mercredi 18 décembre 2013

Le cours d'une rivière

On se dit un jour : « Il n'est plus utile de tenter une autre voie. Toutes sont vaines, la seule qui t'aurait préservé de cette vanité, tu ne l'as pas prise ; tu n'a pas voulu, ou tu ne l'a pas vue. L'eau de la rivière, dont tu suis le cours depuis longtemps, si claire dans ton enfance, si fraîche, s'est troublée : elle t'interdit désormais de voir le fond. L'eau de la rivière te ressemble. Naguère, tu disposais de plus d'un tour pour lui rendre son apparence originelle. Tu sollicitais l'illusionniste en toi pour faire illusion, mais aujourd'hui, ton sac est vide, et tu ne remonteras plus jamais à la source, qui la fit naître, blanche et bouillonnante. ».
Que dit-on de ce ciel de cendre, qui paraît accumuler sa masse ?

J'ignore si cette chanson répond à ces interrogations un peu vaines, mais je sais qu'elle me trottait dans la tête ; je l'ai entendue ce matin, à la radio. C'est un signe mauvais : de tant d'anonymes considérables, j'aurais été l'insignifiant contemporain !



Jem, dans son commentaire, me fait justement observer que cette chanson clôt un film, qu'il ne me paraît pas excessif de qualifier de chef d'œuvre, de Léos Carax. En effet, les dernières images de Holy Motors, plus irréelles encore, plus improbables que toutes celles où l'on suit neuf incarnations/ transformations d'un certain M. Oscar, où l'on s'égare dans un dédale de rêves et de brèves réalités, les dernières images de Holy Motors, donc, nous font entendre l'étrangeté de cette chanson. Il convient de remercier vivement Jem de nous l'avoir rappelé :

2 commentaires:

jem a dit…

Merci de nous faire écouter du Manset, avec sa voix d'extra-terrestre. N'est-ce pas la chanson qui figurait dans le dernier film de Leos Carax ? "... avec nos sèches paroles d'avant-dire, pénétrantes comme le trident de la nuit dans l'iris du regard". (Char)

Patrick Mandon a dit…

Jem, vous avez parfaitement raison de rappeler ce fait. Votre juste observation m'a heureusement contraint à modifier le cours de la rivière : « Holy Motors », grâce à vous, prend toute sa place ici. Je vous en remercie vivement.