lundi 21 septembre 2009

Vertige national
















«Ce que nous voulions, nous ne le savions pas, et ce que nous savions, nous ne le voulions pas

1919. Dans les décombres encore fumants d’une Allemagne chaotique et affamée, les troupes allemandes revenant du front découvrent avec effroi un pays en ruines
, ga
ngrené de révolutionnaires avides de prendre leur revanche sur un régime qui les a si longtemps traqués. Hagards et désoeuvrés, les soldats n’arrivent pas à savoir qui croire et quel camp choisir. A ceux qui ont lutté et enduré jusqu’aux pires extrémités possibles les souffrances humaines, la jeune République de Weimar ne propose qu’un avenir petit-bourgeois, entérinant la défaite dans l’humiliation et les abdications successives. Certains n’hésitent pas longtemps, et se regroupent en troupes de choc destinées à ramener l’ordre dans le pays, fussent par les moyens les plus radicaux : les Corps francs (ou Freikorps) sont nés. Une poignée de volontaires qui refusent d’arrêter le combat, résolus à tout pour maintenir un Reich chancelant et des frontières menacées. Ce sont les réprouvés. Ernst von Salomon est l’un d’eux. Né en 1902, cadet formé à la rude éducation prussienne, il a vécu l’Histoire et ne comprend pas la manière dont elle est désormais écrite. Avec ses camarades, ils sont emblématiques de ces jeunes Allemands qui n’acceptent ni l’humiliation de la défaite, ni la République.

Après avoir écrasé l’insurrection spartakiste, assassiné Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, ils s’illustrent dans une geste digne de leurs ancêtres les reîtres du Moyen Âge, avec comme scène de théâtre la côte baltique. La révolution d’Octobre et le reflux des troupes allemandes ont fait émerger de nouveaux pays fragiles, dont la Lettonie qui n’a plus de secret pour les lecteurs de ce blog
(L'européenne délaissée). Ils ne peuvent compter que sur l’appui principalement diplomatique et plus rarement militaire des Alliés, dont le souhait est de créer un glacis entre eux et la Russie bolchevique. Les Corps francs doivent repousser l’invasion rouge tout en évitant aux Alliés une intervention directe avec des troupes renâclant à continuer une lutte qui ne les concernent plus. Ernst von Salomon participe donc à la triste épopée du Baltikum, cette tentative de rassembler sous l’autorité allemande les territoires baltes autrefois occupés par les chevaliers teutoniques. Il nous dresse un portrait glaçant de ces guerriers affluant d’une Allemagne exsangue, dégorgeant son trop-plein de violence à ses frontières.

Très noir, profondément mortifère, j’ai rarement lu un livre si désespéré et si violent, baignant dans une atmosphère de fin du monde. Mais, quand on a dépassé son affreuse substance, son survol des pires crimes de son camp pour mieux souligner ceux du camp d’en face, et le fait qu’il reste le texte culte d'une extrême droite encore plus affreuse, il est ce qu’on a écrit de plus vif et de plus saisissant sur l’atmosphère de chaos et de nihilisme dans laquelle baigne la République de Weimar, dès ses première
s années. Un récit presque monstrueusement envoûtant, une forme d’esthétique de la violence.. Dilemme, cas de conscience : que faire quand on apprécie la plume féroce d’un auteur mais qu’on abhorre ses idées et qu’on déteste ses convictions ? A l'image de Céline, évoqué ici : L'hypocondriaque de Meudon 1, L'hypocondriaque de Meudon 2 , c’est l’éternelle histoire du salaud qui écrivait comme un Dieu.
Des Réprouvés se dégage une tragique vision de fin du monde, annonciatrice des catastrophes du siècle : la fascination pour la violence, la haine de la démocratie, le culte des héros charismatiques, l’affaiblissement des instincts de conservation et de transcendance, la pulsion de mort, la volonté de puissance. Von Salomon est un aventurier, l’homme de toutes les fuites en avant, l’emblème d’une génération perdue dans le chaos de l’Histoire. Ses réprouvés se sentent habités par une mission : achever l’effondrement d’une société corrompue dans tous les sens du terme. On perçoit bien dans cette épopée romantique des plus noires les germes d’une fascination pour la violence et d’un culte de la mort qui seront le terreau du nazisme. Une jeunesse nihiliste s’y est vautrée et a fait le lit de la pire idéologie qui soit.

