mercredi 31 octobre 2012

En haut des marches



On connaît les qualités de crooner (swing, diction) de Tony Bennett, on ignorait que Chritina Aguilera fût capable de seulement paraître à ses côtés sans être ridicule. Elle nous étonne, sans atteindre à l'éclatante perfection de Lady Gaga, dans son duo avec le grand Tony.

La même chanson, par Tony Bennett seul, dans un clip noir et blanc d'une parfaite réalisation.



Rappelons que le portrait de Duke Ellington peint par Tony Bennett figure désormais sur une cimaise de la National portrait gallery (Smithsionan institution, Washington)).

On ira voir La nuit 8La nuit 6,  (A)vœux 2



mardi 23 octobre 2012

C'est fini !




Your baby doesn't love you any more. 
Golden days, before they end, 
Whisper secrets to the wind. 
Your baby won't be near you any more. 
Tender nights, before they fly, 
Send falling stars that seem to cry. 
Your baby doesn't want you any more. 
It's over. 

It breaks your heart in two, 
To know she's been untrue. 
But oh, what will you do, 
When she says to you, 
"There's someone new. 
We're through. 
We're through." 
It's over, it's over, it's over. 

All the rainbows in the sky 
Start to weep and say good-bye. 
You won't be seeing rainbows any more. 
Setting suns, before they fall, 
Echo to you, "That's all, that's all." 
But you'll see lonely sunsets, after all. 
It's over, it's over, it's over.
(Roy Orbison, Bill Dees)




dimanche 21 octobre 2012

Le roi Roy

Le meilleur d'entre tous ! Excellent guitariste, compositeur inspiré, chanteur surdoué, Roy Orbison n'a pas eu la carrière que son talent pouvait lui faire espérer. Certes, il a inscrit de très beaux succès dans les « charts », il remplissait aisément les salles, en Amérique et en Europe, mais il n'aura pas connu l'adulation d'un Elvis Presley. Son apparence ne le servait pas, ni sa santé : derrière ses grosses lunettes noires, qui n'avaient même pas le mystère érotique de celles de Ray Charles, très statique sur scène, correct, appliqué, rond de visage et de corps, il servait avec humilité les mélodies que lui soufflait sa belle sentimentalité adolescente.
Il est ici écouté avec bonheur par un auditoire choisi, et accompagné par une fine fleur : on reconnaitra le cher Tom Waits, Elvis Costello, James Burton, musicien légendaire (ici en veste blanche), compagnon du « King » Presley, et le prétendu « boss », chanteur graisseux pour cabine de douche masculine, qui ne peut s'empêcher de faire le malin, Bruce Springteen (oui, c'est entendu, The river est une magnifique chanson !). Parmi les choristes masculins, le beau gosse, qui ressemble plus à un jeune homme d'autrefois qu'à une rock star, se nomme Jackson Brown ; chez les filles, on remarque l'excellente KD Lang, encore jeune et svelte - elle ressemble aujourd'hui à un capitaine au long cours dont le navire serait encalminé depuis longtemps : Orbison enregistra avec elle une version de Crying, qui rendrait lacrymal le plus acharné des salafistes.
Le rock de Roy aura été un moment de l'enchantement du monde.







On ira de ce côté  Dedicated to…

mardi 16 octobre 2012

Pour saluer Dsata


Pour saluer l'arrivée parmi nous d'une exquise Dsata, venue nuitamment inscrire son nom. Ce que j'ai vu chez elle (son blogue Pictures) fait imaginer un grand raffinement.





RITA HAYWORTH - PUT THE BLAME ON ME ("GILDA")

Retour sur le pont

Il n'est pas de désarroi plus grand que celui d'un homme, vêtu d'un manteau de cachemire, marchant sur un pont et sous le métro aérien, à Paris, sur le point d'être dépassé par une jolie jeune femme.



















Il n'est pas de curiosité plus furtive que celle de cette même jeune femme, se retournant sur l'homme vêtu de cachemire.

























Il n'est pas de solitude plus douloureuse que celle de l'homme en cachemire, perdu dans son tourment.
















Il n'est pas d'étreinte plus passionnée, plus brutale que celle de ces deux êtres réunis par le hasard, dans un appartement vide.

















Photographies extraites du film Le dernier tango à Paris, de Bernardo Bertolucci (1972), avec Maria Schneider et Marlon Brando


Ci-après, des images très rares de Marlon Brando, en compagnie de Montgomery Clift. Tous deux sont jeunes, délurés, heureux. Cela ne durera pas ; l'un et l'autre trouveront bientôt une pente « naturelle », qui les mènera à l'inconfort de vivre et au malheur d'être né.





On en saura plus encore ici et là…  Le fantôme du métro aérien 1Le fantôme du métro aérien 2Le fantôme du métro aérien 3Marlon B, for Lady Tanya, and for all Tous les garçons' ladies

Enfin, on écoutera ceci . La voix du grand Marchand a un peu vieilli, mais elle a pris une patine toute de caresse et de satin. On la croirait venue d'un faubourg de Buenos-Aires.

mardi 9 octobre 2012

Au bal en Cristòbal

Il est trop tard, la magnifique exposition Balenciaga a fermé ses portes. Pour le souvenir de la beauté, pour le plaisir des yeux et de la mémoire, quelques photographies volées : Cristòbal Balenciaga admirait les « modistes » du XIXe siècle, ainsi que les formes et les couleurs du costume espagnol traditionnel, voire folklorique. À côté de ses propres créations, se trouvaient ses principales sources d'inspiration.



























