mardi 28 juin 2011

dimanche 26 juin 2011

Mé-Tron

Si leurs pas sont perdus, leurs pieds ne le sont plus…











































































(Le sujet des pieds est d'actualité, au point que je peux craindre de passer pour la branche éloignée d'un certain tron… Qu'importe ! Le thème est bon, mais je reconnais volontiers que les photographies manquent de qualité graphique.)

(Photographies PM)

mercredi 22 juin 2011

La voix de Jeanne



Le hasard d'une programmation m'a fait entendre une voix exceptionnelle, mais mal connue, que j'avais oubliée, celle de Jeanne Lee (1939-2000).
Entendez, je vous prie, sa tendre puissance vocale d'alto, qui évoque à la fois la tradition gospel et l'audace harmonique. Elle se marie parfaitement avec le piano seul. Il n'y a pas de recherche d'effet, mais de perfection. Son jazz est sophistiqué, cérébral et sensuel, sans prétention, sans abstraction rébarbative. Elle aime la scène, les clubs, la nuit. Née à New York, Lee est une femme de la ville.
Physiquement, elle avait une allure folle.
Quant au couple musical qu'elle a formé avec le pianiste Ran Blake, il ne me semble point éloigné de l'idée de la perfection.

http://youtu.be/QCZzrOklCVE

Entendez à présent Ran Blake, seul au piano : que serait la musique de notre temps, sans Claude Debussy, et privée des racines du blues, je vous le demande ?
Blake est grand, Jeanne, immense !

http://youtu.be/PjIZFvk5_JU

Vous connaissez, bien sûr, « Laura » (musique de David Raskin, paroles de Johnny Mercer, pour le film éponyme d'Otto Preminger. Au fait, Otto preminger n'était pas n'importe qui !). Voyez ce qu'en fait Jeanne Lee, toujours accompagnée, au piano, par Ran Blake :

http://youtu.be/HjBqKqfgOzw

mardi 21 juin 2011

Chez le moscovite



Vous irez, d'un seul clic, chez Lettres de Moscou (adresse ci-contre), et vous serez, comme je le fus, saisi par sa traduction d'une suite de poèmes du polono-russo-judéo-arménien (il n'était point d'Arménie, mais il connut et aima ce pays mélancolique, qu'on a martyrisé), Ossip Mandelstam (1891-1938).
Je trouve admirable le choix et le rythme du vocabulaire de Vincent, pour sa traduction de textes que je ne connaissais pas. Décidément, ce garçon est plein de ressources. Nous avons eu des débuts difficiles, mais j'ai appris à connaître et à apprécier ses nombreux talents. Il me plaît de savoir que des personnalités, si différentes de la mienne, et parfois rudes, existent et prospèrent intelligemment. La fréquentation des blogues m'aura conforté dans cette idée simple : nous sommes des individus, des êtres uniques, à la fois vains et nécessaires. Ce qui fait notre humanité n'est peut-être pas ce qui nous unit aux autres, et nous rend semblables à tous, mais ce qui nous en sépare et révèle notre lueur pâle. (Tout cela est bien sérieux ! Veuillez m'excuser de cette soudaine séquence « gravité ». Je finirai boursouflé !)
Autre chose étrange : hier, je marchais, lorsque le nom et le visage de Mandelstam me sont revenus. Il y a bien longtemps que je n'avais songé à ce grand poète, romantique et moderne (il n'appartient pas au mouvement futuriste). Je l'ai retrouvé, tout à l'heure, chez Vincent. Ce n'est pas exactement le hasard objectif, mais c'en est une variante.
Une dernière chose : j'avais lu un récit des dernières années de Mandelstam, par Robert Littell (le père de Jonathan). Celui-ci l'avait écrit après après avoir rendu visite à la veuve d'Ossip, Nadejda*, à Moscou (il était correspondant de Times ou de Nesweek, je ne sais plus).