Après avoir passé cinq ans en prison pour sa complicité dans l’assassinat de Walter Rathenau, politicien social-démocrate abattu en 1922 par des membres de groupes nationalistes, von Salomon publie Les Réprouvés. Ce militant nationaliste avait le profil parfait pour rejoindre le camp hitlérien, comme le firent nombre de ses compagnons. Curieusement, il est resté à l’écart, critiquant l’inculture et la démagogie des dirigeants nationaux-socialistes. Il ne s’est jamais reven
diqué antisémite, et sa compagne était juive.
Je lui laisse la parole pour conclure. En parlant d’Hitler :
«Vous ne pouvez pas avoir idée, il ne savait rien de Hegel, il ne savait rien de rien, rien. La race ça
n’existe pas. Sa race à lui ? Mais regardez-le ! Où est la race ? Où est la figure germanique ? Hess ! Goering ! Où ? Où ? Dans les Waffen SS ! Ah oui, Himmler ?... Les allemands sont devenus fous, fous. Et après, quand les américains sont arrivés, ils sont encore devenus fous.». (Voir également article Effroi et magie d'Allemagne)
Nadia Moscovici

Photographie : Ernst von Salomon (1902-1972), photo DR
Ernst von Salomon,
Les Réprouvés, éditions Bartillat
ISBN : 2-84100-408-9
Parution : 2007
Prix : 22 €
426 pages
Traduit par Andhrée Vaillant et Jean Kuckenburg, préface de
Michel Tournier

29 commentaires:

Patrick Mandon a dit…

Excellent article sur un livre et un homme dont il faut bien dire qu'ils sont, l'un et l'autre, envoûtants. Et voyez chère Nadia, comme son portrait en noir et blanc évoque l'Allemagne de M. le maudit, le pays troublé que vous évoquez si bien, l'Allemagne détériorée, hagarde, que les artistes du groupe Die Brücke (Emil Nolde, Otto Mueller…) ont définitivement fixé la silhouette tendue, toute de violence concentrée.
Ah, je sens qu'il nous faudra revenir sur «Ernst le Maudit» !

Corinne a dit…

C'est cette fascination pour la violence, cette pulsion de mort vaguement romantique, cette volonté qui tend vers un asbolu qui ne tolère aucune concession qui est maladive mais aussi symptomatique d'une époque où la jeunesse (il avait à peine 20 ans lorsqu'il a commis le meurtre du politicien démocrate)n'a plus de repères. On le conçoit d'autant plus à la lumière de son parcours : Formé, ou plutôt embrigadé à l'école impériale des Cadets de Karlsruhe à partir de l'âge de onze ans jusqu'en 1918, où leur "ordre" fut dissolu. On peut imaginer dans quel état de démoralisation et de rancoeur ces jeunes gens formés à défendre l'honneur et la grandeur de leur pays, prêts à mourir pour lui se sont retrouvés. Qu'il ait résisté à la tentation nazie serait louable si ce n'était pour de mauvaises raisons ! Après guerre il est devenu pacifiste..
Je lui trouve plus de circonstances atténuantes que Céline, le "bon docteur".
..Et Otto Dix, Patrick ! c'est celui qui me remue le plus.
Mais bravo Nadia pour l'exercice qui était loin d'être facile.

Patrick Mandon a dit…

Chère Corinne, la Prusse, voilà la grande affaire ! Quelle évolution depuis la fusion entre la petite marche de Brandebourg et le duché de Prusse, gouvernée par les Hohenzollern. du XIXe siècle, jusqu'au couronnement de Frédéric II ! État militaire et social, développant son projet culturel sans se soucier de ses voisins, il achève sa course dans l'unité allemande.
Oui, nous devrons revenir sur cette énorme machine politique, qui produisit la république de Weimar.
Pour cela, nous nous aiderons d'un autre grand livre implacable d'«Ernst le maudit» : Les cadets.
Vous avez raison, Corinne : Nadia a traité comme il convenait de ce sujet dangereux. Continuons !
Note : chère Corinne, je ne peux vous soupçonner de mener une vie «dissolue». Est-ce une raison pour ne pas «dissoudre» les cadets ? Je dépose sur vos joues rosissantes deux baisers aimables et respectables, qui ne méritent nullement de susciter l'ire de votre mari…

Corinne a dit…

"Dissout" bien sûr.
Je vous les rends Patrick ! (les baisers :-)

