Dans un article, qu'elle avait écrit dans Libération, elle citait Sacha Guitry : « Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon, vous n'en sortirez pas vivants ! » Elle vient d'en sortir et, en effet, elle n'en est pas sortie vivante. Pour les gens de ma génération, Muriel Cerf est d'abord une jeune femme d'apparence fragile, menue, d'une beauté de porcelaine, mais très décidée. Son apparition, dans les années soixante-dix, en quelque lieu que ce soit, créait immédiatement une fusion d'intérêt, d'admiration, de désir. Elle était douce et inflexible, parfaitement indifférente aux modes, aux retournements, aux arrangements. J'avais lu son premier livre, « L'Antivoyage », avec une joie mêlée d'étonnement : son Asie était redoutable, dangereuse et sinistre comme la misère. Elle avait été la coqueluche de Paris, puis la vie s'était vengé de cet adorable pirate si doué, malicieux, et d'une éducation parfaite. Je me souviens d'elle.
6 commentaires:
Vous m'apprenez ce triste évènement, cher Patrick.
Comme vu, je n'ai pas dépassé l'Antivoyage ; j'étais jeune à l'époque, culturellement parlant, et cette femme-fée me fit forte impression.
Dans la première vidéo, un peu déjantée, reconnais-je à raison la voix off de Taddei ? Et dans la seconde, avec Ardisson, Muriel a de bien troublantes moues. Des suites de son accident ?
Elle a une voix unique, elle donne à chaque voyelle une intonation très étrange, tellement emplie de distinction non affectée, une mélodie émouvante...
vous m'apprenez aussi beaucoup de choses, et avant la lecture de cet article, je ne connaissais pas cet écrivain. Cela me donne envie de lire un de ses livres, j'irais fureter à la bibliothèque municipale.
Bonjour Caro, je suis heureux de vous accueillir ici. Essayez de trouver l'Antivoyage, singulier rapport d'une lointaine expédition. Replacé dans son contexte historique, il apparaît comme un pied de nez adressé aux « baba cool » de l'époque.
Revenez nous dire ce que vous en avez pensé.
Je me souviens d'avoir lu "Maria Thifenthaler" en Folio en 1984.
Je me souviens d'une émission de France-Culture où elle parlait de Saint-John Perse, son poète préféré, en lisait certains passages, avec une voix particulièrement sensuelle.
On n'avait plus de ses nouvelles, et c'était dommage.
Bonjour Patrick,
Votre invitation à lecture de Muriel Cerf est efficace, malgré les événements.
On lit malheureusement souvent les auteurs trop tard.
Je remarque que Muriel est née non loin de là où moi-même j’ai poussé mon premier souffle, et ce stupide sentiment de proximité géographique me rapproche d’autant plus de la lecture de ses actes de piraterie.
J’en profite pour répondre à votre message laissé sur mon blogue. Même si je ne pense pas toujours à mettre à jour celui-ci, je passe toujours régulièrement par chez vous (en silence, il est vrai).
A bientôt.
Ravi de revoir Mr PM, et salut à Sud !
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