samedi 22 avril 2017

Injoignables

- M'accorderez-vous cette danse, mademoiselle ?
- C'est quoi comme danse ?
- Une valse, la Valse des regrets.
- Non !
- Pourquoi ?
- Je regrette déjà de vous avoir répondu, vous ne voulez pas qu'en plus je regrette d'avoir dansé avec vous !

(La Valse des regrets a été composée par Johannes Brahms, vers 1865. C'est une mélodie simple, avec des accents de douceur et de mélancolie viennoises, qu'aimaient beaucoup Brahms. Louis Poterat a posé des mots sur cet air, dans les années quarante, et Georges Guétary en a fait une chanson. En 2006, Françoise Hardy a conservé l'air, mais a légèrement modifié les paroles).
La Valse des regrets : Françoise Hardy chante, Hélène Grimaud pianote…



- Mademoiselle, vous êtes assise sur des morceaux qui m'appartiennent.
- Et vous, monsieur, vous marchez sur des morceaux qui sont à moi.
- C'est pourtant vrai ! Si vous le vouliez, nous pourrions nous rejoindre.
- À quoi bon ! Il est déjà si malaisé de se rassembler !
- Vous n'avez pas tort !

Françoise Hardy murmure an compagnie d'Alain Delon, Modern Style :



La même chanson par son créateur, Jean Bart, qui se consacre désormais au théâtre :


9 commentaires:

V. s a dit…

Très bel article. Et toutes des choses que je découvre. Deux magnifiques Françoise Hardy. Je préfère d'ailleurs sa version de Modern style à la version originale de Jean Bart.
Les pays sont faits de morceaux qui ne se joignent plus ... où on court dans la rue pour sauver sa peau
C'est d'une actualité brûlante !

Patrick Mandon a dit…

« d'une actualité brûlante » : bel esprit d'à-propos ! Dans ce pays béni des dieux, l'esprit le plus archaïque, le plus cruel, le plus absurdement cruel inspire les actes les plus terrifiants. Nous en sommes là.
Comme vous, je préfère la version Hardy-Delon.

R. Claude a dit…

Jean Bart (Massimo), corsaire de la chanson pop à Calvingrad, est un garçon charmant. Je l'avais rencontré à la fin des années 90 pour la radio. Il a disparu des radars quelques années plus loin. Ensuite, j'ai appris qu'il avait monté des choses au théâtre. La musique l'aurait-elle trahi ? Ses compositions subtiles me manquent.

Patrick Mandon a dit…

Cher Claude, vous évoquez « la radio ». Celle qui vous employait, je suppose. Je comprends mieux votre grande culture musicale (et générale). Oui, Jean Bart se consacre désormais au théâtre, déçu, je crois, de ses derniers échecs en matière musicale, mais, surtout, soucieux d'explorer un mode d'expression, le théâtre et la mise en scène. Toujours heureux de vous croiser.

Anonyme a dit…

Merci Patrick pour ses belles choses, cordialement jdll, amitié!

Patrick Mandon a dit…

Quel plaisir de te revoir ici, cher jdll ! Tu animais un blog passionnant, d'une belle singularité, d'une étrangeté nerveuse, nourri d'une sorte de colère tendre. J'espère vivement que tu vas bien, et que tu repasseras par ici !

Anonyme a dit…

De même Patrick, heureux de discuter avec toi!, sinon, pour le blog en question, houé (rire) ouff,,,j'en suis bien loin, la nausée noir avait dépasser les bornes, entre les pauvres qui m'insulter et les moins pauvres du même acabits qui ne valaient pas tripette ! La rage est toujours la, pour-sur, voilà Patrick, je te suis toujours avec plaisir,pas de soucie pour cela et quelques-uns comme Jérôme leroy, le communiste heureux (rire) et sais pas péjoratif ou Joëlle ( la crevaison) toujours humain

Amitié Patrick

R. Claude a dit…

Cher Patrick,

La radio m'a effectivement permis de rencontrer et de faire causer de belles personnes (A. Bashung, J. Lacouture, E. Daho, N. Hagen, P. Vandromme, J-C. Gallotta, N. Cave, M. Dambre, le biographe de Nimier...), mais ce sont des amis qui furent les vrais "passeurs" vers des univers devenus mes cantons préférés. Si certains furent des complices d'aventures radiophoniques, d'autres intervinrent surtout dans le privé. Par exemple, j'ai lu Roger Nimier grâce à un ami prof de littérature française avec lequel je faisais de la musique. Au milieu des 80's, on tentait d'organiser le chaos sonique pour composer des titres rock.;) Un soir après une répétition, il tira deux livres de poche de son impressionnante bibliothèque et me les lança en disant "Ça devrait te plaire..." Il m'avait prêté "Les Epées et "Les Enfants tristes". Nimier me donna envie de lire Blondin, Déon, Frank, Vandromme - que je retrouvai à Charleroi quelques saisons plus loin -, Chardonne, Drieu, Vailland,... La radio fut l'espace merveilleux où je pouvais parler des créateurs que des amis m'avaient fait connaître.
Bel été
RC

Patrick Mandon a dit…

Cher René Claude, votre témoignage est délicieux pour deux raisons : il arrive « en différé », comme on reprend une conversation quelque temps après l'avoir interrompue. J'aime beaucoup ce genre de phénomène : rien n'était perdu, quelque chose s'accomplissait… Enfin, vous évoquez des noms et des personnages, qui me sont chers. Ils vous ont « constitué », ainsi qu'ils l'ont fait pour moi. Si tout va bien, d'autres après nous entreront dans cette ronde des livres, d'autres jeunes gens à la fois mélancoliques et résolus. Si tout va bien… Merci de ce plaisir partagé.