Anonyme a dit…

Je ne savais par quel côté le prendre von Salomon... Le style est vraiment impeccable et le livre fascinant mais en faire trop aurait relevé de la pathologie, je ne voulais pas non plus le sortir de ce contexte historique très spécial qui l'explique et le "sauve" parce qu'il est en fait dénué de toute idéologie. En 1919.
Et nos lectures qui nous ramènent vers Céline. Chère Corinne, je suis assez d'accord avec vous. Solomon disparait totalement pendant la période abominable.
Ce ne sont même pas les pamphlets de Céline qui me gênent, ils portent effectivement la marque de son immense talent, aussi insupportables soient-ils.
Mais j'ai trouvé dans notre centre culturel ses lettres écrites de prison à sa femme en attendant l’application de la sentence. Il pense être éxécuté. Fini le matamore, liquidé le grand courageux appelant a l’assassinat des enfants juifs. Un condensé de lamentations sur son propre sort, un coulis de pétoche,une lacheté indescriptible devant la mort ,de la part de celui qui y envoyait les miens allègrement. Un lâche, puant de trouille, un de ceux qui se traînent et se débattent quand il faut se mettre face au peloton. von Salomon nous aura évité cette pitoyable démonstration. Il s'est battu pour une cause lamentable et perdue, il en a payé le prix des illusions perdues et des amis disparus. Et il s'est tu.

Anonyme a dit…

Merci pour votre sublime mise en page Patrick. Votre blog, c'est la grande et totale classe.
Laissez moi le temps de trouver un bon livre comique pour changer (Vous aurez remarqué que je ne fais pas trop dans le genre rigolo)et je reviens. Ou alors un livre coquin. Pour détendre l'atmosphère.

Patrick Mandon a dit…

Nadia, oui à un livre coquin ! Et si vous ouvriez, pour la millième fois, ce volume usé à force d'avoir servi, que vous serrez sous votre oreiller ? Je veux parler, bien sûr des 11OOO verges du grand Apollinaire. Mais je vois que vous rougissez. Comment ? Que dites-vous ? Vous ne connaissez pas cet ouvrage ? Mais si, voyons, vous savez bien, le récit commence à Bucarest :

«Bucarest est une belle ville où il semble que viennent se mêler l'Orient et l'Occident. On est encore en Europe si l'on prend garde seulement à la situation géographique; mais on est déjà en Asie si l'on s'en rapporte à certaines moeurs du pays, aux Turcs, aux Serbes et autres races macédoniennes
dont on aperçoit dans les rues de pittoresques spécimens. Pourtant c'est un pays latin, les soldats romains qui colonisèrent le pays avaient sans doute la pensée constamment tournée vers Rome, alors capitale du monde et chef-lieu de toutes les élégances. Cette nostalgie occidentale s'est transmise à leurs descendants : les Roumains pensent sans cesse à une ville où le luxe est naturel, où la vie est joyeuse. Mais Rome est déchue de sa splendeur, la reine des cités a cédé sa couronne à Paris et quoi d'étonnant que, par un phénomène atavique, la pensée des Roumains soit sans cesse tournée vers Paris, qui a si bien remplacé Rome à la tête de l'univers! De même que les autres Roumains, le beau prince Vibescu songeait à Paris, la Ville-Lumière, où les femmes, toutes belles, ont toutes aussi la cuisse légère. Lorsqu'il était encore au collège de Bucarest, il lui suffisait de penser à une Parisienne, à la Parisienne, pour b… »

Un livre vient de tomber de dessous votre oreiller, Nadia. Voyons voir son titre : «Les 11000…». Ah mais, vous me l'arrachez des mains et vous me poussez vers la sortie en m'injuriant et en répétant que le titre de ce livre, consacré à la musique, est : «Les 11000 violons» ! Vous avez l'oreille musicale, je vous croyais sourde !

Anonyme a dit…

Non pas les 11 000 violons voyons, mais les 11 000... bâtons bien sûr, ceux que je vous casserai sur le dos pour avoir été chercher sous mon oreiller !
Je serais assez tentée de vous infliger un compte-rendu détaillé des oeuvres complètes du plus célèbre Roumain de tous les temps, le grand Michel Drucker, si je savais restituer l'ambiance frémissante des plateaux de France2.
Les aventures du beau Mony sont certes passionnantes, mais pour que vous goûtiez toute leur saveur balkanique unique, j'avais pensé vous les faire... en Roumain. Les langues sont très proches, vous extrapolerez.
Comment, Google traduction bute déjà sur sezut ? Vous en voulez le sens ? vous m'embarrassez !

