mercredi 13 avril 2011
Patrick contre le fantôme et ses créatures associées
Bouche d'ombre
Ce matin, en sortant de mon immeuble, je sentis sur mon visage le souffle d'une haleine affreuse. Je détournai la tête, pour me préserver de cette putréfaction, puis regardai autour de moi : le premier passant était loin, et ne m'avait pas croisé. L'odeur pouvait monter du caniveau, je poursuivis mon chemin. Je n'avais pas parcouru cent mètres que je vis un nuage de poussière, un tourbillon de suie pâle, qui venait vers moi. Alors que je levais le bras pour protéger mon visage de cette pluie sèche, le mouvement cessa, et, à la place, il se forma une manière d'entité menaçante. De sa gueule d'ombre émanait l'insupportable odeur, qui m'avait assailli quelques instants auparavant. Je me remémorai alors une très ancienne formule latine, apprise d'un vieux prêtre, qui savait le secret des âmes errantes. Il avait combattu le Démon en maintes occasions d'exorcisme : « Exi, anathema, non remancas nec abscondaris in ulla compagine membrorum aut flatu ejus, nec in ullo angulo domus ejus, neque per ullum augmentum aut calliditatem te celare praesumas, neque quae sunt ejus contingas aut obsideas, non vestimenta ejus, non pecora, non jumenta, sed catenatus et refraenatus per J. C. exsul effugias. »
Je me signai, à la fois horrifié, et résolu à me défendre. Tout en faisant cela, je photographiais la scène, car mon appareil ne me quitte jamais. L'entité gronda, recula, puis revint à la charge. À la place des yeux, elle présentait deux orifices d'épouvante, où je voyais passer des scènes étranges, des visages de cauchemar, des doigts sur des claviers d'ordinateur, une colonie d'êtres navrants : parmi eux, un gros homme aux doigts boudinés, aux chairs soufflées, et un autre, plus petit : de ses lèvres souillées de fiel et d'amertume, coulait une glaire insane. Celui-ci ressemblait à un valet d'ordures, comme on en rencontre chez le poète Petrone, celui-là prétendait avoir été « outrogé »… Il y avait aussi deux femmes : l'une avait un aspect misérable, hébété, l'autre, chevauchant une monture d'apocalypse avortée, s'arrachait les cheveux. La première allait répétant qu'elle « birahimerait » jusqu'à la fin des temps, l'autre, qu'elle ne connaîtrait le repos que lorsqu'elle m'aurait entraîné dans son « ovaires-bloc » ! Je me rappelle parfaitement ces mots, mais n'en compris pas le sens. Je ne le saisis toujours pas. Des figures secondaires, mais hargneuses, passaient dans les prunelles en abîme de mon agresseur. Toutes relevaient de la cryptozoologie, telle cette grosse synthèse des difformités, une mafflue du genre belge (elle disait arriver de Bruxelles), ou encore cette malheureuse efflanquée, qui chantait Yankee doodle à tue-tête.
L'ectoplasme lança encore deux ou trois assauts, puis se déforma lentement, jusqu'à disparaître, dans un bruit de siphon engorgé.
Pour preuves de ma bonne foi, et du grand péril que je connus ce matin, les documents publiés ci-dessus.
(Photographies P. M.)
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38 commentaires:
Vous avez bien fait d'immmortaliser la bête mon cher Patrick, je vous fais certes une confiance aveugle mais ce quatuor d'épouvante se pavanant en plein Paris avec l'impudeur qui le caractérise...
L'avez-vous proprement renvoyé à ses égouts putrides ? Sinon, je vous conseille la méthode roumaine, ail et eau bénite, ça marche à tous les coups !
Vos photos sont proprement hallucinantes.
Lorsque l'apparition se produisit, chère Nadia, je fus moi-même halluciné. Je n'en croyais pas mes yeux. Il y avait peu de passants, mais quelques-uns tout de même, or, j'ai la conviction qu'ils ne voyaient pas l'ectoplasme. Celui-ci n'était visible que par votre serviteur. Chose curieuse, mon appareil photographique a fixé la scène ; fort heureusement, car, sans lui, on ne m'aurait pas cru ! Vous aurez reconnu les figures de cette infernale farandole…
Vous rendre visite, cher Patrick, est toujours une surprise, un enchantement, la découverte de mots nouveaux à apprendre. Voilà donc pourquoi on me trouvera ici. Mais je laisse à mon ami Wilde, Oscar Wilde (1), le soin de confirmer : «J'ai les goûts les plus simples qui soient. Je me contente toujours de ce qu'il y a de mieux.»
