Le monsieur un peu épais qui paraît dans la vidéo ci-dessous se nomme Romain Goupil. Il est cinéaste. Il a rempli les salles avec un documentaire consacré à Mai 68, Mourir à vingt ans, d'ailleurs réussi et par certains aspects émouvant. On le dit plus complexe qu'il n'en donne l'impression, avec un côté sale gosse qui sonne aux portes et part en courant ; c'est possible, mais, moi-même appartenant à cette dernière catégorie de gavroches vieillissants, je ne me sens aucune affinité avec ce personnage considérable de la macronie (il aurait, et Cohn-Bendit aussi, l'oreille du président). S'il a rempli les salles avec ce film, il les a vidées avec tous les autres. Je ne les ai pas vus, je n'en avais pas envie.
Au début très sûr de lui et dominateur, et encore méprisant, puis, peu à peu, décontenancé, toujours méprisant mais par vaine parade de vaincu, accusateur outré, manière de Vychinski néo-libéral à ralliements successifs et à complainte rebattue, il est ici opposé à une jeune femme remarquable en tous points. Jolie, posée, superbement armée pour le débat contradictoire, royale dans le combat des idées, maîtresse de son langage comme d'elle même, Fatiha Boudjahlat estourbit proprement le libéral-libertaire auto-proclamé, dont le dernier amour politicien se nomme Macron. Elle le fait d'abord sur le mode feutré puis, l'autre se révélant, comme à son habitude, odieux, embrouillé, éructant, postillonnant du vide empoisonné, elle l'abandonne sur un dernier upercut, qui le laisse pantelant, à peine capable d'éructer encore un peu de bile.
Fatiha Boudjahlat est de ces femmes « issues de la diversité » qui doivent à la république leur bien le plus précieux, qui se perd aujourd'hui chez nombre de nos compatriotes : l'apprentissage puis le maniement subtile de la pensée critique, y compris contre soi-même ou contre son groupe social, ethnique et autre enfermement assimilé.
Un bien fou, une douche lente d'un liquide tiède et doux qui ruissèle sur l'esprit : Fatiha ou le bonheur d'être français !
En prime, et pour le plaisir de voir l'imprécateur balourd se faire traiter d'imbécile par un autre brillant interlocuteur, ceci :
En France, il y a une génération spontanée de Fouquier-Tinville, qui se satisfait momentanément de la guillotine médiatique : jusqu'à quand ? C'est une coalition de bonnes femmes énervées, de dénonciateurs bien-pensants, de procureurs à gilet jauni, et de politiciens en perte de vitesse et en en quête d'électeurs. Ces dangereux individus, qui traînent après eux tous les cœurs meurtris de cette époque, tous les esprits perdus de ces temps de disette culturelle, ces cafardeuses et ces calomniateurs fondent un système neuf de justice immédiate : ils accusent dans le même temps qu'ils jugent, et ils jugent moins rapidement encore qu'ils ne condamnent.
Songez que des étudiants ont interdit, (au nom de quelle épouvantable domination ?) à Sylviane Agacinski de tenir une conférence, que les mêmes (ou leurs semblables, leurs frères et sœurs d'un même lit de déplaisir) ont censuré l'ineffable François Hollande ? Jusqu'où n'atteindront-ils pas ? Leur terreur numérique, leurs aigreurs et leurs renvois gastriques encombrent désormais tout le débat public.
Quelque chose se met en place.
Pour finir, un grand artiste clairvoyant :