jeudi 19 novembre 2020

Habit de soirée



-Tiens, vous avez ressorti votre vieux smoking ! un peu fatigué le tuxedo, mais encore seyant, je reconnais !
-Je fais mon dernier tour de piste, laissez-moi tranquille. Vous n'avez pas eu mon passé, je n'aurai pas eu votre avenir, c'est vous qui êtes à plaindre.
-Votre passé ! Il est loin.
-Votre avenir est si court qu'il est déjà terminé.
-Hier, ce n'était pas mieux.
-Aujourd'hui, c'est encore pire.
-Votre passé, vous l'avez dans le dos !
-Votre avenir, vous l'avez dans le c.. !

lundi 26 octobre 2020

Old school, Old cool !

Il est possible que nous basculions dans l'univers du pire, que nous soyons environnés d'un vacarme d'absurdités, cernés par la terreur. Puisque la plus odieuse cruauté manifeste régulièrement sa volonté de détacher notre tête de notre corps, partageons, puisqu'il est encore temps, des instants éblouissants. Entre l'effroi et l'effarement, accordons-nous le droit de considérer tout ce que nous avons perdu : la perfection cool de ces deux-là

Fathia encore !

Il y a 1 an, je présentais Fathia Boudjahlat dans Touslesgarçons. Depuis, les interventions de la pertinente impertinente n'ont cessé de m'enchanter. Pour mon plaisir, et pour le plaisir de ceux qui passent encore par ce lieu, je reporte ci-dessous le texte et la video.



Fatiha ou le bonheur d'être français !
Le monsieur un peu épais qui paraît dans la vidéo ci-dessous se nomme Romain Goupil. Il est cinéaste. Il a rempli les salles avec un documentaire consacré à Mai 68, Mourir à vingt ans, d'ailleurs réussi et par certains aspects émouvant. On le dit plus complexe qu'il n'en donne l'impression, avec un côté sale gosse qui sonne aux portes et part en courant ; c'est possible, mais, moi-même appartenant à cette dernière catégorie de gavroches vieillissants, je ne me sens aucune affinité avec ce personnage considérable de la macronie (il aurait, et Cohn-Bendit aussi, l'oreille du président). S'il a rempli les salles avec ce film, il les a vidées avec tous les autres. Je ne les ai pas vus, je n'en avais pas envie.


Au début très sûr de lui et dominateur, et encore méprisant, puis, peu à peu, décontenancé, toujours méprisant mais par vaine parade de vaincu, accusateur outré, manière de Vychinski néo-libéral à ralliements successifs et à complainte rebattue, il est ici opposé à une jeune femme remarquable en tous points. Jolie, posée, superbement armée pour le débat contradictoire, royale dans le combat des idées, maîtresse de son langage comme d'elle même, Fatiha Boudjahlat estourbit proprement le libéral-libertaire auto-proclamé, dont le dernier amour politicien se nomme Macron. Elle le fait d'abord sur le mode feutré puis, l'autre se révélant, comme à son habitude, odieux, embrouillé, éructant, postillonnant du vide empoisonné, elle l'abandonne sur un dernier upercut, qui le laisse pantelant, à peine capable d'éructer encore un peu de bile.
Fatiha Boudjahlat est de ces femmes « issues de la diversité » qui doivent à la république leur bien le plus précieux, qui se perd aujourd'hui chez nombre de nos compatriotes : l'apprentissage puis le maniement subtile de la pensée critique, y compris contre soi-même ou contre son groupe social, ethnique et autre enfermement assimilé. Un bien fou, une douche lente d'un liquide tiède et doux qui ruissèle sur l'esprit : Fatiha ou le bonheur d'être français !