(1)Son cousin Dany, le séducteur- persuadeur, n’aurait pas eu ce talent.
Ps : pour les photos, pareil que Nadia.
Votre immeuble doit avoir été construit sur un ancien cimetière gaulois. Qui plus est, je crois savoir que votre rue à été tracée sur une voie romaine sur laquelle de très anciennes forces telluriques se croisent., Dans ces conditions, il n’est pas rare d’assister à de pareils déchaînements d’entités protoplasmiques, qui en dépit de leurs caractères spectaculaires, de leurs extrêmes laideurs et de cette persistante odeur fétide que vous avez notée, sont inoffensives. Dans "Ars Magica" de Nicolas Flamel, elles sont décrites comme des succubes de seconde zone, issues d'un infra pandémonium. Elles cesseront bientôt de vous hanter. Cela dit, il est très rare de pouvoir les photographier, car troubles et confuses elles sont presque toujours inconsistantes.
Je les ai reconnues comme si je les avais sous les yeux ce qui est bien le dernier de mes souhaits. Nous n'en n'avons croisé que deux, mais j'en fus vaccinée à vie ! Votre grosse "mafflue" est plus vraie que nature. J'en frémis encore.
Pour les deux autres, je ne suis pas certaine de leur existence. Les aurions-nous créées nous-mêmes comme ces repoussoirs d'épouvante qu'on trouve dans les romans anglais ?
Je vous laisse, l'île de Wight, ses cieux changeants, ses fantômes échevelés et quelques vieilles pierres celtiques m'attendent en la meilleure compagnie qui soit.
Pierre, vous pensez à des poltergeists ? Dites moi que Patrick ne sera pas avalé par la télévision !
Buna ziua Jean-Michel, pupici
Nadia, Wight, splendide ! Mes amitiés à ceux qui vous font cortège. Pierre, votre explication m'«enchante», et me rassure. Selon vous, je ne reverrai plus l'ectoplasme : tant mieux ! Dans ses yeux d'effroi, il se donnait des spectacles à faire pâlir un spectre : des goules ensanglantées tendaient vers moi des griffes d'acier froid, des créatures en putréfaction, les chairs en lambeaux, déjà liquides, maudissaient mon nom ! Je dois à mon passé de noctambule « effervescent » de n'avoir pas cédé à la panique.
Cher JMT, vous recevoir ici est un plaisir aussi grand que d'aller chez vous, c'est à dire chez
http://nuageneuf.over-blog.com/
Ah, mon cher Patrick ! Quelle mésaventure ! Il m'avait bien semblé voir flotter ça et là quelques drôles de silhouettes tordues et si ramassées sur elles-même que je n'avais pu en identifier la matière, mais d'ici je n'avais pas l'odeur !
Je m'inquiètais pour vous ! Mais me voilà rassurée. N'êtes-vous pas la plus fine lame de Paris, un escreameur de premier ordre !
Chère Corinne, ma réputation de fine lame, je le crains, est usurpée. En revanche, vous êtes parmi les plus fines dames de Tous les garçons…
J'aime bien les îles, mais je prefère (et de loin), les elles.
Très beau texte.
Vous m'enchantez toujours.
Bratislava est avec vous.
je confirme, c'est un très beau texte.
hélas, votre prose n'est pas encore traduite en slovaque, mais cela ne saurait attendre.
Ne nous abandonnez pas !
Mes chers amis.
Nous avons ainsi la preuve, qu'en nous concentrant et qu'en réunissant nos volontés , nous pouvons faire surgir du néant, les créatures les plus hideuses. Je vous invite, en nous concentrant de nouvau, à les précipiter maintenant et pour toujours dans l'abîme. A grand coup de pieds dans la goule.
