C'est sans doute pour moi le plus terrible effet de ce drame, hormis l'atteinte au symbole hugolien qui a secoué ma fibre littéraire : avoir tremblé pour ce joyau qu'est le Grand Orgue. Ou les Grandes Orgues (amours, délices et...) Apparemment, il serait sauvé. J'en suis heureuse et soulagée. En revanche, les arbres millénaires qui formaient la charpente sont irremplaçables. On parle de refaire une structure en béton... Qui qu'il en soit, dans ce genre d'événement, le sentiment d'identité oscille entre les racines de la patrie et les ailes de l'appartenance à l'humanité. C'est fascinant. Bien à vous cher Patrick. •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Chère Célestine, vous évoquez notre « appartenance à l'humanité ». Mais si cette appartenance, ce lot commun, cette essence partagée était notre part la plus sombre ? On dit souvent d'un assassin, d'une brute, qu'ils firent subir à leurs victimes des traitements inhumains. Or, ces traitements n'existent que dans le genre humain, car ils sont exercés sans nécessité vitale (pour se nourrir, pour se sauver etc). Seuls les humains, précisément, sont des assassins, les bêtes n'ont que rarement une nature assassine. Leurs agressions sont, pour la plupart, provoquées par le sentiment du territoire, par la peur, par la faim. Même s'il est préférable d'éviter la proximité d'un lion, d'un requin blanc, s'ils sont repus, par exemple, le risque d'agression est très réduit. Je ne sais rien du plaisir qu'éprouve un tigre lorsqu'il malmène puis tue sa proie. Je sais que la terreur qu'éprouve une victime suffit à produire une vague de plaisir chez son bourreau. Je crois bien que ce qui est « inhumain » est exclusivement humain. Quant à la pitié, direz-vous, à la commisération, à ce « chaleureux sentiment de solidarité » ? Nous ne sommes pas égaux devant les sentiments honorables, alors que quelque chose de terrible semble nous avoir été donné en partage. Pour la structure en béton, c'est à dire la charpente, essentiellement, elle présente des avantages considérables. La perte de la « forêt » de Notre-Dame, constituée en grande partie de fûts millénaires, est irréparable. La refaire « à l'identique » ne me semble pas souhaitable, considérant aussi le fait qu'elle se trouverait dans les combles et ne serait pas ouverte à la visite.
Intéressante votre démonstration (brillante) sur ce qui ferait le dénominateur de l'humanité...Je vous trouve bien sombre, mais sans doute avez-vous raison pour ce qui concerne le fait de tuer sans nécessité. La haine. La torture. C'est un triste apanage de notre espèce... C'est drôle, je pensais plutôt à l'amour, vous voyez, l'amour avec un grand A, celui qui fait grandir, qui relie, qui soulève, qui transcende. Les bêtes ne font pas vraiment preuve d'amour. Ils éprouvent certainement de l'attachement, oui, ou de l'instinct de protection, de là à parler d'amour...Celui que chantent Eluard, Aragon, tous les grands poètes, je crois que c'est cela, « l'essence partagée » que vous évoquez. Mais à y bien réfléchir, c'est sûrement un mélange de ces deux caractéristiques qui nous rend si particuliers...et universels à la fois. En tout cas, il reste que, comme je le disais, l'incendie de Notre-Dame stimule étrangement la double identité: l'appartenance forte à un peuple précis, son histoire, sa tradition, ses racines, et en même temps le sentiment d'appartenance à quelque chose de plus universel. Ce que l'on appelle « le patrimoine de l'humanité ». Mais ce n'est que mon avis. Je vous embrasse •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Chère Céleste, je vous ai répondu, mais, à la suite d'une mauvaise manœuvre, ma réponse a disparu, avalée par le néant numérisé. Bien fait pour moi ! Cette réponse manquait de charme. Elle était pompeuse et ennuyeuse. Votre dégagement sur l'amour est bien plus charmant et convaincant que mon prétentieux pensum, même s'il ne me convainc pas. En revanche, je suis en complet désaccord avec vous sur le sujet des animaux. J'ai mille exemples d'amour totalement gratuit, et d'amitié charmante par des animaux. Je pourrais vous entretenir d'une chienne teckel, dont la mort me fut un chagrin jamais guéri. Dernière chose : je suis prodigieusement agacé, navré par la tentative de Macron et de ses obligés, aidés par quelques journalistes, de nous présenter Notre-Dame de Paris comme une sorte de maison des peuples, débarrassée de Dieu, ouverte à la fréquentation des touristes. L'avenir que ces individus destinent à la cathédrale reconstruite par leurs soins me semble être celui d'un « open space » à l'usage des nouveaux consommateurs, adeptes d'une sorte de syncrétisme niais. Les cathédrales sont nées au Moyen Âge : elles sont la manifestation d'un élan spirituel et culturel, ainsi que d'un effort géométrique. Elles veulent la présence d'un Dieu de miséricorde, qui ne déteste pas se jouer des hommes, et qui consent à ce qu'ils établissent avec lui des rapports complexes. Le Dieu des cathédrales est occidental, il a besoin des hommes. L'humanité distrait ce Dieu de miséricorde, qui s'ennuie dans son état de perfection. Le spectacle renouvelé de nos égarements, nos tentations d'impiété, notre fantaisie dans la recherche du plaisir, notre exubérance dans sa manifestation, tout cela l'amuse plus qu'il ne l'avoue. La divinité 2.0 de M. macron et de sa majorité de start-upers cyniques est bien éloigné de ce Dieu-là. En revanche, je comprends parfaitement qu'on se passe volontiers de Dieu et qu'on ne s'en porte pas plus mal.
