lundi 15 juillet 2013

Professeur de mélancolie



Elle a tout dit de ce qu'elle voulut qu'on retînt d'elle. Elle l'a dit dans ses chansons et dans ses « mémoires », Il était un piano noir. J'ai grandi avec elle, de l'adolescence à l'âge de déraison, je l'ai applaudie sur de nombreuses scènes, à Paris. Je rentrai dans la nuit, souvent en longeant la Seine, la tête pleine de ses amours mortes. Elle fut, avec quelques autres, mon professeur de mélancolie.

Note : on entendra avec plaisir la belle adaptation radiophonique que France culture a fait du livre Il était un piano noir. L'affaire, qui a commencé la semaine dernière, se poursuit jusqu'à vendredi. On peut évidemment écouter, voir podecaster, les émissions passées, en se rendant sur le site de la station.

9 commentaires:

Suzanne a dit…

"Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles
A certaines heures pâles de la nuit
Près d´une machine à sous, avec des problèmes d´hommes simplement
Des problèmes de mélancolie" Léo Ferré, en écho...

Patrick Mandon a dit…

Les rencontres de la nuit, Suzanne… C'est la nuit qu'on se frôle, qu'on s'éprouve, qu'on se prend, qu'on se laisse. C'est la nuit que le temps se passe, c'est le jour qu'il se perd. Je n'ai pas trouvé de solution à mes « problèmes de mélancolie ».

Nuagesneuf a dit…


Lettre d'un amant à son amante.

La mélancolie.


Une folie sans fièvre, un délire serein, un mal de vivre, une langueur, une tristesse ? La mélancolie est un beau mot qui évoque le « à quoi bon ? » sans révolte, le dépit sans colère, le repli sur soi qui n’en veut à personne.

C’est la routine de l’existence, ou bien le mal de vivre auquel on s’habitue – on peut trouver bon du Maalox à force d’en boire chaque soir - , ou bien une blessurette que n’accompagne aucun sentiment d’injustice.

La mélancolie, le désastre, la médiocrité aussi s’attrapent comme une mauvaise fièvre.

Vous, vous transmettez à pleine bouche le goût ardent du bonheur, si étranger autrefois pour moi qui vivais un temps ravagé. Il y a quelque chose de contagieux dans le bonheur que vous cultivez et dont je me nourris désormais à la becquée.

Rimbaud écrit :


Rêve pour l’hiver

L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins blancs.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Allez vite (re)lire également le premier poème des Cahiers de Douai. Le tout premier. "Première soirée". http://nuageneuf.over-blog.com/article-rimbaud-premiere-soiree-74030918.html . C’est le titre et le premier quatrain, c’est :

- Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.


C’est pas dingue, tout ça ?
Malinement ! Youpiiii


Eureka a dit…

Rencontre improbable dans le bus hier sur la ligne 26 : 1 monsieur portant un panama à crêpe noir, un costume prince de galle défraîchi, une cravate noire piquée d’une discrète fleur de lys et un cœur vendéen discret à la routinière ; à la main droite deux chevalières royalistes dont une en argent et la main gauche appuyée sur une canne à crosse d’argent. Je ne pense pas que nos voisins aient remarqué qqch. Quand je l’ai vu j’ai pensé à vous et ai regretté ne pouvoir le prendre en photo. Je pense que si vous l’aviez rencontré, vous n’auriez pas manqué de nous en parler. Cela paraissait tellement anachronique.

Anna Valenn a dit…

..."If you cannot fix it, you've got to stand it", if you cannot stand it, try to make sthg beautiful out of it.

un baiser en passant, Patrick

Patrick Mandon a dit…

Anna, Eureka, Suzanne, Nuageneuf, et tous les autres : c'est une chance pour ce blogue d'être fréquenté par des femmes et des hommes d'esprit. Croyez bien que je suis conscient de ce privilège.
Eureka, le portrait de l'homme de la ligne 26 est saisissant : un vrai croquis sur le vif.On le voit. Je tenterai de le retrouver.

Eureka a dit…

Pour vous aider, il est descendu à l'arrêt Lafayette - Denain et était monté à St Lazare.

Célestine ☆ a dit…

Céder a la mélancolie aussi souvent que possible permet de mieux apprécier le "goût ardent du bonheur"... S bien écrit par Nuage Neuf.
Je me sens mélancoliquement heureuse ce matin, et heureusement mélancolique!

Sébastien Paul Lucien a dit…

Merci de nous rappeler notre dette d'amour envers Barbara.