mercredi 11 janvier 2017

Libido ad libitum ?

Ils sont nombreux les imbéciles, qui se vantaient d'appartenir au parti des Verts, dit EELV. Ils formaient les unités de ce petit troupeau de bêlants des prairies, en apparence rebelles, en réalité plus soumis aux contingences politiques qu'une réunion de petits porteurs de valeurs boursières en chute libre ! Ils manifestèrent mieux que tous les autres la grossièreté d'apparence et d'expression, qui saisit les politiciens médiocres, lorsque leur appétit de pouvoir et de prébendes est bien près d'être satisfait. Multipliant les infractions au code de bonne conduite, ils souhaitaient qu'on les prît pour des enfants terribles, insupportables mais vite pardonnés : ils surestimaient la valeur de leur charme. Ces gens, souvent vêtus avec négligence par mauvais goût autant que par goût de la provocation antibourgeoise assurément, apparurent dans leur vérité navrante. De Mme Voynet à Mme Duflot, jusqu'à Mme Cosse, les femmes de l'écologie ont démontré une satisfaction manœuvrière digne des plus navrants apparatchiks, et leurs homologues mâles, une semblable inconvenance. Installés dans l'appareil d'État, ces personnages se sont comportés comme des convives mal éduqués. Ils se montrèrent trop vite arrivés pour dissimuler qu'ils étaient des parvenus. Ils ont cessé de nous distraire.
Pendant des années, l'effarant M. Baupin, moralisateur de carrefour, assomma les parisiens de décrets et de lois, qui prétendaient faire le bonheur des bicyclettes et le malheur des automobiles. Le plus insupportable dans toute son agitation demeurait son air de bonne conscience, sa satisfaction replète, son arrogance de vainqueur par défaut.
Puis l'inénarrable Baupin se trouva mêlé à un scandale, dont l'avenir et la justice diront ce qu'il fallait en penser. 
Que savait-on  ? Qui savait ? Qu'y avait-il à savoir ?
Baupin est-il une manière de satyre des couloirs et des antichambres, un tire-élastique compulsif, un errant des colloques et des congrès travaillé par le rut, ou bien la victime d'un règlement de comptes entre camoristes de la chlorophylle ? Mais laissons Baupin et toute cette engeance verte.
Qu’est-ce donc que l’amour en France ? Un moment d’abandon à notre magnifique fantaisie animale augmentée de notre imagination rationnelle. Car le plaisir ne s’obtient pas sans le piment de la raison. C’est que, dans ce pays, si nous aimons bien avec le corps, nous aimons mieux encore lorsqu’il s’accorde à l’esprit. Les français s’envoient en l’air… pour prendre de la hauteur ! Aimons nous comme des bêtes, mais ne nous montrons pas stupides au déduit ! La géométrie dans les spasmes admet du spirituel dans ses formules. C’est d’ailleurs la leçon de notre ami Diderot, lorsqu’il écrit à Sophie Volland : « […] qu’est-ce que les caresses de deux amants, lorsqu’elles ne peuvent être l’expression du cas infini qu’ils font d’eux-mêmes? Qu’il y a de petitesse et de misère dans les transports des amants ordinaires ! Qu’il y a de charmes, d’élévation et d’énergie dans nos embrassements. » (1er juin 1759).
À la fin, que reste-t-il des transports amoureux ? Une bousculade de souvenirs, des corps et des visages fondus dans la brume de la mémoire, et l’émouvante impression de s’être glissé dans la ronde éternelle de la séduction et du désir. 
Ces deux êtres, ces deux-là l'un dans l'autre, avant d'être las l'un de l'autre, ne manquent pas d'audace, qui se jouent encore une fois la comédie de la chair, n'est-ce pas Perdican ?
« Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : “ J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. ” » (Alfred de Musset, On ne badine pas avec l'amour, Acte II, scène 5)

Le grand Alfred nous entraîne loin de Caroline Fourest, qui déclarait : « Avec le Pacs, j’ai milité avec des gays, et il m’arrive de me dire: tiens, il est mignon ! Un hétéro, ce n’est pas possible, à cause de ce qu’il a dans la tête. ». Un gay, selon Caroline, c’est bien, c’est franc du collier, c’est doux, compréhensif et jamais brutal. “Ce qu’il a dans tête” est fort présentable, se fonde sur une tendre réciprocité. Le gay, c’est joyeux, le pas gay, c’est triste ! Le gay, la gayte ont la gâterie « girly », le pas gay l’a graveleuse.
N'en déplaise à cet éteignoir de Fourest, si nous savons écouter, le désir nous chuchote à l'oreille une fantaisie audacieuse, charmante, et assurément mélancolique, la petite mélodie de l'éternel retour du même.

Bardot, Godard, ou le désir et sa chute (de reins) : 



Et François Boucher, parce que le XVIIIe a eu souvent les fesses à l'air sans les avoir tristes.
L'Odalisque brune :



















 L'Odalisque blonde :

 















À propos de Bardot, Nuageneuf publie dans son blogue sans pareil une rare et magnifique photographie  https://nuagesneuf.blogspot.fr/2017/01/bb.html#comment-form

Et toujours à propos de B. B., le livre de Marie Céhère, Brigitte bardot, l'art de déplaire, éditions Pierre-Guillaume de Roux, dont je parlerai prochainement, ainsi que quelques divagations dans le présent blogue :  

Sous l'empire de Bardot    Il fait chaud, c'est l'hiver.     Pulpe friction ou le pays de Bardot    

De la musique dans un bas de soie  Faites la moue   Dormez, mes frères, Bardot vous observe !     Un « Grello » qui tintinnabule, une tartine qui dégouline, Bardot et ses « frères »

Les désirables    Une vitrine pour ma cousine   Fin de partie - 11 -  Un brun Olivier     L'indésirable 3    L'éternité fait la moue

6 commentaires:

Célestine ☆ a dit…

Quel billet ! Je ne sais pas quand je vous aime le plus, si c'est quand vous exercez vos dents et vos griffes acérées avec votre pertinence délicieuse et foudroyante sur de veules représentants politiques sans panache, vouez à la roche tarpéïenne à brève échéance, ou quand vous convoquez puissamment dans nos âmes et nos corps une certaine idée de l'amour, courtois, intense et sublime, mêlant adroitement Godard, Musset et Diderot à cette fête des sens inaccessible aux béotiens.
Mais au fond, suis-je obligée de choisir ?
¸¸.•*¨*• ☆

Patrick Mandon a dit…

Ah, ah, Céleste, vous avez l'art de la chute ! Je suis d'ailleurs certain que, même si nous étions plus de deux, beaucoup plus, vous ne choisiriez pas, et vous nous prendriez tous ! En effet, pourquoi, chère Céleste, choisir entre Montaigne et la Béotie ?

Célestine ☆ a dit…

Embrasse -es tous, disait le grand Georges... ;-)
¸¸.•*¨*• ☆

Le Promeneur a dit…

Un très beau texte, salubre et salé, qui ne cède pas plus au cynisme qu'à la "bêtification".
Bravo et merci.

Patrick Mandon a dit…

Le Promeneur, je vous ai croisé quelquefois chez l'incomparabile Florence ; je vous remercie d'avoir laissé vos pas vous guider jusqu'ici. À mon tour, j'ai suivi vos traces, et j'ai beaucoup aimé votre cabinet de curiosités.
Céleste, il me semble que vous apprécierez, vous aussi, l'esprit de ce promeneur.

Nuagesneuf a dit…

Un mois de silence, c'est trop long. Vous nous manquez!