« l'incendie de Notre-Dame stimule étrangement la double identité: l'appartenance forte à un peuple précis, son histoire, sa tradition, ses racines, et en même temps le sentiment d'appartenance à quelque chose de plus universel. ». N'est-ce pas précisément parce que vous être française, et, je le crois, exemplairement française, que vous pouvez, dans cette circonstance, ressentir ce sentiment d'appartenance universelle. Il me semble que la France a, plus distinctement que d'autres pays, et avant tous les autres, théorisé puis mis en pratique cette « vertu » d'universalité. Pendant toute la féodalité, la classe aristocratique ne se sent pas particulièrement attachée à une nation. Elle sert un roi, un prince, elle le trahit, se rallie à un autre, passe les frontières (voyez la vie extraordinaire de mon cher prince de Ligne). C'est avec la Grande Révolution que naît un étrange paradoxe : l'appartenance à une nation orgueilleuse (et dominatrice) et le partage généreux des valeurs qui fondent ce sentiment neuf, qui deviendra le nationalisme. C'est bien cela le paradoxe ! Il est vrai que le nationalisme, qui s'exacerbera avec les régimes, peut être vu comme une déviation de ces valeurs, comme un usage détourné de ces buts généreux, mais il reste que ce nationalisme va précipiter les peuples et les systèmes vers… Mais au diable toutes ces analyses : elles sont assommantes et me changent en donneur de leçon. Je vous prie de m'excuser. Je préfère de beaucoup votre explication « par l'amour », même si elle ne me convainc pas. En revanche, je suis en désaccord total avec vous sur les animaux et l'amour. J'ai des preuves évidentes d'amour idéal, accompli, sans réserve par des animaux, ou des marques de simple et tendre amitié. Enfin, autre chose : je suis agacé par le détournement opéré par la classe médiatique, politique, avec le concours des autorités catholiques : Notre-Dame de Paris est une cathédrale, c'est à dire la manifestation d'un élan spirituel et d'un prodige architectural (donc mathématique et empirique) nés au Moyen Age dans l'Europe chrétienne et uniquement dans cette partie du monde. M. Macron et les crétins qui le servent ou qui lui doivent tous leurs postes et leurs prébendes, aidés en cela par nombre de journalistes et commentateurs, s'efforcent de nous présenter Notre-Dame comme une sorte de maison commune, qu'il convient de rebâtir afin qu'elle puisse accueillir les nouveaux fidèles d'un syncrétisme moderniste, à base de postures de yoga, de régime vegan et de sentimentalité grégaire. Si c'est cela, la prochaine étape spirituelle d'une communauté de « start-upers » à la fois niais et cyniques, la cathédrale restaurée de Notre-Dame connaîtra un sort funeste. Les rapports étranges, compliqués, contradictoires que nous devons/pouvons entretenir avec Dieu ne sauraient se contenter de cette relation apaisée et toute relative. Mais j'ai été suffisamment ennuyeux, et je vous prie de vouloir bien m'en excuser.
Désolé de m’immiscer dans vos (d)ébats, bien chers Patrick et Célestine – à laquelle je profite de l’occasion pour souhaiter un heureux vingtième printemps ( oui, quand on aime, on a toujours 20 ans)- pour me permettre d’évoquer les évènements que tous deux évoquez de conserve avec vos usuelles brillances. A vous dire que je n’ai pas ressenti de « grande émotion » pendant ces heures d’incendie violent alors qu’il y a peu, le saccage de l’Arc de triomphe me dévasta , me laissant souvent aux bords des larmes et pis, m’ayant provoqué une crise de foie ( pas de foi) carabinée.
