vendredi 29 octobre 2010

Vue de dos

Je ne me lasse pas. Depuis le temps que je tente de capter son attention, de me faire remarquer de cette icône glacée, elle ne m'a même pas accordé un regard. Je la suis sur les murs de Paris, dans les abribus, dans les boutiques (Tous ici ) … Elle m'ignore. Pire encore, aujourd'hui, elle m'a tourné le dos. On dirait qu'elle a inversé les rôles : elle est dehors, je suis à l'intérieur : un petit vieux dans la vitrine…
Julio Iglesias a fort bien parlé de mon tourment…





jeudi 28 octobre 2010

À vue d'œil






Les premiers lecteurs de ce blogue connaissent Olyvier, que nous avions tous croisé chez causeur.
Il ne se manifestait plus à Causeur, mais nous étions en relation. Je savais qu'il développait l'un de ses talents, la photographie. Je crois que, prochainement, nous entendrons parler de lui, de ce point de vue ; il dispose d'un fameux œil, et il est animé d'un immense désir. Il «veut» les visages, les postures, les corps, il est d'une sensibilité extrême à ces courants d'émotion qui circulent mystérieusement en chacun d'entre nous, se manifestent dans l'éclat d'un regard, dans une pause timide ou contrariée. Il parcourt habituellement cette partie du monde où les choses et les êtres sont comme exacerbés, dans un état de nerfs à vif, toujours plus fiévreux, plus ardents. La fièvre, l'ardeur, le désir, mais aussi l'aspiration au bonheur paisible, voilà bien ce qui me paraît qualifier Olyvier.
Il y a autre chose : il écrit parfois sur le mode affolant des sortes de confidences sacrées, arrachées à sa pénombre. Olyvier gagne à être vu et ne perd rien à être lu. Actuellement, il est en Turquie, où il se laisse surprendre, où il peut partager des secrets très anciens.
Il m'a autorisé à vous présenter deux de ses photographies.
Enfin, une exposition lui sera bientôt consacrée, à Paris ; nous devons nous voir en novembre, je vous en reparlerai.


«J'ai tenté de saluer vos amies sur Tous les garçons, mais quelque chose bloque l'image de vérification... J'en suis désolé, j'ai l'air d'un mufle.
Bien à tous,
Olyvie


Légendes des photographies :
Le portrait : deux mécaniciens à Azrak, Jordanie
La maison : maison palestinienne à Zarka, à l'extérieur du camp de réfugiés
(Voir dans le présent blogue Un brin d'Olyvier)


Photographies : Olyvier

Un bagage dans la vie

«Après ma mort, vous ferez une valise de ma peau.» (Paul Morand)
Très belle exposition, actuellement au musée Carnavalet.
Expo ou pub ?


Vuitton nous invite au voyage à Carnavalet

Fatale privation

Harry Nilsson (1941-1994) fut l'un des artistes les plus doués de sa génération, avec les Beatles. Il composa, entre autres, la chanson Everybody's Talkin, dont John Schlesinger fit le thème musical de son film Macadam cowboy. En outre, il montait les octaves d'une manière vertigineuse. Mais quelque chose l'entravait, l'empêchait de trouver le repos. L'alcool fit le reste. Il mourut prématurément.
De lui, par lui, cette superbe plainte sulpicienne, Without you, massacrée par une certaine Mariah Carey.




Harry Nilsson Without You
envoyé par paradixman. - L'info video en direct.

Photographie PM

mercredi 27 octobre 2010

Voici Leonard, sortez vos mouchoirs !





















Cette version, par Leonard himself, sonne très Europe centrale. Inutile de préciser que c'est pour cette raison que je l'ai choisie.
À vos mouchoirs !

Dance me to your beauty with a burning violin
Dance me through the panic 'til I'm gathered safely in
Lift me like an olive branch and be my homeward dove
Dance me to the end of love
Dance me to the end of love

Oh let me see your beauty when the witnesses are gone
Let me feel you moving like they do in Babylon
Show me slowly what I only know the limits of
Dance me to the end of love
Dance me to the end of love

Dance me to the wedding now, dance me on and on
Dance me very tenderly and dance me very long
We're both of us beneath our love, we're both of us above
Dance me to the end of love
Dance me to the end of love

Dance me to the children who are asking to be born
Dance me through the curtains that our kisses have outworn
Raise a tent of shelter now, though every thread is torn
Dance me to the end of love

