lundi 14 mai 2018

La vie, événement capital, un peu vain et si mélancolique

Quand j'étais enfant, Mouloudji évoluait sur la scène avec la grâce canaille d'un roi bohémien. Kabyle de Paris, breton par sa mère, homme par les racines, français par les branches, chanteur par le feuillage, il faisait tourner les têtes des filles et de leurs mères.
Je m'aperçois qu'il accompagne parfaitement les petits méandres de la vie.

On part au loin, on est las soudain, et l'on veut revenir. Je cherchais cette chanson, la voici  :



Toujours notre vie est entre deux rives. La distance qui les sépare mesure notre exil intérieur, notre confort et notre chagrin.
Mouloud se montrait délicat tel un prince oublié de sa cour, que rien ne divertit durablement :



Et si nous prenons des mesures radicales, elles ne serviront qu'à nous rendre plus complaisants encore envers nous-mêmes. Ce que nous laissons derrière nous ressemble à une carlingue rouillée peuplée d'ombres que nous croyons reconnaître. Et notre mémoire impitoyable leur a fait les poches.



À la fin, malgré le bilan mitigé, si l'on se retourne, une sorte d'éblouissement persiste. Ce fut certes inutile, mais ce fut souvent très agréable. Et l'on se dit que cela valait la peine de poursuivre la petite aventure médiocre de l'existence. Au fond de nos prunelles, on voit les lueurs persistantes d'éblouissants repaires.



 Il n'y a pas de remède à notre mélancolie fondamentale. Un souffle léger, peut-être l'invisible main d'une vie supérieure, malicieuse, amusée, nous donne un élan tantôt brisé tantôt repris, et, si l'on entend l'air entêtant d'une valse à trois temps (l'un pour le néant, l'autre pour l'espoir, le dernier pour la fantaisie), c'est qu'il convient de ne pas perdre le rythme, avant de céder la place. Dans la coulisse, déjà, d'autres silhouettes se préparent à paraître, et nous n'aurons pas existé…


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