Merci cher Nuage pour mon anniversaire. Eh oui j’ai vingt ans... :-) À vrai dire l’émotion a vite fait place à l’agacement et à la perplexité face à la récupération de l’événement... Je vous embrasse Merci Patrick pour ce débat de plus haute tenue que ceux que l’on entend en ce moment à la TV Je vous embrasse de même. •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
En effet, Nuage, cette jeune femme, « d'une simplicité de bon aloi » (dixit le Général sur Bardot, après une réception à l'Élysée), exprime ici, comme toujours, une pensée rationnelle soulignée d'humour, et joliment adoucie par une mélancolie imperceptible mais sans doute profonde. Quant à vous, mon cher Nuage, vous manifestez, non sans talent, cet anti-christianisme qui fonde une partie de votre charme, dans le même temps que vous protestez, comme il convient, de votre républicanisme. Pour moi, chrétien oublieux et catholique suspect, les temps que nous vivons me commandent de me montrer solidaire de mes frères en religion, qu'on accable de tous les maux. Seuls contre tous ! Alors que l'opprobre contre les princes de l'Église tripoteurs de communiants, et contre les curés violeurs de sacristie, désigne à la vindicte l'ensemble de la chrétienté, je la défendrai plus volontiers aujourd'hui qu'hier. Les chrétiens sont aujourd'hui menacés un peu partout dans le monde. S'ils veulent du sabre ébréché d'un dandy vieillissant, je le mettrai volontiers à leur service. La splendeur architecturale des cathédrales, la beauté, d'une éblouissante modestie, des moindres chapelles, la puissante sensualité que l'Église, parce qu'elle fut la religion adorablement incarnée, a suscitée et même encouragée chez les artistes (les plus grands de tous) qu'elle a enrôlés, l'extrême raffinement culturel et intellectuel qu'elle a fondé, tout cela, et tant d'autres choses, m'interdit de la trahir.
10 commentaires:
C'est sans doute pour moi le plus terrible effet de ce drame, hormis l'atteinte au symbole hugolien qui a secoué ma fibre littéraire : avoir tremblé pour ce joyau qu'est le Grand Orgue. Ou les Grandes Orgues (amours, délices et...)
Apparemment, il serait sauvé. J'en suis heureuse et soulagée.
En revanche, les arbres millénaires qui formaient la charpente sont irremplaçables. On parle de refaire une structure en béton...
Qui qu'il en soit, dans ce genre d'événement, le sentiment d'identité oscille entre les racines de la patrie et les ailes de l'appartenance à l'humanité. C'est fascinant.
Bien à vous cher Patrick.
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Chère Célestine, vous évoquez notre « appartenance à l'humanité ». Mais si cette appartenance, ce lot commun, cette essence partagée était notre part la plus sombre ? On dit souvent d'un assassin, d'une brute, qu'ils firent subir à leurs victimes des traitements inhumains. Or, ces traitements n'existent que dans le genre humain, car ils sont exercés sans nécessité vitale (pour se nourrir, pour se sauver etc). Seuls les humains, précisément, sont des assassins, les bêtes n'ont que rarement une nature assassine. Leurs agressions sont, pour la plupart, provoquées par le sentiment du territoire, par la peur, par la faim. Même s'il est préférable d'éviter la proximité d'un lion, d'un requin blanc, s'ils sont repus, par exemple, le risque d'agression est très réduit. Je ne sais rien du plaisir qu'éprouve un tigre lorsqu'il malmène puis tue sa proie. Je sais que la terreur qu'éprouve une victime suffit à produire une vague de plaisir chez son bourreau. Je crois bien que ce qui est « inhumain » est exclusivement humain. Quant à la pitié, direz-vous, à la commisération, à ce « chaleureux sentiment de solidarité » ? Nous ne sommes pas égaux devant les sentiments honorables, alors que quelque chose de terrible semble nous avoir été donné en partage.
Pour la structure en béton, c'est à dire la charpente, essentiellement, elle présente des avantages considérables. La perte de la « forêt » de Notre-Dame, constituée en grande partie de fûts millénaires, est irréparable. La refaire « à l'identique » ne me semble pas souhaitable, considérant aussi le fait qu'elle se trouverait dans les combles et ne serait pas ouverte à la visite.