Dance me to your beauty with a burning violin
Dance me through the panic till I'm gathered safely in
Touch me with your naked hand or touch me with your glove
Dance me to the end of love

Donne-moi accès à ta beauté au son d'un violon qui brûle
Fais-moi danser au milieu de la panique, jusqu'à ce que je rassemble mes esprits
Soulève-moi tel un rameau d'olivier et sois ma colombe annonciatrice
Fais moi danser jusqu'à la fin de l'amour
Fais moi danser jusqu'à la fin de l'amour

Révèle-moi ta beauté quand tous les témoins seront partis
Par le mouvement-même de ton corps, permets-moi de rêver à Babylone
Révèle-moi doucement ce que je pressens être des limites
Fais moi danser jusqu'à la fin de l'amour
Fais moi danser jusqu'à la fin de l'amour

Fais moi danser à la noce, aujourd'hui, encore et encore
Fais moi danser tendrement, fais moi danser longtemps
Nous sommes en-deçà de l'amour, nous sommes au-delà,
Fais moi danser jusqu'à la fin de l'amour
Fais moi danser jusqu'à la fin de l'amour

Fais moi danser pour les enfants qui demandent à naître
Fais moi danser à travers ces voiles que nos baisers ont usés
Dresse une tente, un abri, qu'importe qu'il soit fait de lambeaux
Fais moi danser jusqu'à la fin de l'amour
Fais moi danser jusqu'à la fin de l'amour

Fais-moi danser jusqu'à percevoir ta beauté au son d'un violon qui brûle
Fais-moi danser au milieu de la panique, jusqu'à ce que je rassemble mes esprits
Effleure-moi de ton doigt nu ou ganté
Fais-moi danser jusqu'au bout de l'amour
Fais moi danser jusqu'à la fin de l'amour

(Traduction très, trop, libre de PM. On peut apporter ses corrections)



Photographie PM

Cocomérages

Dehors, la nuit parisienne est glaciale et humide.
Ce que Coco dit de la solitude est terrible, mais c'était son lot. Nous reparlerons de Mademoiselle plus longuement. Passant, comme souvent, rue Cambon, où elle s'installa, j'ai «volé» quelques photographies. Elles ne sont pas très bonnes, j'en conviens. On y voit le fameux escalier, avec son jeu de miroir qui lui permettait, dissimulée, de tout voir. Son appartement est resté tel qu'elle l'a décoré, et c'est un exemple de goût. Mais, chaque soir, elle gagnait l'hôtel Ritz, où elle vivait à l'année, par un accès plus discret que celui de la place Vendôme, situé un peu plus haut dans la rue Cambon. Entendez le témoignage du plus grand coiffeur pour dames du XXe siècle, Alexandre dit de Paris. Ce qu'il nous confie de Gabrielle Chanel me paraît inspiré par le respect et l'affection.
Bien sûr, ce sujet, par les temps qui courent, est d'une détestable futilité. J'ai grandi dans la futilité, je finirai inutile.







mardi 26 octobre 2010

De la part d'Anne

Voici ce que le génie afro-cubain peut faire d'un «standard». La chanteuse en blanc se nomme Celia Cruz, ses complices sont désignés les uns après les autres. Quelles voix, quelle présence et quel orchestre ! Je forme des vœux pour que Cuba cesse enfin de n'exister que dans l'inconscient d'un vieillard et de la camarilla qui l'entoure. Il doit bien y avoir un chemin entre cette prison tropicale, gardée par des militaires, des policiers et leurs délateurs, et le dieu dollar !

lundi 25 octobre 2010

Dedicated to… (5)

… Jean-Michel Théaux




… tous les abonnés de Tous les garçons



… tous ceux qui passent ici

Dedicated to… (4)

… Pierre (Mac et Kate)



… Jean-de-la-Lune



… someone

Dedicated to… (3)

… Joël



… Jérôme Leroy



… Albertine



(à suivre)

Dedicated to… (2)

… Anne



… Tanya



… Nadia


(à suivre)

Dedicated to… (1)

Émilie



Corinne



(à suivre)

dimanche 24 octobre 2010

La voix de l'Amérique 3

Johnny Cash, American VI, For the good times

Rien n'égale cette version de Johnny Cash, qui nous dit adieu. Le thème de la séparation irrémédiable est admirablement servi par la voix un peu lasse de JC, qui libère une sérénité objective, signale un accord résigné mais lucide avec les lois de la vie.
JC fut un homme jeune, plein de contradictions. Il connaîtra l'enfer de la drogue, puis la maladie, longue, épuisante. Désormais, il est vieux, il va mourir.