Patrick Mandon a dit…

«sezut» dites-vous ! Eh bien, procédons par l'interrogation : Nadia, en tant que garçon (même mûr), puis-je dire que je possède un «sezut» et que ma petite sœur n'en a pas ?

Corinne a dit…

Nadia, Patrick semble suggérer d'autres vertiges.. 11000 ! Diantre, le menu de Mandon ! Assurément varié et sans doute généreux, pas comme cette cuisine nouvelle où l'on a tout loisir d'admirer le décor de l'assiette ! Il faut évidemment avoir de l'appétit. Sezut ? mais qu'est-ce donc ? une liqueur digestive ou un apéritif ?

Anonyme a dit…

Non, tout le monde en a un !! Et Apollinaire y revient souvent. Il lui voue même une forme de passion.

Patrick Mandon a dit…

Étant naturellement cambré, puis-je dire que mon «sezut» est joufflu ?

Patrick Mandon a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Patrick Mandon a dit…

Encore : ma cousine, la marquise de Beauregard, lorsqu'elle chevauche son bel alezan, utilise-t-elle plus spécifiquement la partie de son individu (admirable, paraît-il) que vous nommez sezut en roumain ?

Patrick Mandon a dit…

Je replace ici la question, que j'avais mal formulée dans mon commentaire de 19 h 26 :
Et, plus précisément, le nom même de la petite Culculine, héroïne des 11000 verges, contient-il une acception du mot sezut ?

Anonyme a dit…

Tout juste. D'ailleurs la façon dont nous le prononçons, "shezout", vient certainement du fait que la première syllabe de Culculine est en contact fréquent avec la chaise. Enfin, cela me semble évident. L'étymologie, une vocation, que dis-je, une religion.

Corinne a dit…

Chez Culculine, il est aussi évident que la première syllabe entre souvent en contact avec la deuxième !

Patrick Mandon a dit…

Le coup de la chaise… délicieux.
Au vrai, l'homme (en général), se tient le plus souvent dressé sur son «membre postérieur»…

Patrick Mandon a dit…

Corinne, le contact d'une syllabe avec une autre fait moins de mal que de mots…
Nous avons appris un mot en roumain, et nous voyons bien qu'il désigne une partie importante de notre pauvre humanité. Un mot, en quelque sorte, qui est aussi… la chose. Nous avons donc et le mot et la chose. Avec cela, nous pouvons aller en Roumanie…
Sur le mot et la chose, cet extrait du poème fameux, d'un certain abbé de l'Atteignant (son nom est déjà tout un programme !) :

[…]
Ainsi de la chose et du mot
Vous pouvez dire quelque chose
Et je gagerais que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la chose

[…]
Pour moi voici quel est mon mot
Et sur le mot et sur la chose
J'avouerai que j'aime le mot
J'avouerai que j'aime la chose

Mais c'est la chose avec le mot
Mais c'est le mot avec la chose
Autrement la chose et le mot
A mes yeux seraient peu de chose

Je crois même en faveur du mot
Pouvoir ajouter quelque chose
Une chose qui donne au mot
Tout l'avantage sur la chose

C'est qu'on peut dire encore le mot
Alors qu'on ne fait plus la chose
Et pour peu que vaille le mot
Mon Dieu c'est toujours quelque chose

[…]
Et que pour le jour où le mot
Viendra seul hélas sans la chose
Il faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose

Pour vous je crois qu'avec le mot
Vous voyez toujours autre chose
Vous dites si gaiement le mot
Vous méritez si bien la chose

Que pour vous la chose et le mot
Doivent être la même chose
Et vous n'avez pas dit le mot
Qu'on est déjà prêt à la chose

Mais quand je vous dis que le mot
Doit être mis avant la chose
Vous devez me croire à ce mot
Bien peu connaisseur en la chose

Et bien voici mon dernier mot
Et sur le mot et sur la chose
Madame passez-moi le mot
Et je vous passerai la chose

Corinne a dit…

Nous sommes souvent à consoler
de l'absence de certaine chose
et des mots nous savons jouer
pour chasser nos idées moroses

Je passe en effet sur vos mots
comme passe l'ange, en silence
car la chose est bien peu de chose
au regard de votre éloquence !

