).
















































































































































































































































Photographies © PM

vendredi 26 février 2010

Tour de main…

Ah, le brave garçon ! Et merci à Monsieur Eiffel pour avoir donné un modèle à tous les petits parisiens !











































Photographies © PM

mardi 23 février 2010

Les femmes que j'ai suivies

J'arrivais par le flanc gauche des Tuileries (quand on regarde vers la Concorde), c'est alors que je vis, telle une brigade de grands oiseaux à tête blanche et à l'extrémité des ailles bleue, posée dans l'allée centrale, ces charmantes petites sœurs.



Elles manifestaient leur joie par des rires sonores : c'est qu'elles découvraient Paris et les statues des Tuileries ! L'une d'entre elles, plus savante sans doute, et plus âgée, se chargeait de leur donner un cours d'histoire de l'art.






















Cependant, elles ne demeurèrent pas longtemps dans le jardin (ah, j'aurais aimé les surprendre devant quelque adorable divinité si dénudée, si lascive !). Marchant de front, formant une ligne ondoyante et gaie, elles se dirigèrent vers la place de la Concorde,puis filèrent d'un bon pas vers la rue Royale…



J'ai aimé croiser ces petites fiancées de Jésus, dévouées aux plus faibles d'entre nous. J'ai aimé leurs joues rougies par le froid, leurs visages sans fard qui souriait aimablement. Elles marchaient à grandes enjambées, foulant le trottoir de leurs chaussures de randonneuse aux semelles épaisses, proprement inaptes à susciter la moindre pensée lubrique chez le plus coquin des parisiens !
Où que vous soyez, je vous salue, petites sœurs de l'humanité souffrante.




































Photographies © PM

lundi 22 février 2010

La femme que j'ai suivie

Elle marchait à pas pressés mais entravés quelque peu par le rétrécissement de sa robe, ainsi que par la forme de ses talons. Je la croisai, elle ne m'accorda pas un regard ; elle n'en avait que pour Paris, qu'elle dévorait des yeux. Je fis demi-tour et la suivis. Le spectacle qu'elle découvrait, dont elle avait sans doute pressenti la beauté, la comblait. Pourtant, sur son visage rien ne passait d'excessif. À peine avait-elle goûté à un plaisir, qu'elle se hâtait d'en chercher un autre, qu'elle épuisait sans paraître lassée…
Et toute sa personne, rien moins que fatale, graphiquement peu banale, la plaçait dans la marge idéale, aussi bien dans le monde oriental que dans la foule occidentale.



















































































Photographies © PM

dimanche 21 février 2010

Louis-Ferdinand est toujours à l'heure












































Pied à terre, on arrive au cimetière
Du roman Les Deux étendards, de Lucien Rebatet. George Steiner pense qu'il est «l'un des chefs-d'œuvre cachés de la littérature moderne». J'aime infiniment George Steiner ; il incarne à mes yeux l'européen idéal, le vagabond bienveillant, qui rêve le matin sur un pont de la Seine et, le soir, poursuit une conversation interrompue quelque temps auparavant avec un ami, au bord du Danube. Et, bien sûr, son jugement m'importe ; je reconnais, après lui, que Les deux étendards est un récit fort bien mené, avec une certaine grâce. Mais possède-t-il la qualité qui fait les «chefs-d'œuvre cachés» ? Il me paraît que non, pour une raison qui tient à son auteur : celui-ci ne s'est jamais départi du raisonnement étriqué ni du souci de justification précautionneuse de sa classe d'origine comme d'appartenance : la bourgeoisie moyenne. Il semble n'y être parvenu qu'une fois, lorsqu'il écrivit Les décombres, terrible «Annonciation» païenne du crépuscule qui venait… Rebatet, artiste exalté, est un français modéré, qui trouvera dans un nietzschéisme pré-pubère une rassurante compensation à sa vision provinciale du monde. Dans la vie, il fut un pétochard, fuyant à Sigmaringen, dans les bagages du vieux maréchal, qu'il avait tant brocardé, vitupérant le ciel et les français, furieux qu'on lui demandât des comptes pour ce qu'il avait écrit pendant la guerre.
Céline, lui aussi, prit la fuite, mais jamais il ne s'amenda : il incarnait la fin du monde, celle-ci était advenue, il n'allait pas demander pardon à ses contemporains, alors qu'il brûlait plutôt d'exiger du réel des droits d'auteur pour avoir copier sa propre fiction !
Je me suis égaré, je voulais seulement vous signaler cette édition du Times Literary Supplement, toujours aussi percutant et… sexy. Il s'y trouve une analyse remarquable de Georges Steiner sur l'écrivain fondamental Céline, sur l'actualité constante de ce dernier, et une charmante évocation de Marylin, peu de temps avant sa mort. J'y reviendrai demain.

