samedi 6 juillet 2013
Arthur R., clandestin sur la terre
LEO FERRE - On n'est pas sérieux quand on a 17... par l0ve_0n_the_beat
Dix-sept ans ! Un garçon, un rustre, brutal, grossier, avec des diamants dans la bouche, un voyou, un hirsute des barrières, un piéton cérébral qui ne cessa pas de marcher… Un récalcitrant fuyant son ombre, sans passé, un marchand, un trafiquant, furieux d'avoir été roulé, réclamant son dû, âpre au gain, les reins brisés par une ceinture pleine d'or, qu'il ne quittait jamais. Un géographe silencieux, prompt à la colère, méfiant, un cavalier au corps sec et noueux, lancé sur les pistes de cailloux et de sable. À la fin, rongé par une tumeur osseuse qui lui dévorait la jambe, traversant le désert sur une litière, à dos d'homme, souffrant le martyr pendant la traversée jusqu'à Marseille. La lente agonie, les chairs torturées, des rêves de ciel de plomb et de pistes brûlées par le soleil, les dernières paroles de Rimbaud l'Abyssin pour organiser la caravane, et les ordres d'embarquement.
Il n'y eut pas deux Rimbaud, mais un seul, de son pays de pluie jusqu'aux dunes mouvantes, un seul Arthur R., passager clandestin sur la terre.
Sur Arthur, on lira caravanier
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12 commentaires:
Mon préféré:
L'Éternité
Elle est retrouvée.
Quoi ? — L'Éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil
Âme sentinelle,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.
Là pas d'espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi ? — L'Éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
Le poème du dégagement et de la libération....
A propos, on ne peut pas dire que les commentaires de Causeur soient en passe de se libérer du politiquement correct qui est pourtant aujourd'hui le comble de l'aveuglement et de la beaufitude ! Je ne les lis plus tant les vieilles lunes de la pensée unique sont plates, prévisibles et ennuyeuses ! En revanche, j'ai beaucoup aimé le vôtre de commentaire, sous l'article de Guillebon !Tout comme
je me suis régalée de votre dernier article, mon cher cousin !
Ma délicieuse cousine, je vous retrouve dans cet état d'esprit qui fait en partie votre charme piquant : décidée, ironique, combative. Je vous imagine sur la plage, offerte au soleil comme à un amant attentionné, offrant aux baigneurs mâles le spectacle de votre chute de reins, qui les fait rêver à la manière des romantiques allemands sur les chutes du Rhin ou Rheinfall (je sais que vous avez l'usage de la langue teutonne sous la main, si j'ose dire…).
Je vous répondrai longuement un peu plus tard dans la journée, mais je voulais vous dire que j'avais, la semaine dernière, retrouvé une lettre de mon ami Edouard de G., dans laquelle il me rapporte un épisode de galanterie, où vous jouez évidemment le premier rôle. Décidément, votre tempérament « strombolien » au déduit ne cesse de m'émerveiller…
On parle de Rimbaud, j'accours!
Et je confirme.
On n'est pas sérieux quand on a dix sept ans de toute éternité.
Cet œil que je vois vert, est impressionnant ! On le rapprochera du regard noir corbeau d'Émilie (voir plus haut), dite La Stromboli
Quant à l'absence de sérieux, Célestine, en effet, de 7 à 77 ans, cela devrait être la règle.
Vous êtes la bienvenue ici..
Être accueillie par un alexandrin, merveille
Ce n'est pas tous les jours!
Post scriptum
C'est gentil a vous de me souhaiter la bienvenue, mais j'y pense maintenant, vous l'avez déjà fait car je suis déjà venue sur le billet précédent. Vous m'avez déjà parlé de mes yeux et de ceux de votre cousine...
Bien a vous
Cet œil que je vois vert, est impressionnant
En effet, c'est un alexandrin, avec rupture à l'hémistiche par surcroît, et dans la diction classique (im pré si io nan). Je mentirais si le vous disais que je l'ai produit consciemment, mais enfin il est là. Décidément, votre œil n'est pas seulement beau, il est également bon (je veux dire exercé).
