dimanche 4 mars 2012

Pourquoi votre fille est muette














Le menton est un peu agressif, la bouche aux lèvres minces, rétractées, figure un quant-à-soi amère ; les yeux, autrefois rieurs, se réduisent par instant à une fente d'ironie suspicieuse. Longtemps erratique, il semble que la coiffure ait trouvé son style : courte, la nuque dégagée, une mèche collégienne sur le front. La face, très ouverte, paraît humer le bon air des prairies. Les membres sont puissants, les épaules solides : madame Voynet possède un physique campagnard d'autrefois. Le sait-on assez, cette chlorophyllienne athlétique est la porte-parole d'Eva Joly ?
À quoi pense-elle, Mme Voynet ? Candidate des Verts à l'élection présidentielle, en 2007, il serait inélégant de qualifier le pourcentage des voix qui se portèrent sur son nom de misérable, mais il ne paraît pas faux de le considérer comme négligeable. Désignée de justesse par ses compagnons, elle repoussa plus d'électeurs qu'elle n'en attira : si ce ne fut pas la « catastrophe du siècle », on frisa tout de même le désastre. Évalue-t-elle la prochaine compétition à l'aune de sa propre défaite ? Pressent-elle l'humiliant fiasco ? Veut-elle s'en préserver en se faisant si discrète qu'on ignore souvent son titre auprès de la championne d'Europe-écologie-les-verts ? Il est vrai que cette dernière, après avoir lancé quelques suggestions plus fantaisistes les unes que les autres, a choisi une tactique muette. Elle ne se signale plus par aucun éclat, ne propose plus de transformer l'Arc de triomphe en jardin suspendu, ou la nuit de Noël en cérémonie nationale du souvenir des crimes français contre les espèces potagères disparues.
Mais peut-être cette ombre qui passe sur le regard de Dominique Voynet signale-t-elle désormais son accablement et sa résignation, après que M. Hollande n'a marqué aucune hostilité de principe à l'exploitation des schistes bitumineux. Qu'en dira la capricante franco-norvégienne, déjà peu suspecte de bienveillance envers les socialistes ? La porte-parole s'attend-elle à une riposte cinglante de la part de l'ancien et redouté juge d'instruction, par exemple à son refus explicite d'appeler à voter pour le candidat « normal » ? Par les temps qui courent, et surtout par ceux qui s'annoncent, un peu de voix peut concourir à faire le plein des voix.
Les semaines qui viennent devraient apporter leur lot de surprises et de rebondissements dans la vie exaltante des adorateurs du veau bio.
(Photographie DR)

4 commentaires:

Le Singe Vert a dit…

Est-ce que le veau bio peut être halal ? Je dis ça parce que chez les pro de l'indignation côté corrida, il n'y a pas eu un seul oh sur le halal ...

Bizarre ! Pourtant en proportion, la corrida affiche un certains retard zoocidaire sur le halal ...

Patrick Mandon a dit…

Hélas pour lui, le veau bio peut-être égorgé sans avoir été auparavant étourdi !
Votre message, plein de mauvais esprit, est également plein d'esprit, Singe Vert.
C'est curieux, je n'éprouve pas la même répulsion devant le spectacle, pourtant cruel et irrationnel, de la corrida, alors que la condition animale m'importe. Le taureau a peu de chances de s'en sortir, mais il combat avant de mourir. J'avoue que le spectacle d'un « victorino martin » s'élançant vers la cape, ses deux formidables cornes naturellement dressées, me procure l'illusion d'une certaine égalité entre l'homme et la bête. Mais je sais que des fers vont s'enfoncer profondément dans sa chair, le blesser, provoquer une abondante hémorragie, l'épuiser lentement, inonder de sang ses poumons… Il aura souffert, mais enfin, il aura combattu !

Nuagesneuf a dit…

Savoureux portraits de deux égéries ( !) , la capricante Voynet et la coruscante Alice. Figurez-vous que le soir même où vous avez publié votre billet sur la coruscante, je suis tombé par hasard sur un film donné par la RTBF dans lequel jouait l’inquiétante Alice. Le titre ? Déjà oublié, désolé. Le film était très moyen, entièrement habité par un T.Lhermitte à son meilleur, pourtant dans un second rôle. J’ai donc découvert Alice pratiquement sous tous les angles…les courbes plutôt. Elle ne laisse pas insensible et de ce que j’ai pu découvrir par le biais de recherches sur l’internet, ajouté à votre portrait résulte que cette jeune femme riche de bien des talents est prête pour le mieux. Je forme donc des vœux tout comme vous pour qu’on ne la laisse pas au garage.
Je ne m’ « étendrai » pas sur Voynet, Joly et autre Duflot contre lesquelles l’Ecologie mondiale pourrait instruire un procès pour atteinte grave à la beauté, à la nature et à l’expression orale de la noble langue.

Ps : le film, c’est Notre univers impitoyable de Léa Fazer. Merci Wiki !

Patrick Mandon a dit…

Ah Jean-Michel, Alice est la grâce incarnée ! Les films où elle apparaît jusqu'à présent, en effet, ne semblent guère intéressants. Son apparence ne donne pas d'imagination aux cinéastes, et c'est regrettable ; je persiste à penser qu'il lui faut jouer la faille, la cruauté, la perte. Cela dit, elle excelle dans la comédie. Je la verrais bien dans le quiproquo, dans la fantaisie du double jeu.
Pour ce qui est des écologistes, je m'étonne souvent qu'ils se sentent si solidaires de la nature, après ce qu'elle a fait à nombre d'entre eux…