Intéressante votre démonstration (brillante) sur ce qui ferait le dénominateur de l'humanité...Je vous trouve bien sombre, mais sans doute avez-vous raison pour ce qui concerne le fait de tuer sans nécessité. La haine. La torture. C'est un triste apanage de notre espèce...
C'est drôle, je pensais plutôt à l'amour, vous voyez, l'amour avec un grand A, celui qui fait grandir, qui relie, qui soulève, qui transcende. Les bêtes ne font pas vraiment preuve d'amour. Ils éprouvent certainement de l'attachement, oui, ou de l'instinct de protection, de là à parler d'amour...Celui que chantent Eluard, Aragon, tous les grands poètes, je crois que c'est cela, « l'essence partagée » que vous évoquez.
Mais à y bien réfléchir, c'est sûrement un mélange de ces deux caractéristiques qui nous rend si particuliers...et universels à la fois.
En tout cas, il reste que, comme je le disais, l'incendie de Notre-Dame stimule étrangement la double identité: l'appartenance forte à un peuple précis, son histoire, sa tradition, ses racines, et en même temps le sentiment d'appartenance à quelque chose de plus universel. Ce que l'on appelle « le patrimoine de l'humanité ». Mais ce n'est que mon avis.
Je vous embrasse
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Chère Céleste, je vous ai répondu, mais, à la suite d'une mauvaise manœuvre, ma réponse a disparu, avalée par le néant numérisé. Bien fait pour moi ! Cette réponse manquait de charme. Elle était pompeuse et ennuyeuse. Votre dégagement sur l'amour est bien plus charmant et convaincant que mon prétentieux pensum, même s'il ne me convainc pas. En revanche, je suis en complet désaccord avec vous sur le sujet des animaux. J'ai mille exemples d'amour totalement gratuit, et d'amitié charmante par des animaux. Je pourrais vous entretenir d'une chienne teckel, dont la mort me fut un chagrin jamais guéri.
Dernière chose : je suis prodigieusement agacé, navré par la tentative de Macron et de ses obligés, aidés par quelques journalistes, de nous présenter Notre-Dame de Paris comme une sorte de maison des peuples, débarrassée de Dieu, ouverte à la fréquentation des touristes. L'avenir que ces individus destinent à la cathédrale reconstruite par leurs soins me semble être celui d'un « open space » à l'usage des nouveaux consommateurs, adeptes d'une sorte de syncrétisme niais. Les cathédrales sont nées au Moyen Âge : elles sont la manifestation d'un élan spirituel et culturel, ainsi que d'un effort géométrique. Elles veulent la présence d'un Dieu de miséricorde, qui ne déteste pas se jouer des hommes, et qui consent à ce qu'ils établissent avec lui des rapports complexes. Le Dieu des cathédrales est occidental, il a besoin des hommes. L'humanité distrait ce Dieu de miséricorde, qui s'ennuie dans son état de perfection. Le spectacle renouvelé de nos égarements, nos tentations d'impiété, notre fantaisie dans la recherche du plaisir, notre exubérance dans sa manifestation, tout cela l'amuse plus qu'il ne l'avoue.
La divinité 2.0 de M. macron et de sa majorité de start-upers cyniques est bien éloigné de ce Dieu-là. En revanche, je comprends parfaitement qu'on se passe volontiers de Dieu et qu'on ne s'en porte pas plus mal.
« l'incendie de Notre-Dame stimule étrangement la double identité: l'appartenance forte à un peuple précis, son histoire, sa tradition, ses racines, et en même temps le sentiment d'appartenance à quelque chose de plus universel. ».
N'est-ce pas précisément parce que vous être française, et, je le crois, exemplairement française, que vous pouvez, dans cette circonstance, ressentir ce sentiment d'appartenance universelle. Il me semble que la France a, plus distinctement que d'autres pays, et avant tous les autres, théorisé puis mis en pratique cette « vertu » d'universalité. Pendant toute la féodalité, la classe aristocratique ne se sent pas particulièrement attachée à une nation. Elle sert un roi, un prince, elle le trahit, se rallie à un autre, passe les frontières (voyez la vie extraordinaire de mon cher prince de Ligne). C'est avec la Grande Révolution que naît un étrange paradoxe : l'appartenance à une nation orgueilleuse (et dominatrice) et le partage généreux des valeurs qui fondent ce sentiment neuf, qui deviendra le nationalisme. C'est bien cela le paradoxe !