Une précision : le personnage qui joue les utilités entre Goupil et Fathia se nomme Yaël Goosz, il est chef du servie politique de France Inter. Je n'écoute pas suffisemment France Inter pour donner publiquement une opinion sur son travail. Je peux seulement supposer, en le voyant dans cette vidéo, que ce travail ne doit pas froisser la pensée dominante dans sa station. Il se montre ici très maladroit, assez couard et, finalement, très inférieur à son interlocutrice. Je crois aussi percevoir une note de condescendance, que Fathia, fauve souriant, lui renvoie d'une griffe précise…

dimanche 25 octobre 2020

Des détails supplémentaires (suite 3)

On tente de nous faire croire que les islamistes sont avant tout les victimes du racisme français, un racisme latent doublé d'un racisme d'Êtat, et de la misère des banlieues. Il n'est pas de société européenne (et peut-être dans le monde) plus généreuse et plus « redistributrice » que celle de la France. Des politiciens au rancart, des bouffons de l'analyse et leurs compagnies de servilité et d'arrogance qui font des cortèges braillards, tout un petit personnel de la récrimination avec leurs permanents qui tiennent le guichet des plaintes, prétendent que nous sommes coupables et que nous payons les dividendes de nos fautes. D'autres voix se font entendre. Leur passé lointain était ailleurs, mais leur présent et leur avenir sont ici. Cette jeune femme, que je trouve, par surcroît, séduisante, avait déjà attiré mon attention. Elle sait d'où elle vient, elle maîtrise à la fois le réel et les mots pour le dire sans en être ni la dupe ni le perroquet. Elle possède cette force d'analyse, sérieuse sans être sévère, qui intègre dans son développpement une ironie effleurante. Elle est précise, intellectellement très bien équipée mais sans se montrer ni pédante, ni affligée de moralisme. Elle refuse le masque d'un vocabulaire de complaisance, bref, elle incarne le contraire de l'affligeante et omniprésente animatrice pour noces et banquets insoumis Raquel Garrido (seule ou en couple, avec Alexis Corbière, révolutionnaire pour préau d'école). Tous les deux servent avec zèle M. Melenchon, lequel souhaite institutionnaliser l'insoumission dans ce pays, mais ne veut entendre aucun murmure dans les rangs de son propre parti. Garrido et Corbière, la main sur le cœur et souvent la larme à l'œil, sont les chiens de garde du petit capital électoral acquis grâce au talent d'orateur de leur seigneur et maître. Mais revenosn à Fathia Agag-Boudjahlat. Elle est superbement française. Elle exerce une liberté de ton, une perspicacité, qui signalaient l'esprit français depuis au moins le début du XIIe siècle, lorsque Pierre Abélard annonçait, par la nature de l'enseignement qu'il diffusait et qu'il autorisait à Sainte-Geneviève, la liberté de ton et de connaissances qui naîtra avec l'indsciplinée Sorbonne, plus tard. Il y a une quinzaine d'années, alors que je cherchais mon bonheur dans une boîte contenant des livres, sur le trottoir devant une libraiire, près de l'église Saint-Merry (« Voici le soir À Saint-Merry c'est l'Angélus qui sonne Ô nuit toi ma douleur et mon attente vaine j'entends mourir le son d'une flûte lointaine Guillaume Apollinaire, Le Musicien de Saint-Merry, Calligrammes) j'entendis une voix qui semblait s'adresser à moi. En effet, un homme me souriait. Immédiatement, il m'interrogea sur mon choix d'ouvrages. Il était sympathique, disert, cultivé. Nous eûmes une plaisante conversation. J'admirais son aisance. Il était algérien d'origine. Nous fîmes quelques pas près de Saint-Merry, il connaissait le poème d'Apollinaire. Il vivait en banlieue, où il était animateur pour la jeunesse, je crois. Il me fit part des difficultés grandissantes qu'il rencontrait auprès des jeunes, de leur fermeture culturelle. Il n'attribuait nullement cette tendance à l'isolement ou au manque de moyens. Avant de me quitter, il me dit : « Vous n'avez pas idée de la haine que vous leur inspirez ». Fathia Agag-Boudjahlat nous connaît bien, elle est des nôtres, avec cette nuance : elle est le meilleur de nous-mêmes. Note 1 : On sait quel funeste sort connaît Abélard après qu'il a séduit Héloïse, et celle-ci étant enceinte de ses œuvres : l'oncle de celle-ci, le chanoine Fulbert, ordonne qu'il soit châtié. Des voyous de sa connaissance se chargent de la mission : ils l'émasculent ! note 2 : on verra Fatiha ou le bonheur d'être français !