La chanson est de Kris Kristofferson ; c'est un blues sur la rupture inéluctable, une sorte de contemplation du chagrin qu'éprouvent deux êtres, qui furent épris l'un de l'autre. L'ambiance est délicate, on y perçoit l'hésitation, le geste retenu avant l'adieu. Rien n'est encore définitif, malgré l'usure des êtres et des sentiments.

Don’t look so sad, I know it’s over, but life goes on.
And this old world will keep on turning.
Let’s just be glad we had some time to spend together.
There’s no need to watch the bridges that we’re burning.

Lay your head, upon my pillow, hold your warm and tender body close to mine.
Hear the whisper of the raindrops blowing soft, against the window.
And make believe you love me, one more time, for the good times.

I’ll get along. You’ll find another. And I’ll be here.
If you should find, you ever need me, don’t say a word about tomorrow, or forever.
There’ll be time enough for sadness when you leave me.

Lay your head, upon my pillow, hold your warm and tender body close to mine.
Hear the whisper of the raindrops blowing soft against the window.
And make believe you love me, one more time, for the good times.


Enfin, la même, par le «révérend» Al Green : une toute autre version, gospel, très sensuelle, portée par la voix d'église et de prêche de «Father» Green. Magnifique !



«Ne sois pas triste ! C'est la fin, je le sais, mais la vie continue.
La terre ne cessera pas de tourner.
Réjouissons-nous du temps que nous avons passé ensemble,
Il est vain de regarder en arrière (Tous nos ponts sont en flamme)

Pose ta tête près de la mienne, presse contre le mien ton corps chaud et tendre,
Entends le murmure que font les gouttes de pluie en heurtant doucement la fenêtre,
Laisse-moi croire que tu m'aimes encore, comme avant.
»

[…]

Voilà, c'était ma dernière contribution aux amours mortes en automne, à la tendre et nécessaire mélancolie qui nous étreint en cette saison de brume. Et si notre visage est humide, c'est qu'il a reçu l'averse, au dehors…




samedi 23 octobre 2010

La voix de l'Amérique 2

The First Time Ever I Saw Your Face est une chanson écrite par Ewan MacColl. Nombre d'artistes l'ont interprétée, dont Elvis Presley, mais, en ce moment, je suis très Johnny Cash ; ça me «déchire», comme disent les mômes.
C'est une vraie chanson d'amour, qui exprime une sorte de révélation, amplifiée par le baryton de JC. Avant l'amour, c'est déjà l'amour, après l'amour, c'est encore l'amour.
C'était ma contribution à l'amour en automne.

vendredi 22 octobre 2010

La voix de l'Amérique

Une chanson, Can't Help But Wonder Where I'm Bound, et trois interprètes différents.

Par son créateur, Tom Paxton, dans une sorte de hangar, en compagnie de ce jeune type en cuir : on se croirait dans un western. L'Amérique des grands chemins et des belles espérances.

I Can't Help But Wonder Where I'm Bound
(Tom Paxton)

It's a long and a dusty road
It's a hot and a heavy load
And the folks that I meet ain't always kind
So are bad, some are good
Some have done the best they could
Some have tried to ease my troubling mind

And I can't help but wonder where I'm bound
Where I'm bound
And I can't help but wonder where I'm bound

I have wandered thru this land
Just a doing the best I can
Tryin to find what I was meant to do
And the people that I see
Look as worried as can be
And it looks like they are a wondering too

I had a little girl one time
She had lips like Sherry wine
I loved her til my head went plumb insane
But I was too blind to see
She was drifting away from me
And my good gal went off on the morning train

And I had a buddy back home
But he started out to roam
I hear he's out by Frisco Bay
And sometimes when I've had a few
His old voice comes a ringing thru
And I'm going out to see him some old day

If you see me passing by
And you sit and you wonder why
And if you wish that you were a rambling too
Nail your shoes to the kitchen floor
Lace them up and bat the door
Thank your stars for the roof that over you




Par Johnny Cash. La voix du grand JC a vieilli, mais comme elle est émouvante ! Et comme il a eu raison de dépouiller son ultime enregistrement !



Et par Joe Dassin, l'adaptation française, qui n'est pas déplaisante, quoi que très éloignée du texte initial.



