mardi 30 mars 2010

L'homme à cheval

Lorsque j'ai pris cette photographie, j'ai pensé au général d'une armée innombrable venue des nuées. C'est manqué, mais il reste quelque chose…

Photographies © PM

vendredi 26 mars 2010

Le fantôme du métro aérien 3

Après la sortie du film, de la gauche à la droite, toutes les ligues, politiques et/ou morales, de vertu y vont de leur couplet, et les moins passionnées ne sont pas les féministes. Le dernier tango exprime un machisme répugnant, attentatoire à l'image des femmes, des fantasmes de bourgeois oisif et décadent…
Pourtant, il s'agit bel et bien de la défaite d'un homme, de sa capitulation amoureuse en rase campagne devant une jeune fille, bouleversée d'abord, excitée ensuite, méprisante très rapidement.
Les ligues féministes, à la manière de l'allégorie guerrière qui rend hommage au comportement des français à Bir-Hakeim, lançait l'assaut contre le symbole du sexisme mâle arrogant (la tour Eiffel).

Photographies © PM





Le fantôme du métro aérien 2

Le fantôme du métro aérien 2 (la suite en images)

Photographies PM (sauf Maria Schneider et Marlon Brando, extraite du film Le dernier tango à Paris, de Bernardo Bertolucci
Avec Marlon Brando, Maria Schneider, Maria Michi, Jean-Pierre Léaud, Massimo Girotti ; Italie – France 1972)





Le fantôme du métro aérien 1

Karl Malden (1912-2009) connaissait bien Marlon Brando. Ils ont joué ensemble dans Un tramway nommé désir (1951), Sur les quais (1954), signés d'Elia Kazan, et La vengeance aux deux visages, dirigé par Brando (1961). Pendant le tournage de Sur les quais, les deux hommes feignirent de s'affronter aux poings. Brando mit dans l'affaire un réalisme grandissant, jusqu'à porter de vrais coups, excitant Malden à se défendre. Ce qu'il fit. Malden était un colosse, plutôt doux de caractère; mais enfin Marlon s'excitait ! Karl, sans trop appuyer, lui plaça un direct dans la mâchoire, alors que le poing de Marlon venait s'écraser sur son énorme épaule. Fin du combat ! Brando s'en sortait avec un bleu et la main enflée ! Des années après, il riait encore de cet épisode, concluant par les propres mots de Karl Malden : «Boxe dans ta catégorie, man !».
Par la suite, Marlon connut des défaites, des retours, des épreuves, des provocations. On le crut souvent à jamais perdu pour le cinéma, pestiféré. Vomi par les producteurs, maudit par Hollywood, toujours il revint, plus glorieux, plus énigmatique.
Vous trouverez dans Beau gosse (1) Brando sur le trottoir, une vidéo rare du jeune homme ironique, et un rappel en images du Dernier tango à Paris. Récemment, je suis retourné sur les lieux où les faits se sont produits. Un homme fatigué, vieillissant, ténébreux, croise une jeune fille dans un bar, traverse le pont de Bir-Hakeim, entre la Seine et le métro aérien, retrouve la jeune fille dans un appartement, de l'autre côté du fleuve.
Que croyait-il ? Que voulait-il ? Le beurre et l'argent du beurre ?

Photographies PM







jeudi 25 mars 2010

Un ami inconnu ?

Au mois de décembre 2009, nous avons eu la visite, très discrète, d'un blogueur russophone, surnommé Bardist, dans le fil de l'article Sortez vos mouchoirs ! (# Chez les tziganes (1). Son monde me plaît, il est peuplé de tziganes, d'écrivains, d'artistes, on y croise Robert Hossein et Jeff Kessel. Il serait bien que ceux qui comprennent la langue russe se rendent chez Bardist et nous disent un peu ce qu'il en est, de ce garçon a l'air aimable.
J'ai trouvé, chez lui, ce torrent sentimental : je pleurerai tard dans la nuit, pour noyer mon chagrin et pour oublier mon malheur. Violons, c'est à vous !
De son côté, Corinne nous signale son goût pour Nilda Fernandez, que je m'empresse de placer ici, afin de la satisfaire et parce que j'aime bien Nilda Fernandez.
Gitans, tziganes, espagnols, slaves, yiddish lamento : que toutes les mélancolies viennent nous serrer le cœur et nous envahir l'âme !
J'ai ajouté une version de Besame mucho au piano, par celle qui composa cet air, la compositrice mexicaine Consuelo «Chela» Velazquez, musicienne remarquable. Il me semble qu'elle a sa place ici, ce soir.





mercredi 24 mars 2010

On prend la route

Le temps de boucler les valises, et nous sommes partis : la Carretera est longue, pleine de promesses et d'embûches, comme la «road 66».
On dit le plus grand mal de ce chanteur de charme démodé. Je trouve cette chanson superbe.

mardi 23 mars 2010

Des chansons en écharpe 2

Suite de la sélection de chansons et de thèmes de l'article Des chansons en écharpe 1





Le cortège de Jean 2

Suite des chansons choisies pour illustrer l'article intitulé Le cortège de Jean 1






Mouloudji - un jour tu verras
envoyé par Salut-les-copains. - Regardez plus de clips, en HD !


