dimanche 26 mai 2013

Fantaisie pour une autre fois



















On lui a joué un tour, à Céline. En 1955, Paul Chambrillon (1924-2000) avait convaincu Arletty et Michel Simon d'amener Céline dans un studio d'enregistrement. Céline, réticent d'abord, chanta a capella deux chansons de sa composition. Par la suite, l'accordéoniste Aimable ajouta un accompagnement. Il y a un peu de Francis Carco dans l'art et la manière ; cela sent la taverne, la bière, la misère mais avec entrain et beaucoup de fantaisie.



On ira à l'adresse ci-dessous, si l'on veut entendre l'autre rengaine de Céine :
http://www.dailymotion.com/video/x43h2d_a-noeud-coulant-louis-ferdinand-cel_music?start=27#.UaJcZZVEU8w

En haut, une rare photographie de L.F. Céline sur le pont du bateau, qui le menait en Amérique. Cela se passait sans doute vers 1930. Voyagait-il en compagnie d'Elisabeth Graig, qu'il aima tant ?

L'arrivée à New York :

« Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là, l'Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur. On en a donc rigolé comme des cornichons. Ça fait drôle forcément, une ville bâtie en raideur. Mais on n'en pouvait rigoler nous du spectacle qu'à partir du cou, à cause du froid qui venait du large pendant ce temps-là à travers une grosse brume grise et rose. et rapide et piquante à l'assaut de nos pantalons et des crevasses de cette muraille, les rues de la ville, où les nuages s'engouffraient aussi à la charge du vent. »

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit


Sur Céline, on lira  Comment cela a débuté… La trace de PolLouis-Ferdinand est toujours à l'heureL'hypocondriaque de Meudon 1 L'hypocondriaque de Meudon 2 Louis-Ferdinand est toujours à l'heure

jeudi 16 mai 2013

Comment cela a débuté…


On en parlera, mais, en attendant, écoutons Michel Simon lisant Céline :



On pourra rendre visite à  L'hypocondriaque de Meudon 1, et retourner chez L'hypocondriaque de Meudon 2

lundi 13 mai 2013

Le roi Roy 2


Ceci, pour rester encore un peu dans l'ambiance des deux derniers messages (voir Twisteuse 2 et Une twisteuse dans l'hacienda) :




Sur le grand Orbinson, on prendra plaisir à entendre Le roi Roy

samedi 11 mai 2013

Twisteuse 2

Impossible de m'arracher à l'attraction « Zouzou » ! Il y a dans ce visage impassible quelque chose d'une fatalité. Je veux dire que cette beauté moderne consent à toutes les aventures avec une tranquillité désarmante. Ni l'or du monde, ni son ordure ne sauraient l'asservir tout à fait. Par conséquent, la fatalité que l'on pressent ne lui sera pas mortelle : elle porte en elle une calme tragédie, dont elle sortira vaillante et apaisée. Elle sait que tout peut lui arriver, même le meilleur.
Sa beauté pour magazine ne la contraint pas, mais la sert. Surdouée (elle a obtenu son baccalauréat à treize ans !), elle ne confie pas à sa seule intelligence le soin de calculer son intérêt, mais elle sait pouvoir compter sur elle. Son regard froid est une arme brûlante (voir aussi Une twisteuse dans l'hacienda, ainsi que La fraîcheur d'une fille qui tourne sur elle-même).



J'associe l'image de Zouzou à celle d'Olivier Despax. Pourtant, les traits de Despax signalent une nature différente, sans doute moins préparée aux épreuves. Il est d'une beauté française « ancienne », le produit tendre d'une civilisation toute d'élégance et de séduction aimable. Il n'a pas la froideur des êtres solides et résolus, malgré leur apparence frêle. Olivier Despax est mort prématurément, d'un cancer foudroyant. Il incarne le monde disparu des beaux gosses délicats, bousculé, renversé par celui des brutes à tête de bagnard.
Sur Olivier Despax, on lira Un brun Olivier, sur la troublante beauté des êtres, des visages, des corps même, on lira Les garçons, et l'on sera certainement étonné par les images de Visconti examinant sous toutes les coutures, habillé et presque nu, celui qui devait tenir le rôle de Tadzio, dans Mort à Venise.