Voilà ! C'était ma contribution à la mélancolie de l'automne et à la douleur des amours mortes.

mercredi 20 octobre 2010

La petite anglaise

Nous sommes deux amis que la nuit seule sépare. Tout nous unit, l'enfance, les jeux, la curiosité pour les choses neuves, le goût de Paris, entre l'avenue de Villiers, le parc Monceau, parfois le square des Batignolles. Nous habitons à deux cents mètres l'un de l'autre, et nous allons du porche de son immeuble à celui du mien, dans un va et vient toujours recommencé, incapables d'interrompre nos conversations Toute séparation nous est insupportable, même celle qui consiste à rejoindre nos foyers respectifs. Deux gosses de Paris, à la fin des années cinquante. Il est le cadet d'une famille nombreuse, l'un de ses aînés commence à s'intéresser sérieusement aux filles, il se rend dans des surprise-parties, il achète des disques, les premiers 45 tours.
Or, nous sommes las du train électrique Hornby HO, avec ses décors de montagne en papier mâché, ses petites gares, ses porteurs à casquette. Nous allons de Tintin à Mauriac. Nous aimons que nos mères viennent nous embrasser, le soir, avant que nous nous endormions, mais nous n'entendons plus qu'avec agacement leurs mises en garde et leurs remontrances. Un jeudi, chez lui, nous écoutons cette chanson. Une magie opère en nous, qui nous métamorphose en playboys des boulevards. Nous découvrons que certaines filles sont «bien balancées». Richard Anthony, grassouillet twisteur à la voix de velours, a fondé une certaine allure française plus rapide, vaguement rebelle, nuancée de rock tendre, séparée des générations précédentes.
Quelques années plus tard, mon ami fracassera sa première MG contre un arbre.




Richard Anthony - Nouvelle Vague

samedi 16 octobre 2010

Une vitrine pour ma cousine


































































Place de l'Opéra, aujourd'hui, fin de l'après-midi d'un bel automne. Dans les vitrines de Lancel, trois portraits géants de Bardot, arguments publicitaires en faveur d'un sac qui porte son nom. Avant Bardot, il n'y eut pas Bardot, après elle, il n'y aura plus Bardot. Elle est d'une génération spontanée, elle ne sera pas reproductible.

En complément, ce délicieux extrait d'un film de Michel Boisrond, Voulez-vous danser avec moi (1959). Son partenaire ici se nomme Dario Moreno. Il faudra qu'un jour je vous parle de cet extravagant bonhomme, qui rendit la France folle de joie et lui donna une furieuse envie de danser ! Un mambo, cousine ?



Photographies PM

Maurice l'oublié

Pour Nadia, qui la réclamait, et pour tous les garçons et les filles…


MAURICE FANON LA PETITE JUIVE

jeudi 14 octobre 2010

Mélancouler avant de sombrer




On dit qu'il vit seul, a-t-il fait le deuil des idéaux passés ?
 Debout sur le seuil, face à ses écueils
Est-il déjà usé ? Comme une lame émoussée

Ni retour de flamme, ni rappel, ni renouveau
A-t-il versé trop de larmes, trop courbé le dos ?

Là bas, loin du monde, lorsque la nuit tombe, par quoi est-il hanté ?
La peur de son ombre, plane-t-elle sur le nombre
De ses amours ratées comme un cœur éclaté ?

Ni geste ni signal, serait-il encore trop tôt ?
A-t-il versé tant de larmes qu'il n'a plus d'eau
Pour baigner son âme et vivre à nouveau ?

Les jours se confondent, a-t-il pu se fondre et apprendre à nager ?
Des lieues à la ronde, personne pour répondre
M'aurait-il mal jugée ? À jamais étrangers

Ni retour de flamme, ni rappel, ni renouveau
A-t-il versé tant de larmes qu'il n'a plus d'eau ?
Privée de son âme, je pars en lambeaux au fil de l'eau.

Un cœur éclaté, extrait de l'album de Françoise Hardy,  La pluie sans parapluie

«Au moment où j’ai reçu la mélodie de Pascale Daniel, sur laquelle j’ai écrit le texte
Un cœur éclaté, j'étais en train de lire tous les romans que je pouvais trouver 
de Rosamond Lehmann. Elle n’en a pas écrit énormément. C’est une romancière anglaise, 
qui avait eu je crois un succès de librairie international, au début du XXe siècle, avec un roman 
de jeunesse qui s’appelait "Poussière". En fait, je suis arrivée à cette romancière par un film 
anglais qui m’avait beaucoup émue et m’avait amenée à lire le livre dont il était l’adaptation,
"Le jour enseveli". La mélodie de Pascale Daniel, est extrêmement mélancolique...
J’ai commencé à écrire dessus, sans penser spécialement au livre "Le jour enseveli".
Mais, petit à petit, je me suis aperçu qu’en fait, sans m’en rendre compte, j’évoquais un peu 
le personnage masculin de ce livre.»

