mardi 18 août 2009

L'ombre d'un doute

Cet homme sans qualité aura au moins échappé à la malédiction faustienne, que le plus français des écrivains allemands, Adalbert von Chamisso (1781-1838, né Louis Charles Adelaïde de) réserva à Peter Schlemihl : être privé de son ombre. Il a donc la possibilité de se projeter.

14 commentaires:

Emilie a dit…

Mais, là, dans ce jardin, n'est-ce pas l'ombre de l'Apollon du Belvédère ?

Emilie a dit…

Peut-être l'ombre gagnerait-elle à se révéler ?

Patrick Mandon a dit…

Émilie, celui-ci, bien plus ridicule que son modèle romain (une copie d'une statue grecque, non ?), est surnommé L'Apollon du Réverbère.

Emilie a dit…

On peut aussi penser à Lucky Luke, l'homme qui tire plus vite que son ombre !

Patrick Mandon a dit…

Émilie, il est des circonstances où tirer trop vite constitue un sérieux inconvénient…

Emilie a dit…

Je compatis, mon cher Patrick, on ne peut pas être bon en tout !

Patrick Mandon a dit…

Mais, au fait, de quoi parlez-vous, Émilie ? Quant à moi, je pensais aux policiers qui, perdant leur sang-froid, tirent trop vite. Et vous, à quoi pensez-vous ? Auriez-vous été la victime d'un tir précipité ? Comment ? De plusieurs ! Une tragédie qui se répète, cela finit par être une comédie…

Anonyme a dit…

Sans qualité peut-être mais pas sans qualités. Il s'amuse, il se dédouble pour semer le trouble. Ses défauts il les cache dans l'ombre apprivoisée. Mais sans ombre que serait la lumière ? Faire fi des vanités, accepter ses défaites en toute humilité. C'est un voeu pieu sans doute et les passions parfois déroutent toutes les bonnes volontés, heureusement nul n'est parfait. Patrick, avouez, c'est vous là, non ? J'aime l'ombre de la main dont on devine la paume bombée et généreuse. Je n'y peux rien, je voue un culte aux mains, surtout les mains des hommes, elles me fascinent, elles parlent tant ! bien plus que celles des femmes qui sont plus "maquillées"..
J'ai beaucoup aimé le texte d'Emilie et aussi les quelques oursins qui pimentent le tout. Elle semble alanguie mais ne dort que d'un oeil !

corinne

Patrick Mandon a dit…

Corinanonyme,
Très joli commentaire ! Bien troussé, subtil, sensuel, un peu moqueur. Vous êtes chaque fois meilleure. Au fond, j'aime beaucoup note théâtre d'ombres, car il fait apparaître de jolie silhouettes et des «caractères». Oui, Émilie, Nadia sont des auteurs de grand talent, et je suis bien aise qu'elles consentent à laisser ici un peu de leur entêtant parfum.
Vous dites que vous vouez un culte aux mains. Figurez-vous que les mains, avec les yeux sont ce que je regarde d'abord chez quelqu'un qui m'intéresse. Même maquillée, une main féminine dit beaucoup.
Vous venez ici par petits bonds, qui signalent une présence amicale. Une observatrice douée, une lectrice attentive… Revenez quand vous voulez.
Au fait, savez-vous que j'ai effectivement la «paume généreuse». Pourtant, vous ne m'avez jamais vu, ni n'avez croisé mon ombre ! Vous livreriez-vous, comme notre adorable Nadia, aux principes de la sorcellerie ? Aurais-je donc la main si peu «occulte» ?

Anonyme a dit…

La main occulte !(!) Certes non Patrick. Sans concurrencer Circé, il me semble que vous n'en êtes pas à la première étape du voyage, et que des trésors accumulés vous n'êtes pas avare. Et je lis dans vos lignes que vous semblez aimer les bonnes et belles choses, aussi les partager. Aussi, même si cette main n'est pas la vôtre, elle vous va bien. Et cela nous réjouit, qui pourrait le blâmer ?

Patrick Mandon a dit…

À propos de main, ce mot, admirable : «Mettez votre main dans la mienne. Je vous aiderai à vivre et vous m’aiderez à mourir.».
Je croyais à tort que Mme du Deffand (Marie Anne de Vichy-Chamrond, marquise du, 1697-1780 !), vieillissante, l'avait adressé au «jeune» Horace Walpole (1717–1797), maître du roman dit gothique anglais (Le château d'Otrante, remarquable !). Au vrai, ce trait plein de mélancolie fut prononcé par Georges Clémenceau, en 1923, devant Marguerite Baldensperger, qui avait quarante ans de moins que lui

Patrick Mandon a dit…

Corinanonyme,
Si vous lisez ceci, vous saurez que j'ai trouvé admirable, courageuse, très «française et républicaine» votre intervention sur un site que, par ailleurs, j'aime infiniment. Vous y avez manifesté une superbe force de caractère, sans renier ce qui vous constitue et vous fonde.
Je me découvre, et je vous redis le grand plaisir que j'éprouve à vous accueillir ici.
Si vous souhaitez, un jour, nous écrire quelque chose, dans le ton de ce site, qui est de rupture et de sensibilité, sur l'appartenance, la mémoire, la communauté de langue, d'Histoire, d'émotions, augmentées des origines personnelles, variées, bref, sur la difficulté et le plaisir d'être… française, eh bien, sachez que vous êtes la bienvenue.

Anonyme a dit…

Patrick, merci, j'y penserai, j'essaierai. A vrai dire en ces temps troublés, tout nous pousserait à choisir un camp, pour se défaire de cette complexité d'être, de ce poids. Mais s'il faut choisir, alors, Française et républicaine, oui, c'est l'essentiel. Et c'est ce qui me tient éveillée !

corinne

Patrick Mandon a dit…

«[…]se défaire de cette complexité d'être, de ce poids».
Lutter pour ne pas s'en défaire, chère amie : je connais intimement cette difficulté et cette lutte permanente.
Subtile inconnue, il me paraît que vous tenez là un très beau sujet.