Oui, Pierre a raison, la force de l'esprit ne peut que se trouver vivifiée en joignant le geste à la parabole. Je chausse de ce pas mes talons aiguisés et vise l'épicentre de la meute.
J'en profite pour saluer Nadia, Pierre et Jean-Michel, et vous Patrick, bien sûr, bisous à tous.
Allez-y Corinne! Piquez! Pas au coeur. Elles n'en ont pas.
Droit au visage! (au point ou elles en sont...)
Pierre, visage ? Quel visage ? Ce qui les caractérise avant tout, c'est bien de ne pas en avoir. Et on aurait tort de chercher plus bas un point sensible (le coeur ? vous n'y pensez pas ! Plus bas..) Le courageux anonymat dont ils s'enfument prouve qu'ils n'en ont pas davantage. Leur genre reste d'ailleurs indéterminé.
Aux prises avec un enchevêtrement de cintres dont il ne parvient pas à se défaire, puis un jeu de cartes récalcitrant, Patrick Manson est faussement maladroit. Et pieds nus, en prévision d'un numéro détonant qui fera frissonner le commentateur.Tout en se déhanchant, le magicien exécute des tours de passe-passe d'une dextérité bluffante: les «Nombres infernaux», les «Lettres dans l'espace», les mots du dictionnaire. Il ensorcelle avec des numéros de prédiction et de télépathie, sans oublier ceux du chapeau de Nadiaarin et du guéridon volant.
Au suivant !
Patrick, je pensais à vous à l'instant. Un petit conseil, accrochez bien votre tête :-D
Et sinon, elle est géniale cette photo répétée. Je m'auto-maile PDF emporte le tout à savourer, par nuit noire, à la loupiote, sous mon pommier breton.
signé tt (ie tendre tornade)
Avis aux envahisseurs !
Je supprimerai toute intervention négligée, paresseuse, tout lien avec des youtuberies stupides, bref, tout ce qui ne démontre pas un effort d'imagination. Je ne conserverai que les textes, même ironiques à mon endroit, dans lesquels on peut identifier un peu de style.
J'aime beaucoup la suggestion du beau gosse Pierre de leur écraser la « goule » à coup d'escarpin.
Corinne mérite sans nul doute la palme pour son excellent "escreameur". Mention très bien à Pierre pour les îles et les Elles. Amitiés à toutes et tous.
Seront également effacés tous les messages copiés sans vergogne de Thucydide ou autres, aussi prestigieux.
anémone sauvage que vous êtes Patrick.
Ne m'avez-vous donc pas reconnu ?
Comme je l'ai toujours cru et il aura fallu attendre sa mort ( 70 ans que cela durait ) , j
e n'ai jamais mis en doute la raffinerie de Patrick Mandon, l'authentique raffinerie de Patrick Mandon qui ne pouvait être comprise.
Une existence entière vouée à la raffinerie et à chérir la beauté.
Faut-il être d'une réelle perversité quand on connaissait le personnage de son espèce pour penser autrement.
Depuis qu'il était sur la terre, il n'avait eu cesse de l'embellir.
Désormais, ceux qui respirent encore polluent et rejettent du gaz nocif et plus vite ils brûleront les réserves d'hydrocarbures, mieux ce sera.
Vous avez le style d'une charrue dans la glaise. Mais vos petits exercices apaisent sans doute d'inquiétantes crises d'angoisse, qui pourraient vous conduire à commettre des actes irréparables.
Je ne vous demande pas de partir, cela vous ferait revenir, mais si vous pouviez espacer vos visites…
Imposture.
Ce n'est pas Patrick Mandon qui parle.
Ceux qui crient Patrick Mandon est mort, Vive Patrick Mandon ont trop regardé Dynasty.
ça arrive.
Pleurez, pleurez, pleurez pour vous-même.
Thé, que ne vous êtes-vous lassée plus tôt de commenter ici !
la la la
la la la
la la la
la la la
la la la la
la
la la
la la la
la la la
la la la
Entendu, Thé ! Seul le résultat compte : lassée, harassée, agacée, peu m'importe, pourvu que vous ne reveniez plus !
Un salut mousquetaire dans la nuit, cher Patrick.
vraiment impossible de se lasser du manque de style et d'intelligence de Patrick Mandon.
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