lundi 21 mai 2012

Je n'aurai fait que passer

Sa mort n'aura pas bouleversé les foules. Il est vrai que son art n'était pas populaire. Pourtant, je me souviens d'une boulangère mélomane, qui passait en boucle ses disques ainsi que ceux de Maria Callas. Mais la nouvelle bourgeoisie ne lit pas plus qu'elle ne s'intéresse à l'interprétation des Lieder de Schubert. La nouvelle bourgeoisie écologiste met une grande application à se détourner de la culture exigeante : elle préfère se consacrer à des loisirs plus « cool ».
Dietrich Fischer Diskau, après Gustav Leonhardt (le 16 janvier), Maurice André (le 25 février), a tiré sa révérence. Ce que faisait Fischer Diskau se situait entre le souffle et l'esprit. Pour le saluer, et pour rendre hommage à ces trois grand interprètes, je vous propose ce moment d'intense beauté, entre Sviatoslav Richter et Dietrich Fischer Diskau. Il s'agit du Lied « Der Wanderer », composé en 1816, sur un poème de Schmidt von Lübeck, qu'on traduit par Le voyageur, mais avec une nuance d'errance permanente. L'homme du Wanderer ne trouvera pas le repos sur la terre 
Le soleil me semble ici si froid, 
La fleur flétrie, la vie vieille, 
Et ce qu’ils racontent bruit vide et creux ; 
Je suis partout  un étranger 





Pour accompagner notre salut admiratif, cette autre « action de grâce », que nous devons au Gewandhausorchester, orchestre symphonique de Leipzig, dirigé par le grand Kurt Masur, et à Julia Varady, injustement méconnue, soprano allemande, d'origine hongroise, née en Roumanie (bonjour Nadia, qu'on ne voit plus !)
Ce lied, « Im Abendrot » (« Au soleil couchant ») appartient aux « Quatre derniers Lieder » (« Vier Letzte Lieder ») composés par Richard Strauss, sur un poème de Joseph von Eichendorff. Il est le dernier de la série. Les trois précédents - « Frühling » (« Printemps »), « September » (comme son nom l'indique), et  « Beim Schlafengehen » (« À l'heure du sommeil ») - sont l'œuvre de Herman Hesse, auteur du « Loup des steppes ».


R. Strauss, Im abendrot. par jolicrasseux


On pourra se rendre à

1 commentaire:

L'Anonyme a dit…

J'aime imaginer que l'errance postmoderne trouve sa source ambivalente dans tous ces Lieder particulièrement sublimes - et dont il ne restera plus rien un jour, quand ceux qui savaient les chanter seront tous morts.