TOUT FOUT LE CAMP MOULOUDJI
envoyé par Kashuc. - Regardez plus de clips, en HD !

http://www.youtube.com/watch?v=-dEWPPnpJ3o
http://www.youtube.com/watch?v=EZAWuCpo0wI
http://www.youtube.com/watch?v=fYz1McbeXsM

lundi 22 mars 2010

Des chansons en écharpe 1

Occasion pour moi d'adresser un salut de reconnaissance à un homme si discret qu'il disparut comme il vécut : sans faire parler de lui, en catimini, avec la crainte de déranger. Nous lui devons l'une des plus tendres chansons jamais écrites : L'Écharpe.
Nous avons beaucoup évoqué Jean Ferrat ; voici Christine Sèvres, qui partagea sa vie : sa chanson est signée de son mari.
Enfin, un interprète qui ne va pas m'attirer des sympathies, mais c'est ainsi : le texte de Jean-Pierre Bourtayre est délicatement écrit et la voix de Michel Sardou, superbe.
Cécile Guilbert, très «cuir et lèvres rouges» avec une voix d'ordonnatrice de plaisirs sévères, et dont la troublante beauté m'évoque celle de Natalia Medvedeva (voir article Le cortège de Jean) ne doit pas apprécier Sardou. En revanche, elle goûte fort le duc de Saint-Simon.
À propos de l'incandescente Medvedeva, la voici, amaigrie, fatiguée, dans un chant puissant et rauque, qui me paraît être «de guerre» et peut-être en faveur des Serbes. Les Serbes, ce peuple mis au ban du monde, désigné comme criminel par l'élève préféré du philosophe Botul…
Je sais, pour la Serbie (pas pour le philosophe) c'est discutable ; ce soir, je suis discutable : la France sous contrôle «Vercialiste» (les Verts augmentés des socialistes) me déprime.
Mick Hucknall est le roux chanteur de Simply Red, groupe surgi de Manchester au milieu des années Quatre-vingt, dans Holding Back The Years. Manchester, la rivale de Liverpool : c'est par ces deux villes exceptionnelles, très énergiques, que nous découvrîmes le blues, la soul et le rock. Il y a ces trois sonorités dans la voix de Mick Hucknall.









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vendredi 19 mars 2010

De profil, de dos et de face

Hier, j'ai vu un cavalier, un homme endormi, un couple et une jeune femme.
Le cavalier surgit comme une apparition. Le couple était composé d'une femme et d'un homme de petite taille, replets, éminemment sympathiques, avec une pointe d'extravagance. Ils étaient étrangers, peut-être américains. On les sentait heureux de se trouver à Paris. C'est lui qui a voulu faire halte au bord du bassin des Tuileries.
Plus tard, je croisai une jeune femme, seule. Elle fumait une cigarette, appuyée contre un pilier. Elle goûtait ce moment ensoleillé, les yeux vers l'horizon. Je suis revenu sur mes pas, et j'ai osé lui demander si elle consentait à ce que je la prenne en photo. À ma grande surprise, elle n'a pas dit non d'emblée, elle m'a simplement suggéré quelques éclaircissements, que je lui ai donnés. La condition est simple : si le blogue ne lui plaît pas, elle me demandera de retirer son portrait. Je ne suis pas satisfait de mon cliché, il ne rend pas compte de l'impression qui m'a saisi lorsque je l'ai aperçue. J'ai songé alors à ces héroïnes du cinéma d'avant-guerre, à ces femmes sans passé qui suivent un destin contrarié. Elle parvient en outre à paraître athlétique et sexy, ce qui, dans mon esprit, est incompatible. Et puis cette silhouette de chair et de muscles fins, cette robe et ces bas noirs, dans l'après-midi parisien que le printemps commençait à enlacer…
Je lui donne pour compagnon Marlon Brando, sa présence torride malgré sa mine boudeuse, ses épaules encore puissantes sous le fameux manteau de cachemire.
Et, pour les faire danser tous deux, je passe Addicted To Love, par Robert Palmer, l'impeccable Palmer, terrassé par une crise cardiaque dans un grand hôtel parisien (épectase ?) ; ainsi qu'un hymne aux bas de femme en maille de filet de pêcheur, Fishnet Stockings, par Brian Setzer (ex Stray Cats) et son orchestre…

DERNIÈRE MINUTE : Pour tenter de dissiper ma migraine «vercialiste» (forte teneur de l'air en gros ions verts et socialistes), j'augmente la dose d'antidépresseur en plaçant ici l'éblouissante version des Feuilles mortes (Autumn leaves) par Eva Cassidy, chanteuse américaine que ses possibilités vocales et son audace sonore destinaient à une magnifique carrière pop-jazzy . Mais le cancer l'a emportée.

