Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
(Arthur Rimbaud, extrait du Bateau Ivre, 1871)
A-t-on laissé faire cela ? C'est possible. Cela s'est déjà vu. La journée du 1er décembre restera dans les mémoires des parisiens : une journée, une soirée de désolation. Il ne manquait que les armes à feu. Sortiront-elles un jour prochain ? On a l'impression que certains le souhaitent.
Il reste que je n'ai jamais vu une rupture aussi rapide, aussi évidente, entre le peuple français et sa classe gouvernante, et le premier de ses représentants, le président de la République.
Le temps politique a connu une brutale métamorphose, tout se précipite, les mots ne savent plus s'opposer au réel en formation, il ne peuvent plus même tenter d'organiser le chaos. C'est une insurrection.
La plainte massive des Français est légitime : ils ne vivent plus décemment du fruit de leur travail. Le salaire moyen de ce peuple (et de beaucoup d'autres en Europe) ne couvre pas ses dépenses banales, celles de la simple nécessité ordinaire. Cela ne date pas d'aujourd'hui, mais cela jaillit aujourd'hui, à la manière d'une lave longtemps contenue.
M. Macron n'a pas produit cette situation, qui lui était bien antérieure, mais ses provocations verbales ont rapidement ouvert les yeux de la population modeste, qui l'avait choisi par lassitude de tous les autres.
Que faire ? Je l'ignore.
On a vu l'ineffable M. Hollande démontrer sa solidarité avec les gilets jaunes, Mme Royal également, qui paraît atteinte de troubles de la mémoire… M. Mélenchon et Mme Le Pen prétendent épouser la vague émeutière, laquelle, espèrent-t-ils, les portera au pouvoir. Dans ce cas, par exemple, M. Corbière et sa compagne, Mme Garrido, auront chacun un ministère. Promulgueront-ils une loi qui me contraindra à écouter religieusement leurs discours, leurs interventions, leurs justifications ? Imaginer ces deux époux envahissants, charnellement si prospères qu'on les imagine gavés de sucreries, m'imposer le spectacle de leurs satisfactions ministérielles m'est proprement insupportable.
La politique disparaît dans le brouillard chimique des grenades lacrymogènes. Les ombres de quelques politiciens de second rang s'avancent et prétendent aux meilleurs emplois.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire