Elle n'a certes pas encore trouvé le rôle qui l'installera à la place qu'elle mérite dans le cinéma français, c'est à dire parmi les premières, mais chacune de ses apparitions constitue une surprise. Très à l'aise dans la comédie, elle ne s'est pas suffisamment éloignée des films de sa génération, qui la retient encore. Elle pourrait étinceler dans des œuvres intemporelles, qui mettraient en valeur son ambiguïté fondamentale, constitutive. Sa beauté n'est pas froide, à la manière d'une Deneuve, à laquelle on la compare hâtivement. D'abord, elle est beaucoup mieux faite que Deneuve au même âge, elle est ardente, colérique, déterminée, on ne lui sent pas de faiblesse, c'est à dire de facilité. Son ironie n'est pas que de façade, mais constitue bien son arme de défense favorite. Or, elle ne déposera les armes que devant son égal. Elle n'a pas d'égal masculin dans le cinéma français.
Elle se nomme Alice Taglioni. Elle a traversé une terrible épreuve personnelle. Il est temps, à présent, que des scénaristes soient hantés par sa présence nerveuse, par son intelligence, par son avidité retenue, et lui donnent les grands rôles qu'elle mérite, qu'elle attend. On ne peut pas laisser une Ferrari au garage, et il est attentatoire à la dignité humaine de la conduire comme une maigre sportive coréenne.
Ses dons naturels, son éducation musicale, son long apprentissage du piano la destinaient à une carrière de soliste. Elle a choisi de devenir actrice (j'emploie ce mot à dessein, parce que nous possédons pléthore de comédiens et fort peu d'acteurs) : il doit y avoir une raison cachée, une tentation, une faille. Cette faille est peut-être la clef de son avenir. Il conviendrait enfin de donner à sa beauté toute l'étendue de son atrocité. En outre, elle joue au poker, et elle aime ça !
Martin Solveig & Alice Taglioni - I Want You... par Innocence-1992
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