Patrick Mandon a dit…

Il me paraît, chère Corinne, que le temps est venu que vous nous donniez un article. Vous venez sur notre scène, telle une ballerine légère, démontrer votre grâce mélancolique. Il serait peut-être bon que vous nous exécutiez ce beau mouvement, qui s'achève en position 4 (celle, je crois, de la danseuse de Degas), et qui fait l'admiration du club très privé de vos admirateurs.
Et si vous provoquiez une sorte de court-circuit, en mettant en contact votre apparente suavité, votre distance aimable, un peu ironique avec les choses et les événements, et votre vigilante perception du monde ?
C'est une suggestion.

Euréka a dit…

Quel homme ce maudit allemand. A vous lire, je sens que je vais courir chez ma petite libraire préférée, mais mon banquier va faire la tête.
Moi ce n'est pas les 11000... que je cacherai sous mon oreiller. Mais au fait, que pourrait-on bien y cacher sous son oreiller ?
J'attends vos suggestions avec impatience

Patrick Mandon a dit…

Euréka, puis-je vous suggérer de dissimuler sous votre oreiller le «Manuel de civilités à l'usage des petites filles». Ce charmant «usuel», publié anonymement, serait de Pierre Louÿs, grand auteur un peu oublié et personnage dont la fantaisie mérite toute ma considération.
Certes, vous ne placerez point son «Manuel de civilités…» entre les mains de votre fille, mais, si vous vous consacrez à sa lecture, vous y trouverez d'aimables propos, un peu lestes, et, disons-le, souvent très crus, mais toujours écrits dans une langue élégante, presque corsetée. Je vous en donne un exemple, parmi les quelques «présentables» :

À l'église
Quand vous êtes auprès d'une dame qui s'agenouille en creusant les reins, ne lui demandez pas si cette position lui rappelle de tendres souvenirs;

Cadeaux
Si vous donnez un porte-plume de forme obèse à une petite naïve, apprenez-lui à s'en servir, ou ce serait un cadeau perdu.»

Corinne a dit…

Patrick, j'ai bien peur qu'à côté du "Vertige" de la plume de Nadia , la mienne ne soit de plomb et ne chute. Mais si j'en avais les moyens, j'aimerai dépeindre ces instants suspendus où les destinées se jouent, comme une scène du Caravage, en clair-obscur, juste avant que tout ne bascule vers l'ombre ou la lumière...

Patrick Mandon a dit…

Corinne, votre dernier message ne fait que conforter mon impression : vous devriez essayer, car tout se joue, souvent, entre l'instant où la conscience balance entre l'ombre et la lumière…

Emilie a dit…

Chère Nadia,désolée si je viens un peu tard pour lire votre dernier article qui est comme les précédents, intelligent, intéressant parce qu'il sait nous questionner et nous déranger, mais je suis retournée dans le réel des lycées de France !Lorsque je lis sous votre plume "nihilisme", "chaos", ces mots me font irrésistiblement penser à tous ces jeunes que je côtoie chaque jour. Mais la différence, c'est qu'il s'agit maintenant du chaos d'un monde de "bisounours" consommateurs,le grand désordre du vide !!Et ça fait très peur !

Anonyme a dit…

Merci ma chère Emilie, j'aime surtout ceux qui ne sont pas là où on les attend. Ernst von Salomon m'est a priori tout à fait étranger, il est donc indispensable de le lire pour le connaître, le contrer, voire même tenter de comprendre son parcours chaotique sans l'excuser.
Quant à vos bisounours consommateurs... Je me sens dépassée, c'est à une véritable révolution "culturelle" qu'on assiste. Que s'est-il passé ? Expliquez aux profanes que nous sommes Emilie, nous avons besoin de vos lumières !

Corinne a dit…

Avec leur pauvre cartable de 20kg sur le dos, leurs perspectives d'avenir incertaines, le manque de poèsie de cette époque consumériste, ils ont bien droit aux bisous, mes petits ours !

Patrick Mandon a dit…

Relisant ces commentaires, je m'aperçois que j'ai commis une terrible faute, dans mon 21 septembre 16 h 43. On peut y lire ceci : «le pays troublé que vous évoquez si bien, l'Allemagne détériorée, hagarde, que les artistes du groupe Die Brücke (Emil Nolde, Otto Mueller…) ont définitivement fixé la silhouette tendue, toute de violence concentrée. », alors qu'il fallait écrire : « dont les artistes du groupe Die Brücke (Emil Nolde, Otto Mueller…) ont définitivement fixé la silhouette tendue ».