Photographies © PM (sauf Marlon Brando, extraite du film Le dernier tango à Paris, de Bernardo Bertolucci
Avec Marlon Brando, Maria Schneider, Maria Michi, Jean-Pierre Léaud, Massimo Girotti ; Italie – France 1972)























mercredi 17 mars 2010

Le cortège de Jean 1

Ce n'est pas si facile d'oser écrire une telle chanson (L'Embellie), quand on est un homme ! On pourrait y voir de la mièvrerie, un abandon sentimental. Le quotidien Libération, très apprécié des nouveaux libertaires, courant après tous les mouvements de la mode à la manière des otaries sur une piste de cirque, a parlé de «crooner rouge» à propos de Ferrat. Suivait un article que, pour ma part, j'ai trouvé calamiteux. Ferrat ne «croonait» nullement, il ne fut d'aucune façon le Franck Sinatra du Parti communiste, même s'il a chanté, un peu trop à mon goût, le Programme commun sur fond de violons. Le premier crooner français s'appelait Jean Sablon, le second Charles Aznavour. Alors que Ferrat a inauguré l'irruption du monde moderne et de la vie quotidienne dans la chanson de charme. À ses débuts, il n'était plus vraiment «rive gauche» et pas du tout yéyé. Sa voix, à la fois grave et douce, modulait admirablement le lyrisme de son propos, et sa lèvre inférieure semblait une tendre blessure. Je vois bien que son public formait le peuple de France, qui se reconnaissait dans cet élégant garçon maigre, à la voix de velours et à l'accent parisien.
Vous trouverez ci-dessous une sélection d'airs, de mots, de visages qui, je le crois, vous «enchanteront». Ils font un cortège baroque à Jean Ferrat. Vous verrez, à la fin, le très beau visage de Natalia Medvedeva, poétesse, écrivain, chanteuse, fascinante figure russe, qui m'évoque un peu la fameuse Nico (voir article Nico, une allemande dans la Factory). Née en 1958, décédée en 2003, elle avait épousé Edouard Limonov, voyagé aux Etats-Unis, s'était installée à Paris. Violente, excessive, déterminée, animée d'une audace vraie, elle se moquait de nos petites frilosités de français raisonneurs.
Nadia voudra-t-elle bien nous traduire ses propos ?
Note : la suite des chansons se trouve dans l'article Le cortège de Jean 2
















mardi 16 mars 2010

Il fait beau comme en avril

Pour illustrer ce jour particulier, où l'on enterre Jean Ferrat, quelques photographies et la chanson Caruso, interprétée par son créateur, Lucio Dalla, à Verone. Le fameux ténor sicilien, Enrico Caruso, attend la mort à Sorrento, entre les souvenirs et l'éblouissement de la Méditerranée (la traduction de la chanson présente de grandes difficultés, auxquelles je ne me confronterai pas. Les images et les sentiments s'y bousculent. C'est bouleversant !)

L'air de Paris, ce matin, était doux ; aux Tuileries, les filles et les garçons s'offraient aux premiers rayons chauds du soleil. On vit, on aime, on meurt, c'est dramatique et banal.

Je déteste, par ailleurs, l'image de M. Huchon (les vacances de M. Perhuchon !) au bras de Cécile Duflot à Aubervilliers. Je redoute l'alliance des Verts et du PS, leur petite cuisine du Bien relevée de réalisme. J'éprouve une sorte d'effroi devant la perspective qui s'ouvre devant moi : Paris, ma ville grise, mon encanaillée, ma jolie môme aux courbes affolantes, livrée au délire de ces jardiniers exécrables ! Je n'attends rien du parti socialiste, et je redoute tout des Verts. La France qu'ils fabriquent ne me plaît pas.