De haut en bas :
1) Robe dite Polonaise, vers 1860/1870 : sa partie inférieure constitue une surjupe, pékin de soie beige (armure en taffetas et en satin), doublure en toile de coton écrue. Collection privée de Balenciaga, don de sa famille au musée Galliera.
2) Cristòbal Balenciaga, robe du soir, vers 1960 : robe à bustier baleiné en satin de soie brodé ; bandes se strass en haut du bustier et sur le devant de la jupe, en haut, nœud décoré de strass, jupe froncée formant crinoline projetée, broderie de paillettes, mousseline de soie.
3 et 4) Bottines de Perry, Paris, vers 1880 : en satin noir, douze brides fermées par des boutons boule en passementerie, doublure en toile de coton ; le talon est cerclé à la base d'un fil en métal doré. Ne sont-elles pas particulièrement sexy ?

Alors, vous me direz : « À quoi cette profusion luxueuse sert-elle, sinon à satisfaire les caprices rapides de grandes bourgeoises névrosées ? ». Je vous répondrai que les grandes bourgeoises ne sont pas nécessairement névrosées, et que « cette profusion luxueuse », pour reprendre votre expression, nous paraîtra nécessaire lorsque toute idée de luxe aura déserté ce pays, ce qui ne saurait tarder.

Photographies PM

On consultera utilement :
Marchand Dabit
Mais encore :
The fair ladyMadame GrèsLes dames dans la vitrine,


mardi 2 octobre 2012

La peste soit du choléra !


La nouvelle de Thomas Mann est brève, dense mais brève. Or, le film que Luchino Visconti a tiré de « La mort à Venise », avec l'aide de Nicola Badalluco pour le scénario, est d'une durée de 135 mn. Chaque image est nécessaire, constitutive de l'histoire qui se développe, et révélatrice du tourment très intime, violent dont le musicien Aschenbach (dans la nouvelle, il s'agit d'un écrivain) est la proie. Toute sa vie, cet homme a cherché la beauté (thème développé longuement dans « Docteur Faustus », du même Thomas Mann), jusque dans la rupture, il a exploré les ressources sonores de l'orchestre, il a voulu de l'inouï. Et le voilà, solitaire, vieilli, usé, sans emploi sentimental, voyageur luxueux à Venise. Le destin l'attend, qui aime à ricaner aux dépens des hommes ; il prend l'aspect d'un jeune garçon, d'un adolescent gracieux, mince, botticellien. Et notre compositeur, qui, toujours, fut comme émotionnellement verrouillé, se découvre une passion dévorante pour cet éphèbe, qui conduit progressivement sa victime vers son « projet » informulé. Pauses gracieuses, sourires esquissés, feintes suggestives du corps, regards soutenus : Tadzio tisse sa toile autour d'Ashenbach (dont le nom signifie ruisseau de cendres), l'envoûte, le paralyse. Alors que l'épidémie de choléra décime les rues de Venise, le musicien, agonisant, connaîtra, dans son costume de lin blanc, une fin sulpicienne.

La beauté des autres n'est pas une fin en soi, mais elle peut être une fin pour soi.



- Entre la Lettre à Élise de Beethoven, jouée dans le salon de l'hôtel et ensuite, guère mieux, par Esmeralda au bordel, quel rapport y avait-il ? 
- Ah, là aussi, cela a été le hasard. Je voulais tourner la scène avec Tadzio au piano et j'ai demandé au petit de m'exécuter ce qu'il savait jouer. Il a donc joué la Lettre à Élise que j'ai reprise dans la séquence qui suit, au bordel. 
- Et ainsi tu as rendu Tadzio un peu prostitué, et la prostituée un peu Tadzio... 
- C'est ce que je voulais. Je désirais en effet, unifier et en même temps, dédoubler l'élément de la « contamination » et de l'attraction des sens, et celui de la pureté enfantine. Par ailleurs, la fille du bordel rappelle un peu Tadzio parce qu'elle a un visage pur de fillette, outre la référence à Docteur Faustus, au moins pour ceux qui l'ont lu, et plus précisément l'allusion à la biographie de Nietzsche que le Faustus contenait. Bref, Aschenbach, en reliant la présence de Tadzio au souvenir de la prostituée, c'est-à-dire à la contamination qui s'était produite des années auparavant, saisit pleinement l'aspect le plus équivoquement « pêcheur » de son attitude à l'égard de Tadzio. Il est donc en proie, comme auparavant avec Esmeralda, à la tentation de céder. Tadzio résume ce qui a constitué un pôle de la vie d'Aschenbach, un pôle qui, représentant la vie - comme alternative et antithèse de l'univers rigidement intellectuel, de cette « vie sublimée » où Aschenbach s'est enfermé - se termine par la mort. Esmeralda et Tadzio ne représentent pas seulement la vie, mais sa dimension spécifique, troublante, contaminatrice, qu'est la beauté. Mann disait dans Sur le mariage, en citant Platen : « Qui a contemplé de ses yeux la beauté est déjà voué à la mort. » Je voudrais, du reste, que ce fût la « phrase de lancement » du film, parce qu'elle contient son sens le plus profond. 
(Extrait d'un entretien entre Visconti et Lino Micciche, dans Luchino Visconti cinéaste, d'Alain Sanzio et Paul-Louis Thirard, Ramsay, 1986.)


Photographie : Visconti règle une scène de Mort à Venise


Sur Visconti, on pourra se promener : 

Gruppo di famiglia Visconti Drieu via Visconti, Joël H. via Guidoni  Le décor d'une vie -1-
Le décor d'une vie -2-  Le décor d'une vie -3-  Luchino est mort !  L'enchanteur du XXe siècle (1)