dimanche 25 janvier 2015

Connaît-on la chanson ?


Le texte est un poème, La Ballade de l'oiseleur, joliment troussé, d'un certain Galoppe d'Onquaire (1805-1867), né Pierre Jean Hyacinthe Adonis Galoppe Donquaire à Montdidier, dans la somme, mort au Vésinet, dans les Yvelines. Il se voulut auteur de théâtre, il fut joué à l'Odéon, mais la critique cinglante le découragea. Il connut  apparemment des succès de petite mondanité, mais jamais la renommée que son vrai talent de poète pouvait lui laisser espérer.
On apprend que La Ballade de l'oiseleur fut mis en musique par Paul Bernard en 1888, gravé dans la cire en 1911 par le ténor Edmond Clément (1867-1928) sous le titre Ça fait peur aux oiseaux

La voici interprétée par Hugues Aufray, plutôt en soutien de voix et à la flûte, et par sa sœur, Pascale Audret. Ils sont jeunes, beaux, la vie leur sourit. Pascale trouvera la mort dans un accident de voiture, en juin 2000, sur une route du Lot, près de Cressensac :

             


La même chanson par la piquante Nicole Louvier, très années cinquante, jeune femme à la guitare, cheveux courts, jupe en velours sombre, un style rive gauche :



Puis par la grande Felicity Lott qui, bien qu'anglaise, aime la France ;



Enfin par Marie Dubas : la voix est un peu « démodée », mais le rythme est excellent, plus soutenu, plus « ironiquement » rapide :




Je veux saluer l'arrivée parmi nous de Marga, qui consacre son blogue à l'Égypte ancienne.

On retrouvera Felicity Lott en allant à Félicité française 1, ainsi qu'à Comment vous dire adieu…

Sur Nicole Louvier, le mystère d'une vie, lire Connaît-on la chanson ? suite

mardi 13 janvier 2015

Le canon de la chair

C'était un temps raisonnable. Les jolies filles à la taille bien prise et aux seins haut-perchés pouvaient dessiner des figures un peu vaines dans l'espace, et narguer le reste du monde depuis Paris. Françoise Dorléac produisait une chorégraphie charmante et délicieusement stupide en fixant la caméra d'un œil gourmand. Elle était encore en vie, l'avenir lui appartenait.
On mesurera le mouvement de régression moral qui nous emporte aujourd'hui en regardant ces images d'une adorable et très graphique innocence.
Elle voulait être la reine Christine, La Dame aux camélias, jouer Musset, être connue. La mort l'a prise. La mort prend tout le monde, c'est toujours elle qui gagne, à la fin. Au reste, c'est ce qu'on appelle la fin…



Ci-dessous : les jeunes comédiennes n'embrassent plus les arbres des avenues à la manière de Dorléac. On décèlera dans cet enveloppement peut-être une protection, une signification amoureuse, un abandon, la désignation d'un objet transitionnel, ou la simple manifestation de la confiance d'une femme heureuse, d'une actrice au bel avenir.
Quoi qu'il en soit, les jeunes comédiennes n'étreignent plus les troncs des arbres parisiens à la manière de Dorléac.



Anita Ekberg vient de partir. Paris n'est plus ici, Rome n'est plus dans Rome. Nous marchons vers les ténèbres ; la chair blanche, ondoyante d'Anita disparaît progressivement dans la pénombre. Tous les garçons se sont appelés Marcello…

lundi 12 janvier 2015

Tournez Manège 2

Par hasard, cherchant la valse qui l'accompagne, j'ai trouvé le film dans son intégralité. Je m'empresse de vous communiquer l'adresse à laquelle vous le trouverez :


La Ronde par crazedigitalmovies

La Ronde, de Max Ophüls, est l'un de mes films préférés. Adolescent, je me voyais m'incarner dans chacun des personnages masculins, mais, celui qui avait ma préférence, c'était le narrateur, qui voit tous les autres et mieux que quiconque, « parce qu'[il] les voi[t] en rond. ». Son élégance, sa mélancolie viennoise, son goût du passé « tellement plus reposant que le présent », son indulgence envers la comédie amoureuse et son manège, ses privilèges d'observateur (« Je ne suis pas dans le jeu, je mène la ronde. »), tout cela me le rendait magnifique.
Ce film est un enchantement. J'ignore combien de temps il demeurera visible à l'adresse indiquée, alors, regardez-le sans tarder. Si vous êtes déçu(e), je vous rembourse le prix du billet… de manège :
« Tournent, tournent mes personnages,
La terre tourne jour et nuit,
L'eau de pluie se change en nuage,
Et les nuages retombent en pluie …»

Et, toujours du grand Max, ce film sur le hasard et le souvenir, sur la brume du temps, qui brouille la forme des êtres, noie jusqu'à leur regard, mais nous révèle un jour leur secret déchirant. Ne retenez pas vos larmes, elles vous alourdissent inutilement !


Letter From An Unknown Woman par crazedigitalmovies

À propos de La Ronde, je vous dis un peu plus  ici !

 Sur Lettre d'une inconnue : La groupie du pianiste













dimanche 11 janvier 2015

On sonne, tu vas ouvrir ?

À nos assassins passés, présents et à venir…





















Document trouvé sur Twitter, pour saluer l'action des forces spéciales dans la plus récente tragédie française.

On lira Fini de rire !



vendredi 9 janvier 2015

Fini de rire !

Sur les tragiques événements que Paris vient de connaître, il me paraît que The New Yorker a publié, ce matin, la plus forte des couvertures, parmi toutes celles que j'ai pu voir. Elle est l'œuvre d'Ana Juan. Est-ce parce que nous avions la tête ailleurs, que nos pieds baignent aujourd'hui dans le sang ?


vendredi 2 janvier 2015

Mes (a)vœux

À celles et ceux qui passèrent ici et ne revinrent plus, aux fidèles, aux infidèles, aux disparus, aux revenus, à ceux qui me surveillent du coin de l'œil, aux autres, qui m'ignorent avec attention, ou qui se réjouissent de m'avoir oublié, aux amants désunis, aux ennemis réunis, à l'ombre sur le mur dont j'ai retrouvé la lettre dans l'habit abandonné, à ceux que j'ai croisés, à toutes et à tous je souhaite le meilleur pour cette année neuve, qui n'a pas encore servi, qui n'a pas encore déçu, ni lassé.
J'offre cette petite merveille, un enregistrement ancien d'une chanson signée Eddy Cochran, Twenty flight rock, par Vince tout-en-cuir Taylor (1939-1991), beau comme le messager d'un monde perdu. On notera le solo époustouflant de Bobbie Clarke (né Robert William Woodman, 1940-2014), batteur très inspiré.