mercredi 17 février 2010

Mes amis 2

Violence et passion de marbre



































































































Qu'attendait donc des hommes cette créature hybride, femme et magicienne, princesse d'origine divine, vouée aux excès de l'amour, de la peur ?
Elle incarne le scandale, le crime, la passion, l'étrangeté, même, et l'éternelle fuite. Accomplit-elle, par sa fureur, la volonté des dieux aveugles, la folie des créatures fourbes, la névrose d'un esprit vacillant ? Sacrifie-t-elle plus qu'elle n'assassine réellement ?
Il est vrai, si l'on en croit Euripide, qu'elle ne tue pas ses propres enfants «de sang froid» et dans un éclair qui l'aveugle. Elle paraît presque hésiter, elle s'interroge, alors que les athéniennes la pressent :
«C'est donc en vain, mes petits, que je vous ai élevés, en vain que j'ai souffert et que j'ai été déchirée de douleurs dans les épreuves de l'enfantement. Ah! je l'atteste, infortunée ! Jadis, je mettais en vous bien des espoirs : que vous nourririez ma vieillesse ; morte, que vous m'enseveliriez pieusement, sort envié des humains ! À présent, c'en est fait de cette douce pensée. Sevrée de vous, je traînerai une vie de peine et de chagrin. Et vous, plus jamais vos chers yeux ne verront votre mère, vous serez partis pour une autre existence. Las! Las! Pourquoi tourner vers moi le regard, mes enfants ? Pourquoi m'adressez-vous ce suprême sourire ? Ah! que faire ? Le coeur me manque, femmes, devant l'oeil radieux de ces enfants
Euripide, Médée, v. 1029-1039

Je ne me prononcerai pas sur la responsabilité vraie de Médée, sur sa culpabilité, je me contenterai de constater que tout cela n'est que cris, sang, foutre, chair, orgasmes, volupté, effroi et dépeçages. Toutes choses qu'une société honnête dissimule, qu'un monde aussi corseté, aussi «bourgeois» que la France du «stupide XIXe siècle» ne saurait reconnaître et moins encore exposer ! Mais il suffit d'ouvrir les yeux, dans la paix et l'harmonie du jardin des Tuileries, pour s'apercevoir que les artistes ont su parfaitement déjouer les pièges de la censure, qu'on imaginera aisément très molle sinon aveugle.
Cela démontre au moins une chose : il fut un temps où l'on acceptait volontiers les représentations extrêmes du corps humain, où les familles passaient devant le scandale et le trouvaient admirables…

Paul Gasq (1860-1944), Médée, marbre, 1893-1896, placée au jardin des Tuileries en 1904. (Médée brandit un poignard, en partie brisé).

Photographies © PM.

lundi 15 février 2010

Une brune en Italie : Corinne à Ravenne (2)

De retour en France, Corinne nous envoie ces photographies qui ont, pour certaines, un caractère exceptionnel.

Vous trouverez les ombres du culte arien dans la basilique de San Apollinare, le tombeau vide de Galla Placidia, et bien sûr San Vitale la somptueuse.

San Apollinare
J'attire votre attention sur une curiosité : les mains baladeuses (détails sur les colonnes aux rideaux). Les personnages non religieux datant de Théodoric l'Arien ont été effacés par l'évêque Agnello, après la conquête byzantine de Justinien en l'an 540, avec la volonté d'affirmer l'orthodoxie catholique pour n'y laisser que les saints et saintes en ribambelle, et les scènes purement christiques, mais bizarrement, ils n'ont laissé que les mains sur les colonnes... L'ombre subsistant dans la niche du décor témoigne également de cette volonté d'effacement. Théodoric l'Ostrogoth, donc, fut le dernier représentant du culte dit arianisme, culte qui considérait Jésus comme un simple mortel, un prophète, et contestait ses attributs divins miraculeux tout en accordant aux Chrétiens la liberté de pratiquer leurs offices (Arien, du nom du prêtre chrétien théologien Arius, qui n'a rien à voir avec les Aryens). Théodoric dit Le Grand était un monarque intelligent, qui voulait préserver l'unité de son peuple, oecuménique en quelque sorte.
















































































J'ai eu un faible pour Galla Placida : ce petit mausolée de briques rouges est un véritable écrin à bijoux.

Galla Placida































































































San Vitale













































C'est une chance incroyable de pouvoir admirer ces fresques dans leur intégralité, car leur restauration s'est achevée au tout début de cette année. Je vous en offre donc la primeur !

Corinne, texte et photographies (à l'exception clichés extérieur du mausolée de Galla Placida, et portrait de Galla Placida)