(Françoise Hardy, à propos de la chanson Un cœur éclaté, extrait
de son dernier disque, La pluie sans parapluie)

Le livre ci-dessous, de Rosamond Lehmann, a été publié chez Plon,
sous le titre Le cygne au crépuscule : Fragments de vie



mercredi 13 octobre 2010

Louise, Berliner ensemble

Il est mort d'une crise cardiaque. Sa chanson Louise est d'une tension mélodramatique fort honorable, avec une langueur toute sulpicienne. Bref, Louise restera et, grâce à elle, Gérard Berliner.

dimanche 10 octobre 2010

«Mamant»

« Il n’y a que le dernier amour d’une femme qui satisfasse le premier amour d’un homme.»
La dernière phrase du roman, prononcée par Ronquerolles qui invite son ami à bien placer son amour, a été interprétée comme une dédicace occulte à Mme de Berny […]. Elle paraît plutôt incongrue par rapport au reste de l’histoire où il n’est jamais question de cette combinaison. En effet, cet amour se pose comme l’opposé de la passion romantique, en ce qu’il offre une chance d’éviter l’agressivité entre les sexes. Une femme doit être aussi la mère de son amant. Un jeune homme doit traiter son amante mûre comme une mère.
La duchesse de Langeais et la critique de la passion romantique, Francesco Fiorentino, in L'Année balzacienne 1/2000 (n° 1), p. 223-229, P.U.F éditeur


mercredi 6 octobre 2010

Madame Irma…

Elle donna son dernier récital au théâtre Dejazet. J'y étais. Je l'ai toujours admirée.





M. Girard, fabricant de scandales et de sacs à main

On apprend que l'exposition des photographies de Larry Clark, qui a pour cadre le Musée d'art moderne, sera interdite aux moins de dix-huit ans. Ce qui retient mon attention, c'est ceci : la ville de Paris, son maire, son adjoint aux affaires culturelles sont responsables de ce scandale. Et ils le sont à la manière, biaisée, de cette affreuse gauche, qui dirige désormais nos modes de vie et nos consciences. Georges Pompidou avait, en matière d'art moderne, un goût plus sûr et un courage plus affirmé !
M. Christophe Girard, baigneur des bords de Seine et maroquinier pro-chinois, prétend que la mesure d'interdiction a été prise par respect de la loi sur la protection de la jeunesse. Le public ne s'est pas prononcé. Et pour cause, l'exposition n'est pas encore ouverte. M. Girard, cultureux de métier, marchand de sacs à main de profession, se retranche devant un scandale qui n'existe pas. Ce faisant, il réduit encore un peu la part de liberté des français et des parisiens. Il est pire qu'un père-la-pudeur à l'ancienne, il est respectueux d'une vertu qui ne s'est point offusquée. Cette engeance de gauche domine désormais nos villes. Demain, elle aura tous les pouvoirs. Elle a fabriqué une droite, pour servir à ses ambitions. La droite n'est plus qu'une projection de la gauche.
Je les compisse toutes deux !

Photo PM




lundi 4 octobre 2010

Un salut amical suivi d'une notule pleine de mauvais esprit

Le salut amical est adressé à Anna Valenn, qui est venue nuitamment se placer dans la galerie des portraits, y a déposé sa carte de visite. Je ne la connais pas, et ne sais comment elle est parvenue jusqu'à Tous les garçons. Quoi qu'il en soit, nous l'accueillons avec plaisir et même avec bienveillance. Et puis, elle est inscrite au tableau d'honneur de l'ami Jérôme Leroy, dans sa zone chaviste libérée, Feu sur le quartier général : c'est de bon augure.