lundi 19 octobre 2020

Plus de détails

Faut-il vous faire un dessin ? Ou plutôt, une peinture ? Eh bien voici quelques détails supplémentaires. Il s'agit de la même œuvre que précédemment, mais dans un plan élargi. Alors, bien sûr, on éprouve de la colère. Quoi ! ce bijou d'intelligence, de subtilité, ce pays dont Dieu lui-même, voyant de quelle manière si aimable, si plaisante, ses habitants le peuplaient, leur abandonna son achèvement ; cet État des hommes dans l'État de Dieu, cette petite planète si élégamment prise des mains du Créateur par ses habitants, qui prétendirent améliorer son œuvre, ce résumé de la géographie heureuse désormais représentés par des barbus incultes, par des esprits d'obscurité, ce bijou confisqué par des imbécilles enragés, par des analphabètes frottés de sang et d'absurdité ! Que s'est-il passé ? Et puis Trenet. Trenet, c'est notre enfance. C'est la France des chemins creux et des routes nationales, des cerisiers en fleurs, et c'est une puissante mélancolie. Quelque chose nous saisit, nous étreint. C'est fini ! la France, c'était bien. Avec des hauts et des bas, surtout des bas et des talons hauts. La France, c'était le bâton de rouge à lèvres, que les filles maniaient prestement, adroitement. La France avait fondé la civilisation du bonheur et de l'intelligence aérienne. La France était un signe d'air et d'eau. La France, c'était une belle femme, fière, un peu arrogante, qui n'était ni mère ni sœur, une femme douce cependant, garce mais pas méchante,une femme posée là comme la tentation d'exister. C'était une femme du peuple capable de séparer la peau d'un fruit sans le saisir, avec la pointe de son couteau et les dents de sa fourchette : une élégante, une raffinée à la bouche luisante. C'était Paris, que la Seine enlace, le lacet d'une bottine qu'une femme fait glisser le long d'une cheville, et sa voix qui trahit une élégante impatience… Ce soir, qui se souvient de la France ? Voir aussi : Un détail…

samedi 17 octobre 2020

Un détail…

Michelangelo Merisi da Caravaggio, 1571-1610 : « David tenant la tête de Goliath » (détail), galerie Borghèse, Rome.

mercredi 7 octobre 2020

D'Alain à l'autre

Les français ? Deux d'entre eux, assurément, deux parmi les plus réussis. De près, c'est Delon, de loin, c'est Alain. Et Jean-Louis, qui le suit de près. Qui les a suivis ? Personne ! Leurs traces à l'écran lentement s'effacent. Le temps qui passe ? Une gomme qui efface les hommes de toutes les conditions, qui règle l'addition, qui efface les sommes… Nos histoires ? des histoires à la gomme. L'un, Delon, et l'autre, de loin, leurs portraits émouvants, leur beauté menacée comme un tableau de sable. Nous sommes instables, nés sur des sables mouvants. De loin, de si loin, d'Alain et de l'autre… NOTE : Je n'avais pas encore utilisé l'interface modifiée de ce type de blogue : c'est une mauvaise blague ! Le texte n'apparaît pas dans la mise en page, que je lui ai donnée ; la video, que j'ai choisie dans youtube, et dont j'ai retranscrit le code source sous le texte, n'apparaît pas non plus ! Je ne vois pas de quelle manière modifier le texte, changer son style, le corps des lettres. Pour moi, cette nouvelle interface est totalement absurde.

