vendredi 25 décembre 2015

Laïc et nunc

Il n'y a pas, dans notre calendrier, de « fêtes de fin d'année ». Il y a Noël et Nouvel an. Mes contemporains usent de l'expression « fêtes de fin d'année » pour rassembler ces deux moments dans une unité temporelle parfaitement neutre, qui témoigne d'un langage plus qu'intimidé : servile. Une société lisse, « surveillée et punie » par les esprits forts de la laïcité démocratique, sociale et obligatoire, ne saurait fêter Noël. Je m'exclus des rites, des parades, des formules et de l'épouvante du vivre-ensemble indéterminé, je ris du ridicule accompli que jouent sur une scène branlante, devant une salle désertée, les nouveaux pudibonds.
Et je souhaite à tous ceux qui passeront par ici un heureux Noël.


5 commentaires:

Célestine ☆ a dit…

Heureux Noël à vous, cher Patrick !
Je ne sais trop comment interpréter votre texte. Je suis très attachée à l'idée de laÏcité dans ses principes d'origine. Je connais personnellement un de ses plus fervents défenseurs, Henri Pena Ruiz, qui a écrit un "dictionnaire amoureux de la laïcité" qui mérite vraiment le détour. Et discuter avec lui, en plus d'être un plaisir, est une source de réflexion intense sur les dérives de ce monde en folie, dans lequel le n'importe quoi est érigé en valeur de base.
Ce qu'en font les politicards ne me plaît pas.
Comme ne me plaît pas la braderie des idées à laquelle on assiste tous azimuts, ainsi que l'abandon de l'idée de la France que je sais partager avec vous.
Bien qu'agnostique, je ne suis pas opposée à l'idée d'une fête un peu mystique dont l'idée première serait le recueillement, le recentrage sur les valeurs humanistes et la paix. Mais la récupération commerciale et libérale du truc me gonfle de plus en plus.
Bref, Noël a au moins le mérite de faire couler de l'encre.
Vous trinquez avec moi, quand même ? Une petite coupe d'un excellent champagne, rien de tel pour avoir les idées plus claires.
Bien à vous
¸¸.•*¨*• ☆

Célestine ☆ a dit…

Post Scriptum : mention très bien pour votre titre délicieux.

Patrick Mandon a dit…

Si je trinque avec vous, bella ragazza ? Bien sûr ! Choquons nos verres, et buvons ce breuvage exquis, qu'un moine et quelques esprits délicats, qu'on ne trouve qu'ici, ont patiemment élaboré. Laïc, bien sûr, je le suis : d'éducation, de goût, et même d'intérêt. Je suis français, donc laïc (ou laïque, car l'un et l'autre se dit (ou se disent) au masculin ; pour le féminin, laïque s'impose, utilisé comme adjectif, n'est-pas, délicieuse… maitresse aux lunettes noires… ?). Mais je ne supporte plus le discours calibré des laïcistes. La France, pays d'exception, qui se plaît à être aimable en tout et à tous, n'est pas née avec eux, et elle n'est pas seulement issue de la République, certes remarquable par ailleurs. Élevé dans la religion catholique, dans un collège tenue (de main ferme) par des prêtres, je sais depuis longtemps qu'il convient de « rendre à César… et à Dieu ». Je n'ai pas attendu le catéchisme des « laïciens ». Il y a, je le maintiens, un langage de la servilité idéologique. Nous valons mieux que le prix qu'on nous donne.
Je dois m'absenter, occhi meravigliosi, je vous répondrai plus longuement ce soir. Viendrez-vous ?

Célestine ☆ a dit…

Désolée de ne découvrir votre invitation que maintenant.
Je crois avoir compris votre propos.
Laïc mais pas laïciste, de toute façon le prosélytisme (et autres mots en "isme") me gonfle prodigieusement, quel que soit son objet.
Je suis donc d'accord avec vous.
Mais lisez Pena Ruiz et vous verrez que certains esprits laïques , je me répète, valent le détour et changent parfois l'opinion que l'on fait.
Merci pour vos délicieux commentaires en italien qui émaillent vos mots comme des fleurs dans la neige. Je rougis. Je pâlis. Et un trouble s'élève en mon âme éperdue.
Bien à vous
¸¸.•*¨*• ☆

Patrick Mandon a dit…

« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler,
Je sentis tout mon corps et transir et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables […] »
C'est plus tard qu'on nommera l'ensemble de ces signes le “coup de foudre”. La conversation avec vous, Célestine, est un art et un plaisir renouvelé.
Note : Je connais mal Pena Ruiz, mais le peu que j'en sais m'ennuie. La sphère publique, la sphère privée, les dangers de la croyance religieuse, les fureurs de la foi : nous connaissons cela. Les sociétés débarrassées du fardeau de la « superstition » sont-elles à l'abri des excès du pouvoir, du crime politique, de la terreur « laïque » ? Il n'y a pas d'issue honorable. Le monde réel est une (inad)équation, dont l'auteur a disparu depuis longtemps sans nous laisser la solution.
Il paraît que M. Ruiz est membre du Parti de gauche, cela ne m'inspire pas confiance (quoique l'un de mes excellents amis s'y trouve). Mélenchon est un homme brillant, mais un éternel candidat erratique, condamné à se lier avec tous et n'importe qui à gauche des socialistes, afin de peser sur le plateau. Mais comment peut-on se lier, se fier à Cécile Duflot, politicienne de troisième ordre, membre d'un parti de néo-notables à peine dignes de figurer sur un tableau d'avancement de la IVe république ? Il a semblé récemment s'en apercevoir. il trouvera quelqu'un d'autre, et il lui sautera au cou. On ne sort de la cruauté du monde que pour entrer dans son absurdité.