Une anecdote amusante et plutôt à mon avantage (c'est pourquoi j'en fais état) : au cours de cette séance de prise de vues, un homme m'a aperçu en train de photographier sa femme. Il a crié dans ma direction, en me menaçant du poing : «Pas photo ! Pas photo !». J'ai obtempéré, en lui donnant, d'un geste aimable et un peu moqueur, un baiser, pour lui faire comprendre que j'acceptais son point de vue. Mais c'est qu'il l'a très mal pris ! Furieux, il s'est dirigé vers moi d'un pas pressé, et il m'a d'abord apostrophé d'un «Pédé !» sonore. Puis il a voulu me frapper. J'ai paré le coup, posé mon sac et je me suis mis en garde, comme je l'ai appris pendant mes séances de boxe. Il a lancé bien maladroitement sa jambe en avant, mais, s'il n'avait pas l'esprit léger, il avait le pied trop lourd. Ensuite, je l'ai senti bien désemparé, presque désarmé. Mais, comme il se montrait encore agressif, j'ai frôlé son menton d'un crochet du droit, à peine appuyé ; une caresse un peu rude… Déséquilibré, il a reculé de plusieurs pas, en m'injuriant de plus belle. Un type est arrivé, qui s'est interposé, et l'a entraîné au loin. J'ai entendu mon agresseur dire à notre «arbitre» : «C'est un pédé ; il a voulu m'embrasser !». J'ai beaucoup ri de la situation et de sa conclusion. Le nombre de fois où je me suis fait traiter de pédé ! Réputation tout à fait usurpée ! Quelques minutes après, je recevais un appel d'un ami suédois, à qui j'ai rapporté le petit événement. Connaissant mon tempérament, il ne s'est pas étonné, mais il m'a recommandé de faire attention.
Je ne cherche pas la bagarre mais, quand elle arrive, je ne la fuis pas, surtout si je vois que j'ai mes chances… Dans un affrontement aux poings, je suis un excellent poids moyen, mais je crains le couteau. Depuis plusieurs mois, je sens monter la violence physique.

Photographies © PM




















dimanche 14 mars 2010

Isabelle et Jean

Elle l'admirait et le chantait admirablement. C'est par elle que nous rendons hommage à Jean Ferrat.
Puis, par Ferrat, cette déclaration de foi, que je fais mienne : Nul ne guérit de son enfance.
Et j'ajoute, pour le plaisir, parce que je suis compliqué, que je brouille mes pistes, et que je ne cherche pas à m'y retrouver mais bien à me perdre, cette petite séquence malicieuse, où l'on voit Serge Gainsbourg acquérir aux enchères le manuscrit original de La Marseillaise.
Et encore ceci : Hervé Villard, autre très grand artisan de la chanson populaire, dans un bref hommage à Alain Leprest.
Enfin, une chanson d'Alain Leprest précisément, garçon meurtri, que j'associe à Jean Ferrat, que l'on n'entendra pas à la télévision, parce que celle-ci a froidement décidé de tuer la culture française et sa forme la plus simple, la chanson.
La ultima : Francesca Solleville chante Mes amours
Pour finir, un reportage récent consacré à la vente des disques de Jean Ferrat, pour faire honte aux «décideurs» et autres programmateurs, qui prétendent connaître et gouverner nos goûts.
Et encore, encore ! Pour tous les chiens aux beaux yeux fendus de loup, souvent sauvés de la misère et des coups, qui m'accompagnèrent, et qui dorment quelque part, ce salut de Ferrat à son chien Oural.

Pour Nadia et pour toutes et tous, deux nouvelles chansons par Jean Ferrat, sur des poèmes d'Aragon (J'avais été très impressionné par ce vers :
La nuit sur ma gorge qui met
Ses doigts gantés de souveraine)
Ainsi qu'un superbe texte du même Aragon, par Monique Morelli (merci Joël !), amie de Ferrat, Maintenant que la jeunesse

Salut à Lettres de Moscou (j'adore Tanya mais, vraiment, je ne supporte pas cet Avigdor Liberman !)






















vendredi 12 mars 2010

En vitrine

Ici, viendra un petit développement sur la mode, et, surtout, sur la haute-couture, dont l'agonie interminable nous a trop occupés pour que nous percevions le moment oû elle mourait vraiment. Deux événements nous y ramènent : le suicide du prétendu «bad boy» Alexander McQueen (sans doute désespéré après le décès de sa propre mère) et, beaucoup moins dramatique, et même très comique, le «désir de procès» qu'aurait ressenti le styliste Marc Jacobs en découvrant un sac portant la griffe d'un dénommé Christian Audigier, présenté depuis quelques mois comme un «créateur, confident des stars d'Hollywood». M. Jacobs aurait manifesté une sorte de haut-le-cœur, suivi de trépignements, à la vue de l'objet, par ailleurs proprement hideux, avant de considérer qu'il pourrait s'agir d'une contrefaçon, ou d'une mauvaise copie…
Cette dernière petite comédie signale à sa façon le malaise général qui frappe le monde de la couture, autrefois dignement futile. Nous y reviendrons.
En attendant, voyez ces reflets et coïncidences de vitrines.

Note : nous avons une pensée très amicale pour Corinne, qui se trouve sans doute encore auprès de son père.

Photographies © PM