J'ai trouvé cette chanson, interprétée par le même, à la guitare, et Toni Servillo au chant. J'aime beaucoup Toni Servillo, qui me fut vraiment révélé dans La Grande Bellezza, de Paolo Sorrentino (2013).
Anema e core (anima e cuore, Âme et cœur) est une chanson napolitaine, composée, dans les années cinquante, pour la musique, par Salve D'Esposito, et, pour les paroles, par Tito Manlio (pseudonyme de Domenico Titomaglio. On notera que Tito Manlio est le titre d'un opéra moins connu de Antonio Vivaldi).
Il est question de quelqu'un qui perd le sommeil, de lèvres (de bouches) qui ne veulent pas de baisers, d'appels qui demeurent sans réponses…
Nuje ca perdimmo 'a pace e 'o suonno
Nun 'nce dicimmo, maje pecchè?...
Vocche ca vase nun ne vonno,
Nun so' 'sti vvocche, oj né!
Pure, te chiammo a non rispunne
Pe' ffà dispietto a mme...
Toni Servillo et Fausto Mesolella, Anema e core
Roberto Murolo, Anema e Core
Voici encore Mi votu e mi rivotu, écrite dans les années 1880 par Paolo Frontini (1860-1939), originaire de Catane, très connu et apprécié au-delà de sa terre natale. Le texte original, dans la langue siclienne, dit à peu près ceci en français (pour les premières strophes):
Je me tourne et me retourne en soupirant
Je passe la nuit entière sans sommeil
J'imagine ta beauté
Ainsi va ma nuit jusqu'au jour
À cause de toi je ne trouve pas le repos
Mon pauvre cœur ne trouve pas le repos…
La voici par Carmelo Zappulla :
Enfin, pour mon plaisir (le plaisir est la manifestation la plus aboutie de l'égoïsme aimablement partagé), cet extrait du film La Grande Bellezza :
Un homme (Toni Servillo, napolitain d'origine)) contemple l'arrogante bêtise de certaines choses contemporaines (dont l'art du même nom). Il s'en console en déambulant dans l'incroyable beauté de la ville de Rome et de quelques autres paysages. Il fut un mondain fameux, naguère, un critique d'art courtisé, mais aussi, finalement, soumis et conformiste. Il a vieilli, son esprit, sans s'aigrir, observe avec une distance de sévérité amusée la comédie, à laquelle il accordait tant d'importance. Il n'est pas encore las des êtres et des choses, mais il n'est plus la dupe de lui-même. Il n'a rien perdu de sa séduction, mais il n'en joue plus de la même manière. Bientôt, il n'accordera plus la moindre part au théâtre des apparences, mais, déjà, il ne convoite plus, il ne possède plus : il s'attarde, il contourne, il circonvient. Il ne craint pas la solitude, qui l'attend ; il a anticipé ses plaisirs comme ses désagréments. Il a consenti à s'avouer qu'il avait vécu. Rome est toujours dans Rome, et lui, un jour, n'y sera plus.
Nous sommes les passagers d'un véhicule immobile. Le brouillard qui environne notre course stationnaire et rapide ne nous interdit pas, cependant, de distinguer des formes et des visages adorables, qui peuplent nos souvenirs. C'est ainsi qu'un jour, allégés du chagrin ou de la ferveur qu'ils nous causèrent, ils viennent nous solliciter de ce service intime qu'on appelle la mémoire, par quoi ils survivent encore un peu et nous permettent de durer honorablement.