Voici une traduction, sans doute discutable, d'un texte fameux de Mandelstam, qui lui fut fatal. Après l'avoir lu à un cercles d'amis, Mandelstam, connut la geôle, la torture, la déportation, et la mort solitaire, atroce.
Portrait de Staline :

Nous vivons sans sentir sous nos pieds de pays,
Et l'on ne parle plus que dans un chuchotis,
Si jamais l'on rencontre l'ombre d'un bavard
On parle du Kremlin et du fier montagnard,
Il a les doigts épais et gras comme des vers
Et des mots d'un quintal précis: ce sont des fers!
Quand sa moustache rit, on dirait des cafards,
Ses grosses bottes sont pareilles à des phares.
Les chefs grouillent autour de lui, la nuque frêle.
Lui, parmi ces nabots, se joue de tant de zèle.
L'un siffle, un autre miaule, un autre encore geint...
Lui seul pointe l'index, lui seul tape du poing.
Il forge des chaînes, décret après décret!
Dans les yeux, dans le front, le ventre et le portrait.

De tout supplice sa lippe se régale.
Le Géorgien a le torse martial.

(Tristia et autres poèmes)

* « Contre tout espoir », et « Fin de l’espoir », témoignages de Nadejda Mandelstam, parus aux éditions Gallimard

dimanche 19 juin 2011

C'est Paris qu'on emballe !





















































Place de la Concorde, en septembre 2010, on soignait les deux lions dits de Florence, d'après Flaminio Vacca.
Celui qui paraît ici, est situé au départ de la rue de Rivoli, dans le jardin des Tuileries, à l'angle que forme la terrasse des Feuillants (côté musée du Jeu de paume) avec la perspective des Champs-Élysées. Pour cette opération délicate, il fut mis en cage. Et je voyais, chaque matin, son œil fou et sa crinière Louis XIV derrière cette manière de tulle de chantier.
(Photographies PM)

Alexandrie…






















































































Cet homme, qui s'éloigne du lieu où nous nous sommes retrouvés, a joué un rôle considérable dans le renouveau du cinéma français, après la Seconde guerre.
Dans quelque temps, vous en saurez plus…
(Photographies PM)

lundi 13 juin 2011

Merci Rusnasledi !

Sur l'excellent blogue de RusNasledie (l'un des premiers référencés chez nous ; voir, ci-contre, Gotha ou Les très fréquentables), cette version, fort belle, de Deux guitares, par Lida Goulesco :

http://youtu.be/vkGuW7faMMI

Lida Goulesco appartient à la légende de la chanson tzigane. Elle connut une certaine popularité, à Paris, qui fut naguère la ville préférée des artistes tziganes désireux de sortir du folklore. Elle mêlait une sobre élégance à la gouaille de la plaine et du vent. RusNasledie connaît son affaire, et traite de ce genre musical avec autant de soin que de ferveur. Je lui fais donc toute confiance, même si je ne reconnais pas tout à fait ici la voix de la Goulesco.

vendredi 10 juin 2011

Belle gueule d'ombre

Était-ce en 1980 ? Un an avant, ou après ? Une sorte d'ange déchu surgissait du fond d'un paysage post-atomique, un grand type mince. Il chantait des textes habiles, contenant un peu d'obscurité, et sa voix, comme une lime sur une feuille de fer rouillée, annonçait une apocalypse. Il s'appelait Jean-Patrick Capdevielle. Il connut un succès foudroyant.
Il fut l'objet d'attaques violentes de la part des critiques, qui virent en lui un Bob Dylan « mercerisé ». Puis il disparut. Je me souviens de sa belle gueule et de ses chansons lancinantes.

« Quand t'auras trainé trop longtemps dans les rue jaunes,
En d'ssous du soleil qui sanglotte,
Et quand l'ironie viendra pour te d'mander l'aumône
[…] »
(Les rues jaunes)


http://youtu.be/TEAe_WzYrl0

Et ceci, encore, qui pourrait vous étonner :

http://www.deezer.com/en/music/playlist/43881013 (choisissez « Salomé »)

Et encore, ce beau texte d'étrangeté :

http://youtu.be/sYbN0rpbueY

Pour celles et ceux qui n'étaient pas nés, pour celles et ceux qui se souviennent vaguement, pour en finir, aussi, avec la séquence Capdevielle, cette chanson, qui fut un immense succès.

http://youtu.be/Mkzw7Wop9pU

Après cela, Capdevielle devint l'objet d'un véritable lynchage, dans la presse spécialisée : une opération punitive, conduite par MM Manœuvre et de Caunes. Le premier vit confortablement de sa rente de notaire de la pop, le second tente désespérément de nous convaincre qu'il est un metteur en scène…
Dans cette vidéo, où il chante en direct, me semble-t-il, Capdevielle se démarque nettement de toute la production de son temps.
Belle gueule d'ombre, n'est-ce pas ?