mercredi 1 juillet 2020

Je vois trouble

Que fais-tu, là ?
Je te compte sur mes doigts : un, deux, toi ! Tu parais après la virgule.
Je ne comprends pas.
Et au deuxième rang ; tu es donc, parmi les décimales qui me constituent, la centième précisément.
Bref, je suis une quantité négligeable.
Pas exactement : tu es la partie décimale de mon nombre…
Ton ombre portée en quelque sorte : quel émoi !
Un, c'est ma partie entière ; deux, c'est encore un peu moi, ou plutôt je, c'est à dire déjà un autre ;  après, c'est toi.
Mais, si je est autre, pourquoi ne serait-ce pas moi ?
Parce que je, s'il n'est plus tout à fait moi, procède exclusivement de moi.
Donc, de toi à moi…
Il y a je
Je ne veux personne entre toi et moi.
Entre toi et moi, il n'y a personne, mais après moi et je, il y a toi.
Quand tu te vois, tu vois double.
Et quand je te vois, je vois trouble.
Tu n'aimes que toi.
Tu n'ignores pourtant pas le grand émoi que tu sèmes en moi.
Tu ne crois qu'en toi.
Allons, tu sais combien je croîs en toi…

Et cette chanson, exquise, d'une beauté sans fracas mais parfaite ; à l'origine un poème de Francis Carco. L'interprète se nomme Valérie Ambroise. Mireille en dit le plus grand bien. C'était il y a longtemps, en un temps où l'on ne prenait pas Grand Corps Malade pour un auteur…


Si l'on veut, on se rendra ici.

 

 

 

 

 

mercredi 24 juin 2020

Tout va mal, revenons à l'essentiel (2)

Une présence, une apparition ?
On oublie les visages, on s'en souvient vaguement. Puis, on cherche dans sa mémoire. Bientôt, demain, tout disparaîtra, tout cet ordre adorablement injuste. Il restera, pour quelques-uns, des souvenirs clandestins.



Un homme, une présence dévorée par la pénombre : c''était donc cela, ce bloc d'élégance, de chair dure, ces lèvres occidentales. Un homme, un mec : une ombre disponible pour quelques heures, dans une chambre, et qui retournera à son tourment, à sa précieuse solitude. Un type désarmant, désarmé. Le bruit de ses pas qui s'éloignent : un envoûtement.



Tout va mal ? Revenons à l'essentiel !    Les erratiques    Frère de nuit     L'homme égaré
       Frère de nuit      Saint Blaise     Comme un frère
        

vendredi 19 juin 2020

Tout va mal ? Revenons à l'essentiel !

Tout va de mal en pis. Qu'en sera-t-il demain ? Nous avons eu l'inventaire, bientôt les soldes, et prochainement la faillite.
« Á la fin tu es las de ce monde ancien… ».
Non, je n'en suis nullement las, mais les nouvelles trompettes de Jéricho s'efforcent de faire tomber sa muraille de soie.
Je réclame encore un peu de votre patience, monsieur le bourreau, le temps d'un défilé d'ombres. Qu'est-ce que la vie ? Un aimable complot d'illusions : du cuir connolly couleur sang de bœuf pour les sièges de la Jaguar, le cachemire d'un manteau cintré sorti des ateliers d'Ermenegildo Zegna, le mouvement de la main gantée d'une femme qui s'assied sur la banquette d'une brasserie luxueuse, dont les miroirs réfléchissent sans y penser l'image à l'infini, la perception vague d'un équilibre précaire, la sensation délicieusement précise d'être l'objet et le jeu d'un malentendu, le pressentiment du dernier soupir dans son son propre souffle, le consentement heureux à la cérémonie des apparences ainsi qu'à la chimère des étreintes…
Le vieux monde est devant moi, il me précède, il m'attend. Je vous laisse le nouveau, que je trouve gras, sommaire, inutilement agressif, peuplé de femmes déplaisantes et d'hommes infréquentables.

