mardi 26 août 2014

Joie foraine

« […] Tout n'était que lumière, poussière, cris, joie, tumulte ; les uns dépensaient, les autres gagnaient, les uns et les autres également joyeux. Les enfants se suspendaient aux jupons de leurs mères pour obtenir quelque bâton de sucre, ou montaient sur les épaules de leurs pères pour mieux voir un escamoteur éblouissant comme un dieu. Et partout circulait, dominant tous les parfums, une odeur de friture qui était comme l'encens de cette fête. »
Charles Baudelaire, Le vieux saltimbanque (extrait), in Le Spleen de Paris

















Enfant, la fête foraine m'attirait fortement. Elle me donnait accès à des divertissements, que la vie réelle me refusait, à un monde parallèle, qu'on m'interdisait d'ailleurs, et que je fréquentais clandestinement. La profusion des jeux était amplifiée encore par la forte sonorité des voix, des musiques, des cris. Il se dégageait de tout cela un échauffement électrique, dont j'éprouvais les effets sur ma personne physique. J'ai conservé cette attirance, et dès que j'entends les échos venus de baraques ou de manèges, je m'en rapproche immédiatement. Chose curieuse : je me sens au milieu de cette joie foraine étrangement, délicieusement heureux et seul.
Une fête foraine à Nancy, janvier 2014, photographies PM













 Je veux saluer Maryline Treol, Maria Luisa Arnaiz, Andrés Sánchez Soto, et Ditos & Escritos, qui sont venus jusqu'ici. Ils sont les bienvenus.