vendredi 25 mai 2012

Fin de féerie

























Nous n'irons plus, à la nuit tombée, sous ses fenêtres aux persiennes closes à l'espagnolette, nous ne nous hausserons plus sur la pointe des pieds, dans l'espoir toujours renouvelé, rarement déçu, d'apercevoir l'une des créatures admirables qui peuplaient ses rêves et notre fantaisie. Esther a éteint sa lampe, fermé ses volets, bouclé sa porte. Elle en a décidé ainsi. Car Esther est cruelle ; sa main griffe aussitôt qu'elle a caressé, et ses yeux rieurs suivent les fines pistes sanglantes que ses ongles tracent sur la peau de ses amants.
Nous n'irons plus chez Esther, dans cette vaste demeure tendue de velours cramoisi, où elle préparait ses philtres d'amour, selon des formules très anciennes et compliquées connues d'elle seule, et que lui avait murmurées une fée pâle sur son lit d'agonie douce : « Désormais, tu te nommeras l'Ondoyante, car je t'ai confié mon savoir : il te revient d'enchanter le monde, de distraire les humains de leur ennui et de leur chagrin inconsolable  ! ».
Esther animait une admirable féerie sensuelle, composée de corps et de mots. Elle exaltait la cambrure, les rotondités, les fentes exquises, la sueur des chairs point encore lasses, le son rauque du plaisir, la plainte adorable et les souffles mêlés, les nœuds que font les membres enlacés, l'arc d'un ventre brusquement soulevé par une onde de plaisir, le frémissement des paupières et l'abîme des yeux, enfin tout le ballet charmant de l'amour, et du désir qui nous en procure l'illusion nécessaire.
Esther est partie. Elle reviendra.


Joe Cocker - Night Calls par Like_Finger

On lira aussi  Esther, visiteuse du soir

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Esther est désormais retirée de la lumière tamisée de son alcôve après s'être offerte corps et âme pendant deux an et demi.
Esther a aimé se livrer ainsi pour le plaisir de ceux qui sont venus la caresser ou l'embrasser du regard.
Mais Esther a eu envie de "liberté" après s'être emprisonnée dans cette magnifique demeure à l'ambiance tamisée, tapissée de velours, bercée de poésie et de belles images, qu'elle avait créée.
Alors oui, Esther a mesuré pendant de longs mois toutes les conséquences liées à son départ, mais Esther considère que pour aimer mieux encore, il faut savoir parfois partir, en laissant une saveur douce et suave sur le bout des lèvres, une sensation de chaleur dans le creux de la main après l'étreinte, et le souvenir impénétrable d'un moment unique partagé. De vous à moi - de moi à vous.

Esther va prendre à présent le temps de se ressourcer pour songer au nouveau voyage qu'elle offrira à sa vie, à la votre peut-être.

L'ondoyante Esther dépose au vent des baisers et un dernier murmure… l'entendrez vous ?

Nuagesneuf a dit…

Si notre myss esther rieuse Esther murmure, nous entendons : http://www.youtube.com/watch?v=IdGpy-TaZK0&feature=related

Nuagesneuf a dit…

Quand notre myss Esther rieuse Esther murmure aux vents, nous entendons : http://www.youtube.com/watch?v=IdGpy-TaZK0&feature=related