Comme un frère

Longue conversation avec un homme, un ami, d'un grand âge : « Maurice Ronet fut pour moi comme un frère. ».
Jamais je ne déambulerai la nuit, dans Paris, en compagnie de Maurice Ronet, mais cette seule « transmission » émouvante, par un compagnon du « Feu follet » m'a servi de relais de mémoire.
Quand on est naturellement mélancolique, la vie, souvent, est atrocement douce.

http://youtu.be/R5Ek1Hdfv0c
(J'ai déjà convié Daniel Darc, pour cette chanson, mais « bis repetita placeo »… Daniel Darc a traversé les flammes de l'enfer. Il a survécu. S'il passe près de chez vous, ne le manquez pas.)

jeudi 9 juin 2011

Fontaine, je boirai toujours de ton eau…

Quelle rencontre ! Arno et Brigitte Fontaine réunis, enfin ! Ils interprètent « Supermarket » et « Inadaptée », dans l'album « L'un n'empêche pas l'autre ». Arno fait le bref récit de leur duo.
Il ne reste plus à la Fontaine qu'à enregistrer les chansons de Kurt Weill (et, accessoirement, de Bertolt Brecht), et nous serons comblés !
http://youtu.be/N1rDNlid604
On peut entendre toutes les chansons à l'adresse ci-après :
http://www.deezer.com/en/music/brigitte-fontaine-arno/l-un-n-empeche-pas-l-autre-1026883
(Je vous recommande également « Rue Saint-Louis-en-L'île », avec Souchon).



Le cher Joël H. nous a confié une adresse (voir son message), qu'il faut recommander à toutes et à tous. M. Jo nous a également donné envie de retrouver la Faithfull dans Weill et Brecht.
La voici :


Brigitte Fontaine et Marianne Faithfull chante... par stilitano


Que mille pétales de fleurs s'ouvrent sous chaque pas de M. Jo !

samedi 4 juin 2011

Cœurs croisés, cœurs gravés (2)

À l'attention de Florence, qui écrit joliment « Intemporel ce Temporel », voici l'interprétation de « Bal chez Temporel », par Guy Béart.
http://youtu.be/xy4W1JOFGAw
J'espère augmenter son plaisir en faisant suivre ce texte magnifique, si bien mis en musique, par « C'était bien » ( Le bal perdu, paroles de Robert Nyel, partition de Gaby Verlor), où l'on retrouve Bourvil.
http://youtu.be/GXV-1ZebdBs
Ces deux chansons sont également dédiées à toutes les dames qui passent…

vendredi 3 juin 2011

Cœurs croisés, cœur gravés

André Hardellet, « L’essuyeur de tempêtes », un garçon délicat, un raffiné, un exigeant. Il a écrit, d’abord sous un pseudonyme, un livre « torride », qu’on lit d’un trait, mais d’une main : Lourdes, lentes. Je crois me souvenir qu’il fut condamné pour outrages aux bonnes mœurs. Il y a si longtemps, et j’étais si jeune !
Entendez le chagrin retenu d’André Hardellet, mis en musique par Guy Béart, chanté par Patachou : Bal chez temporel
http://youtu.be/2555UpuSbjY

Si tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l'autre
Pense à ceux qui tous ont laissé leurs noms gravés
Auprès du nôtre

D'une rencontre au bord de l'eau
Ne restent que quatre initiales
Et deux coeurs taillés au couteau
Dans le bois des tables bancales

Si tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l'autre Pense à ceux qui tous ont laissé leurs noms gravés
Auprès du nôtre

Sur le vieux comptoir tu pourras
Si le coeur t'en dit boire un verre
En l'honneur de nos vingt carats
Qui depuis se sont fait la paire

Si tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l'autre
Pense aux doigts qui tous ont laissé quelques « je t'aime » Auprès du nôtre

Dans ce petit bal mal famé
C'en est assez pour que renaisse
Ce qu'alors nous avons aimé
Et pour que tu le reconnaisses

Si tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l'autre
Pense aux bonheurs qui sont passés là simplement
Comme le nôtre