Certes, je vous ai déjà souhaité la bienvenue ! La première fois, ce fut d'étonnement ; la deuxième, c'était de ravissement, la troisième sera d'entraînement. Et, vrai encore, j'ai comparé votre regard vert (bleu ?) à celui, noir, de ma volcanique cousine. C'est qu'il y a dans vos pupilles respectives un éclat rare et une heureuse ironie, très singulière. Il se peut, Célestine, que je me lasse de le faire observer, mais je me lasserai nullement de vous souhaiter la bienvenue : bien sûr uniquement si, par vos visites, vous m'en donnez l'occasion.
Quel texte ! mon cher Patrick. En quelques lignes ramassées et d'une rare distinction, notre homme est cerné. Combien de travail, de relectures, de recherches ce superbe texte vous a demandé ? On l'apprendrait par cœur pour se le réciter au creux du cœur…
Oui. Rimbaud, « l’homme aux semelles de vent » dixit son copain Verlaine débarque à Aden à l’été 1880, business oblige, je suppose. Cela fait déjà cinq ans qu’il n’écrit plus de poésies, en tout cas sur du papier ; on le soupçonnera d’en écrire plein sa tête. Quoique... Allez savoir...Et puisqu’on parle de tête, peut-être aussi devait-il sauver la sienne, non ? Il y avait cette affaire assez louche et crapuleuse à Chypre. Mais bon. Nous n’y étions pas.
Oui, Rimbaud est un fugueur, un voyageur. Il est allé à Paris, à Bruxelles et à Londres. Qui nous dit qu’il n’est pas passé près de la plage du Touquet, ou en tout cas sur la côte d’Opale, lorsqu’il se rendit à Londres…
Pour conclure aujourd’hui, rallions nous à Julien Green et conservons intacts nos rêves : “Rimbaud. Les explications comiques des professeurs. Tout ce petit monde agitant ses fiches aux pieds de ce diable d’enfant gigantesque.”
in Journal – 15 juillet 1961.
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J'avais il y a un bout de temps publié le poème sur Nuage. L'ami Jérôme LEROY nous disait alors préférer la version du poème qui se termine par :
C'est la mer
Mêlée avec le soleil.
Je lui rétorquai que la version publiée (à l'instar de celle que donne Emilie ci-dessus) est la seule attestée des "trois" versions car elle est authentifiée par un manuscrit. Et de conserve nous en conclûmes d'un très ardent : "OUi ! RIMBAUD,POUR TOUJOURS."
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Décidément, cher Patrick, les plus beaux yeux de la planètes semblent se donner rendez-vous chez vous ...
Cher Jean-Michel, en effet « les plus beaux yeux de la planète semblent se donner rendez-vous chez [moi] ». J'en suis impressionné, même si je n'ignore pas qu'ils se posent durablement ailleurs…
Pour Rimbaud, la citation du grand Green (« ce diable d'enfant gigantesque » est vraiment juste. Rimbaud était habité par un principe de rupture et d'inconfort. Son unicité est inscrite dans son errance, et non pas seulement dans son œuvre poétique. Rimbaud l'abyssin, c'est encore, c'est toujours Rimbaud. Il y avait un scientifique chez cet homme, un géomètre (dans une lettre, il réclame des appareils qui l'aideront à faire des relevés). Enfin, il ne voulut pas peser sur la terre, il ne chercha pas à prendre racine. Mais, capable de tout, il a pu fuir les conséquences d'un acte commis à Chypre, et celles de sa désertion de l'armée néerlandaise ! Rimbaud n'est pas un tendre, il n'a pas éprouvé la tentation romantique, c'est une arsouille surdouée en mouvement, qui arpente le monde à pied. J'ai parcouru toute l'Ardenne, j'ai tenté de comprendre. Je retiens ceci : l'envie de revenir le hante, immédiatement suivie du désir de fuir, et sa mère, sa « mother » est son unique repère humain : il l'a adorée, j'en suis certain.
A regarder de plus près votre commentaire, ce n'est pas un mais trois alexandrins qu'il fallait voir...
Comme quoi mon œil a encore besoin d'exercice!
Cet œil que je vois vert, est impressionnant !
On le rapprochera du regard noir corbeau
d'Émilie (voir plus haut), dite La Stromboli
Je suis bluffée.
Quant à la suite, c'est a dire votre échange
avec NuageNeuf, il est épantelant.
( c'est mon mot) Tout de même,
Les plus beaux yeux du monde...vous exagérez!
Quand je pense à Émilie, je prends douze fois mon pied !
Ah, vous au moins vous savez parler aux femmes avec tact!
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