Le matin à Rome ; à midi, déjeuner au Ritz parisien ; le soir, Don Giovanni, dirigé par Colin Davis, au Royal Opera House Covent garden, puis souper au Claridge. Il choisira parmi ses invitées, celle qu'il invitera dans sa chambre…
Il fut immensément riche, très séduisant (il est né avec les tempes blanches !), il se montra visionnaire dans son métier de constructeur d'automobiles, il eut l'audace de son rang et les moyens de ses univers chimériques ou, si l'on préfère, il fut « maître de lui comme de l'univers », ou plutôt, fils d'une princesse Bourbon del Monte, il devint condottiere de Turin puis de l'Italie entière.
Néanmoins, il eut son lot de chagrins et d'échecs. Il fut beaucoup plus chanceux que la plupart des hommes, plus respecté, plus craint, plus envié, plus détesté, plus admiré, plus aimé, plus désiré que presque tous ses contemporains, mais, à la fin, après un dernier verre de champagne, éprouvant peut-être moins d'effroi que de lassitude, et plus d'interrogations que de certitudes, s'est-il reconnu en exemplaire banal de l'humanité ? Car il l fut bel et bien « Tout un homme, fait de tous les hommes, et qui les [valait] tous et que [valait] n'importe qui. » (1),

1) Jean-Paul Sartre, Les Mots
 

vendredi 1 mai 2020

Histoire (presque) sans parole


 D'où viens-je ?



















Où vais-je ?


Qui suis-je ?






Photo 3 : Extrait de Hamlet, la scène du crâne de Yorik (To be or not…), jouée par sir Lawrence Olivier dans son propre film (1948).

Photomontages P. M.
Note : Je ne prétends pas à l'exactitude scientifique de mes réponses, mais elles peuvent au moins rivaliser avec les affirmations que nous assènent depuis deux mois nombre de Diafoirus contemporains, lesquels, attirés par le bruit que font les trompettes de la renommée, passent bien plus de temps devant les caméras que dans leurs laboratoires…

Sur le même sujet : Chanson vitale     Chanson virale   Histoire sans parole
   






samedi 18 avril 2020

Out of the blue




















René Lelong, Le Baiser“, illustration pour le livre Celeste Prudhomat mœurs de province, de Gustave Guiches,  1905, Fayard éditeur.

Plus tard, bien plus tard, un adolescent, un jeune homme au buste encore maigre et aux hanches étroites, souple comme un chat, les yeux dissimulés derrière une longue mèche de cheveux bruns, survivant de la civilisation post-moderne effondrée, fuyant les hordes de mégères contrefaites lancées à ses trousses par le clone de Caroline de Haas, refusant l'Ordre mêlé de niaiseries et de dénonciations imposé par le couple Garrido-Corbière, trouvera dans les décombres Récit secret, de Pierre Drieu la Rochelle, et cette vidéo. Alors, il saura qu'une fantaisie adorable, très semblable à la sienne, l'attend quelque part. Réunis, confinés, dissimulés aux yeux du monde abject, ces deux êtres effarés imagineront naturellement les figures du désir, que les amants, avant eux, auront dérobé à la peur et au temps.

https://www.youtube.com/watch?v=gXq3v20_ej0
  

Pour Christophe, voyez :

Tilt     Sulpicien     Vous passerez sans me voir

Sur Drieu : 

La belle argentine et l'homme perdu       L'homme égaré     Retrouvailles        Le choix d'un frèr     Et l'argent de mes cheveux…    Bruissement    L'amour aux enchères

mercredi 1 avril 2020

Chanson vitale





















Victor Lecomte (1856-1920) : Malade sur son lit, vers 1911
Récemment vendue à Drouot par l'étude Kâ-Mondo (le nom nous rappelle celui d'un collectionneur parisien fameux, dont l'hôtel particulier, qui donne sur le parc Monceau, contient des trésors : le musée Nissim de Camondo), cette œuvre délicate, subtilement éclairée, estimée entre 5 et 10 Euros -une misère !- a été adjugée à 100 Euros.

