Il agit comme un aimant. Je l'évoque irrégulièrement, mais, lorsque son ombre se profile, elle s'installe. Je reconnais mon obsession.
Je ne lui vois pas d'équivalent cinématographique, je veux dire qu'il s'imposa comme un suzerain, et que tous les autres se reconnurent ses vassaux : pour beaucoup, des vassaux fantômes. Il ne chercha pas à dissimuler le malaise originel, qui façonna sa personne morale et physique. Moulé dans une chair musculeuse, la taille bien prise, les épaules larges, il incarna la tentation et sa vanité. Et même à cinquante ans, déjà gagné par la calvitie et la surcharge pondérale, il fut encore le partenaire idéal d'un huis clos à l'éros piégé.
Je reconnais la fascination, intacte, qu'il exerce sur moi. Je reconnais la fatalité de son apparence, je distingue la faille, qui le traverse de part en part. Il est le jouet des fantômes familiers, qui ont commencé à peupler son regard dès l'enfance.
Un sphinx complaisant se satisfait des réponses improvisées, que nous apportons aux questions qu'il nous pose. Mais nos parades de facilité ne nous dispenserons pas toujours d'être confrontés à l'énigme qui nous constitue.
On sera avisé de consulter
Le fantôme du métro aérien 1,
Le fantôme du métro aérien 2,
Retour sur le pont,
Brando sur le trottoir,
Marlon B, for Lady Tanya, and for all Tous les garçons' ladies