Le mauvais esprit, c'est pour un personnage et son livre. Je passais, ce matin, chez Galignani, 224, rue de Rivoli, sous les arcades, ma librairie préférée, située à côté d'Angelina, le salon de thé, dont je parlerai quelque jour. Un certain Dan Franck, fabricant de piètre fiction, vient de signer une nouvelle production intitulé Minuit (Grasset éditeur). Le sujet a tout pour me séduire : la vie littéraire, mondaine, les potins et popotins de Paris pendant la Seconde guerre. J'ouvre la première page, le lis les première lignes, je feuillette, je referme aussitôt. Tout cela sent la fabrique. J'ai sans doute tort, et je laisse parler mon affect : je n'ai jamais pu supporter ce type, qui s'est associé avec Jean Vautrin (alias Jean Herman) pour imaginer les aventures d'un certain Boro. Vautrin et Franck sont des laborieux, et certes pas des hommes « Faits par Dieu pour scandaliser », ainsi que le pensait Bernanos de Céline. Fuyez, si vous m'en croyez ces deux compères et leurs livres mal coupés (comme on le dit d'un vêtement), qui ont la prétention de se frotter à l'Histoire et aux hommes. Même en unissant leurs efforts, ils passent au large de ce joli mot de Pierre Assouline : «L’Histoire est un chaos dans lequel la littérature a vocation à mettre un semblant d’ordre en lui donnant une forme.»Et puis, ces deux types ont des têtes de moralisateurs, de censeurs à principe. Ils doivent penser le plus grand mal des Nazis…
Je m'irrite inutilement, bien sûr, ce M. Franck a bien le droit de redire, en beaucoup moins bien, ce qui fut si bien écrit par tant d'essayistes et d'écrivains. Mais, à la fin, quelle escroquerie que cette prétendue littérature «populaire». Quand je pense qu'on ne lit plus Eugène Dabit, romancier dit populiste, mais surtout écrivain, confident de sa vie mélancolique dans son Journal intime, charmant et poignant chef-d'œuvre d'un curieux garçon d'avant-guerre. On vient de rééditer La zone verte, un très beau récit sans gaité. Pour mémoire, on fit
un film fameux de son roman L'hôtel du Nord (1929). C'était un excellent peintre, par surcroît.


















Photographie extraite du film Hôtel du Nord (DR)
Réalisé par Marcel Carné (1938)
Adapté du roman d'Eugène Dabit, L'hôtel du Nord, par Henri Jeanson et Jean Aurenche, dialogues de Henri Jeanson
Décors d'Alexandre Trauner, musique de Maurice Jaubert
Avec Arletty, Louis Jouvet, Albert Rémy, Dora Doll, Paulette Dubost, Jane Marken, Jean-Pierre Aumont, Berbard Blier, François Périer, Andrex, Henri Bosc et tant d'autres.

samedi 2 octobre 2010

Comme une vitre embuée

Mécanique des fluides

Olyvier avait disparu. Il cherchait quelqu'un, quelque chose. Il vient de me joindre. Ce que j'ai vu, ce qu'il m'a montré est au-delà de ce que je pourrais en dire pour l'instant. Certains d'entre nous sont des dissidents, mais tous, nous traversons des apparences.
Le désir est une poussée exercée sur notre mélancolie ; grâce à ce mouvement mécanique, nous progressons de notre apparence vers celle de l'autre. Ce qui existe avant, c'est le manque, et c'est aussi ce qui subsiste.




vendredi 1 octobre 2010

Leave me alone

Voici l'automne, ma saison préférée ; elle signale le temps des séparations. «Quel joli temps pour se dire au-revoir…».
- Tu pleures ?
- Mais non, c'est la pluie !
- Mais ton parapluie…
- Il est vain contre ce grain !
- Alors, tu pleures !
- Non, je pluie !
- Tu pluies, mais tu ne romps pas ?
- Si, je romps, je le dois, je le puis.
- Si tu t'en vas…
- Je m'en vais !
- Si tu t'en vas, tu me hanteras !
- Mais toi aussi, tu me hanteras !
- Alors, hantons sous la pluie !
- Oui, c'est cela, hâtons-nous de nous hanter.
- Cette idée m'enchante.
- Elle m'enchante aussi. Bref, nous nous enchantons sous la pluie !
- Je suis enchantée de te hanter.
- Et je me hâte de t'enchanter.
- Mais alors, il se produit comme un enchantement, comme un philtre sous cette voûte de pluie. Notre séparation est tout de même occulte !
- Je te tutoierai, tu m'envoûteras.
- Dis-moi tu, oui, et je t'avouerai que je te veux.
- Toujours, je t'ai voué un culte.
- Allons sous cette voûte, nous y ferons un vœu…