Il est vrai que le nationalisme, qui s'exacerbera avec les régimes, peut être vu comme une déviation de ces valeurs, comme un usage détourné de ces buts généreux, mais il reste que ce nationalisme va précipiter les peuples et les systèmes vers…
Mais au diable toutes ces analyses : elles sont assommantes et me changent en donneur de leçon. Je vous prie de m'excuser. Je préfère de beaucoup votre explication « par l'amour », même si elle ne me convainc pas. En revanche, je suis en désaccord total avec vous sur les animaux et l'amour. J'ai des preuves évidentes d'amour idéal, accompli, sans réserve par des animaux, ou des marques de simple et tendre amitié.
Enfin, autre chose : je suis agacé par le détournement opéré par la classe médiatique, politique, avec le concours des autorités catholiques : Notre-Dame de Paris est une cathédrale, c'est à dire la manifestation d'un élan spirituel et d'un prodige architectural (donc mathématique et empirique) nés au Moyen Age dans l'Europe chrétienne et uniquement dans cette partie du monde. M. Macron et les crétins qui le servent ou qui lui doivent tous leurs postes et leurs prébendes, aidés en cela par nombre de journalistes et commentateurs, s'efforcent de nous présenter Notre-Dame comme une sorte de maison commune, qu'il convient de rebâtir afin qu'elle puisse accueillir les nouveaux fidèles d'un syncrétisme moderniste, à base de postures de yoga, de régime vegan et de sentimentalité grégaire. Si c'est cela, la prochaine étape spirituelle d'une communauté de « start-upers » à la fois niais et cyniques, la cathédrale restaurée de Notre-Dame connaîtra un sort funeste. Les rapports étranges, compliqués, contradictoires que nous devons/pouvons entretenir avec Dieu ne sauraient se contenter de cette relation apaisée et toute relative.
Mais j'ai été suffisamment ennuyeux, et je vous prie de vouloir bien m'en excuser.
Désolé de m’immiscer dans vos (d)ébats, bien chers Patrick et Célestine – à laquelle je profite de l’occasion pour souhaiter un heureux vingtième printemps ( oui, quand on aime, on a toujours 20 ans)- pour me permettre d’évoquer les évènements que tous deux évoquez de conserve avec vos usuelles brillances. A vous dire que je n’ai pas ressenti de « grande émotion » pendant ces heures d’incendie violent alors qu’il y a peu, le saccage de l’Arc de triomphe me dévasta , me laissant souvent aux bords des larmes et pis, m’ayant provoqué une crise de foie ( pas de foi) carabinée.
Merci cher Nuage pour mon anniversaire. Eh oui j’ai vingt ans... :-)
À vrai dire l’émotion a vite fait place à l’agacement et à la perplexité face à la récupération de l’événement...
Je vous embrasse
Merci Patrick pour ce débat de plus haute tenue que ceux que l’on entend en ce moment à la TV
Je vous embrasse de même.
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
En effet, Nuage, cette jeune femme, « d'une simplicité de bon aloi » (dixit le Général sur Bardot, après une réception à l'Élysée), exprime ici, comme toujours, une pensée rationnelle soulignée d'humour, et joliment adoucie par une mélancolie imperceptible mais sans doute profonde.
Quant à vous, mon cher Nuage, vous manifestez, non sans talent, cet anti-christianisme qui fonde une partie de votre charme, dans le même temps que vous protestez, comme il convient, de votre républicanisme.
Pour moi, chrétien oublieux et catholique suspect, les temps que nous vivons me commandent de me montrer solidaire de mes frères en religion, qu'on accable de tous les maux. Seuls contre tous ! Alors que l'opprobre contre les princes de l'Église tripoteurs de communiants, et contre les curés violeurs de sacristie, désigne à la vindicte l'ensemble de la chrétienté, je la défendrai plus volontiers aujourd'hui qu'hier. Les chrétiens sont aujourd'hui menacés un peu partout dans le monde. S'ils veulent du sabre ébréché d'un dandy vieillissant, je le mettrai volontiers à leur service. La splendeur architecturale des cathédrales, la beauté, d'une éblouissante modestie, des moindres chapelles, la puissante sensualité que l'Église, parce qu'elle fut la religion adorablement incarnée, a suscitée et même encouragée chez les artistes (les plus grands de tous) qu'elle a enrôlés, l'extrême raffinement culturel et intellectuel qu'elle a fondé, tout cela, et tant d'autres choses, m'interdit de la trahir.
Ôtez moi d'un doute affreux : vous n'êtes pas mort ? ;-)
Affectueuses pensées
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