La chair pâle de cette jeune femme, le désordre de son vêtement qui découvre les formes pleines de son corps, lequel paraît animé par une onde de volupté, sa tête rejetée en arrière, et jusqu'à la plainte qu'elle semble exhaler, tout cela pourrait fort bien exprimer l'abandon au plaisir solitaire. Or, il s'agit d'un lit de souffrance…
Ce qui ne nous tuera pas, nous rendra-t-il moins fort ?

https://www.youtube.com/watch?v=WBzCTiqUHUQ

Sur ce sujet, voir :     Histoire sans parole     Chanson virale

samedi 28 mars 2020

Chanson virale
















Gravure : Alfred Rethel, peintre et dessinateur allemand (1816-1659). Baudelaire possédait un tirage de cette gravure

Ce matin, entendu cette chanson que j'avais complètement oubliée. Elle fut écrite sans doute 1890 et 1900. C'était avant-hier, c'est aujourd'hui, c'est demain…

https://www.youtube.com/watch?v=vIuXYI6oOzQ









vendredi 14 février 2020

Par la voix, par les doigts

Entendu ce matin, interprété au violon, Salut d'amour du compositeur Edward Elgar. C'est d'une simplicité que seul un grand artiste peut se permettre. Il lui faut, en effet, dans la confusion du monde apparemment réel, consentir à entendre cette simple, imperceptible confidence, et produire cet air du sensuel attachement.
Au violon, Geneviève Laurenceau, au piano Jérôme Ducros :


 
Je l'ai trouvé par l'immense Aldo Ciccolini au piano : il ne pèse pas sur les touches, il les frôle, il paraît seulement les solliciter de la pulpe des doigts, de leurs ridules digitales.
 


Mirella Freni, soprano italienne, vient de mourir. Moins connue que les stars de l'opéra italien, elle fut l'une des plus parfaites. La voici dans un extrait (final) de Manon en compagnie de Pavarotti : ils étaient jeunes …



… Et dans ce moment de La Bohème, de Giacomo Puccini. Là encore, c'est offert sans effort apparent, sans excès, sans zèle de scène et sans volonté de démonstration : suave Mimi



Pour le reste, que nous faudra-t-il avouer, à la fin ? Eh bien, que nous avons vécu !

On retrouvera Aldo Ciccolini   ICI    ET ICI AUSSI 



vendredi 31 janvier 2020

Effet placebo

 Placebo. J'ai toujours aimé leur présence un peu arrogante très upper class, mêlée de nervosité en maillot de corps working class, rehaussée d'effluves romantiques noires. Du style gothique de gargouille boudeuse sexuellement disponible. Ces jeunes princes soufrés me plaisaient. Brian Molko, le chanteur, personnage incandescent, très lucide, sensuel, incarne parfaitement cet ensemble au son brillant.
Je crois que c'est en 1983 ou 84, que Nick Kershaw avait écrit Wouldn't it be good, avec un immense succès, mérité (excellente vidéo) :



Mais je préfère la version qu'en donna, ultérieurement, Placebo :


dimanche 26 janvier 2020

Mes (a)vœux la suite et la fin

Voici mon ultime livraison de la chanson What are you doing the rest of your life, qui accompagne mes vœux pour l'année nouvelle. C'est un choix, c'est le mien.
Faites le meilleur usage du reste de votre vie.

  Hayati Kafe, né à Istanbul : remarquable accompagnement très jazz, ambiance cabaret, une voix de crooner sans effet appuyé, le piano lui va bien :



Bien fait, et jazzy comme il convient :



Bill Evans, maître du piano, Miles Davis l'admirait :



Tony Bennet, un crooner de beau style, avec un voile « italien » dans la gorge :



L'accompagnement est daté, mais l'interprétation est réussie, la mise en scène malicieuse…


vendredi 24 janvier 2020

Mes (a)vœux 2020 suite encore

 Pour l'Amérique au XXe siècle, voyez Sinatra. Pourtant, à l'origine, il n'avait aucune chance : inculte, malpoli, un rital maigriot dans un pays où les mâles qui font tourner la tête des femmes mesurent en moyenne 1, 85 m. La suite est connue : idole des jeunes, d'abord, tournées avec l'orchestre de Tommy Dorsey, le cinéma, puis l'immense carrière sur les plus grandes scènes du monde. Des hauts, et surtout des bas montés sur talons aiguilles… Des manières, parfois, de boss mafieux encadrés par des malabars. Une séduction de canaille en tuxedo (smoking) noir profond avec nœud papillon, chaussures vernies, un verre de whisky à la main. Une mère de famille pour l'Église, la plus belle femme du monde pour le cœur, et, pour le reste, « faites monter la bière et les filles ».
Avec cela, la plus parfaite technique vocale, une manière unique de chanter l'accent tonique dans la langue américaine, une voix de mâle dominant… Et un respect envers les Noirs qui ne s'est jamais démenti. Sinatra fut sans doute l'un des premiers artistes à protester contre les mesures raciales en vigueur dans de nombreux états.

Sur Sinatra :

 La nuit 2       Frankie from Hollywood      La carte noire de Melville : les passants de la nuit              
Un dernier tour de piste      La nuit 5    La nuit 4

 Sinatra sur scène What are you doing the last of your life :
 

Une sélection, très personnelle, des meilleures interprétations de What are you doing the last of your life :

Oscar Peterson :


Carmen McRae :


Sarah Vaughan


Dusty Springfield


Abbey Lincoln


Anita O'Day


D'autres suivront, qui viendront clore ces (a)vœux 2020

jeudi 23 janvier 2020

Mes (a)vœux suite 2020

À vous qui passez ici, en guise de vœux, ces choses un peu vaines, et la superbe interprétation, par Franck Sinatra (il avait pris alors sa voix de la maturité, avec des graves un peu enrhumées et des finales légèrement éraillées) d'une composition de Michel Legrand.
Le temps a de la suite dans les idées, ou est-ce de la « fuite » ? Oui, c'est plutôt de cela qu'il s'agit : le temps a de la fuite dans les idées, et d'ailleurs plus de fuite encore que d'idées. Le temps concentre la fuite de nos idées.
Quelque chose nous constitue, qui nous fait misérables et attachants.
En physique, l'une de ses définitions est : « Durée d'un phénomène mesurée par la différence entre les valeurs finale et initiale du paramètre précédent. » (Larousse).
Notre temps à nous, humains vulnérables, se mesure parfois entre la valeur initiale de notre chagrin consubstantiel et la valeur finale de nos souvenirs. Que s'est-il passé entre les deux ? Précisément du passé, c'est à dire du temps dit psychologique : nous produisons du passé, un mélange d'illusions, d'espérances, d'émotions adorables, de mensonges nécessaires…
Alfred ne dit pas autre chose, mais il le dit bien mieux que moi :
« […] j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. ».

Alfred de Musset, On ne badine pas avec l'amour (propos de Perdican)



Sur Alfred : Feinte       Libido ad libitum ?

               

                                        


vendredi 17 janvier 2020

Mes (a)vœux

À vous qui passez ici, je souhaite une année supportable, en dépit des calamités nationales et des menaces universelles qui accablent désormais ce monde délaissé par la grâce. Et, par surcroît, un léger voile de mélancolie, qui donne à toutes les choses des contours imprécis, et au souvenir que nous avons des êtres une saveur singulière.