jeudi 9 mai 2013

Une twisteuse dans l'hacienda


Voici le jeune Hugues Aufray, son superbe profil d'aigle tendre, la fêlure d'harmonie de sa voix, dans un registre éloigné de l'ambiance feu de camp : une chanson qui évoque un peu Le Messager (The go-between), roman de Leslie Poles Hartley, porté, admirablement, à l'écran, par Joseph Losey, d'après un scénario de Harold Pinter. Le Messager traite de la difficulté d'aimer au-dessus de sa condition, de son impossibilité dans un certain contexte historique et sociologique, de l'ardente nécessité des corps, également, du plaisir charnel volé aux conventions, menacé de scandale, de son intensité clandestine. La chanson d'Aufray est plus mesurée, plus sentimentale. Le palefrenier de la belle Dona Maria Elena Cantrell, de San Miguel, ne s'autorisera pas les audaces d'Alan Bates sur la superbe Julie Christie dans le foin d'une grange. Il gardera pour lui le désir ardent qu'elle lui inspire, et qu'elle soupçonne sans doute, sinon qu'elle s'amuse à provoquer. Elle l'autorise à galoper à ses côtés, à suivre le mouvement régulier de ses reins sur la selle du cheval, à mesurer l'adorable contrainte de ses cuisses sur les flancs de sa monture…
San Miguel est adaptée d'une folksong américaine de Jane Bowers, publiée en 1959.




En regardant bien la vidéo, j'ai cru reconnaître à 0.47, et à 2. 01, vêtue d'une robe festonnée de noir, au pied du chanteur, très à l'aise, la délicieuse Zouzou la twisteuse. Personnage de légende des fameuses « sixties », dont la joliesse intemporelle (traits délicats sans mièvrerie, vaguement androgynes, casque de cheveux pour une coiffure lisse.). Petite sœur yéyé de la tragique Loulou (Georg Wilhelm Pabst, 1929) elle s'expose avec élégance et sans excès, elle se fond naturellement dans le mouvement du monde, elle en est une figure lucide.
Elle a vécu, elle a survécu, elle a vaincu ce qui aurait pu la tuer. Elle ne regrette rien. Elle est bien.




Florence, dans un message, me donne raison : selon elle, il s'agit bien de Zouzou. Florence nous rappelle, fort à propos, que la belle Zouzou a joué dans le film de Rohmer L'Amour l'après-midi. Zouzou fut enchantée d'avoir été choisie par Éric Rohmer.
L'amour l'après-midi… Que peut-on faire de mieux ?




















Une bien belle personne, cette Zouzou ! Physiquement indémodable : ci-dessous, Zouzou en compagnie de Bernard Verley, scène du film L'Amour l'après-midi, sixième de la série des Contes moraux d'Éric Rohmer (1972).


Et Chubby Checker ? Que serions-nous sans Chubby ? Des danseurs de tango aux cheveux lustrés, des empruntés de la piste de danse, des bras ballants, des torses raides !

- Vous dansez, mademoiselle ?
- Bof ! C'est quoi comme genre de danse ?
- Un twist. Il faut avoir des genoux souples : vous êtes jeune, ça ne devrait pas vous poser de difficulté.
- Bof ! C'est un vieux truc, le… machin, le triste.
- Le twist, mademoiselle, le twist.
- Oh, arrêtez de dire mademoiselle, c'est ringard ! Au fait, comment vous vous appelez ?
- Patrick !
- C'est pas la peine d'insister, j'aime pas Patrick comme prénom.
- Encore un râteau ! (à ce sujet, voir ici)

Chubby Checker, Let's twist again (1961) : un succès phénoménal !

lundi 6 mai 2013

Râteau !




Luz Casal - Historia de un Amor (Official Video) par LuzCasal-Official

- Vous dansez, mademoiselle ?
- Bof ! C'est quoi, comme danse ?
- Un boléro.
- Un quoi ?
- Un boléro, une sorte de valse, espagnole d'origine, très ancienne.
- Ben, je sais pas danser ces vieux trucs, moi.
- Je vous montrerai, c'est facile, vous n'aurez qu'à vous laisser guider.
- Non, ça m'intéresse pas les antiquités.
- En même temps, c'est une belle chanson, qui parle d'un amour passionné d'une femme pour un homme.
- Je comprends pas la langue.
- Je vous traduirai les paroles.
- Insistez pas, je vous dis que ça m'intéresse pas ! Et puis d'abord, comment vous vous appelez, pour voir ?
- Je m'appelle Patrick.
- J'aime pas les mecs qui s'appellent Patrick !




jeudi 2 mai 2013

Figuration

Gérard Depardieu fut l'élève du grand Jean-Laurent Cochet. Il lui en a gardé une affection fidèle et une admiration justifiée. Cochet est le représentant d'une forme de théâtre, qu'on a dit, naguère, dépassée, alors qu'elle est le théâtre de l'éternité. Jean-Laurent Cochet est le serviteur de son art.
Et quelle réponse, quelle gifle à ce « figurant » de Torreton !