Georges Lautner est mort. Il était très lié à sa mère, connue à la scène sous le nom de Renée Saint-Cyr. Comme leurs deux domiciles n’étaient pas éloignés l’un de l’autre, on pouvait aisément rendre visite au premier et saluer celle-ci. J’ai rarement vu autant de plaisir et de désir de séduire chez une femme, à un âge avancé. Elle était remarquablement belle et d’une élégance parfaite. Elle vous recevait en vous donnant le sentiment que vous étiez intéressant, alors que, fort heureusement, vous n’aviez presque rien dit : elle possédait le don de faire de sa vie un récit piquant, charmant, déluré, plein d’observations justes. C'était une artiste « à l'ancienne », et de son temps. Georges Lautner se garda bien de confier publiquement tout le mépris amusé que lui inspiraient les éloges tardifs. Il avait une excellente mémoire et un esprit très caustique, mais le succès de ses films, la reconnaissance universelle de son style (1), son amour de la vie le mirent à l’abri de tout ressentiment. Il citait, en riant, des extraits de critiques, parues dans la presse… Se souvient-on, par exemple, que Jean-Louis Bory a écrit, à propos de Michel Audiard, co-auteur des dialogues des « Tontons flingeurs » : « J’ai marché dans de l’Audiard du pied gauche, et cela ne m’a pas porté bonheur ! ». Pauvre Bory ! Enfin, il fut aussi un bon découvreur de talents. Je ne saurais omettre de nommer Mireille Darc, véritable inspiratrice de Michel Audiard et de Georges Lautner, qui s'est parfaitement intégrée à leur univers de « mecs ». Ces trois-là étaient unis par des liens d'amitié et de joie très forts.
Mise au point
On voit très souvent des photographies de plateau, illustrant « Les Tontons flingueurs », dans la presse. Elles sont soit signées Gaumont, soit d’un nom inventé, ou encore de celui d'un voleur de documents. Pour Gaumont, c’est en partie vrai, puisque cette société a produit la plupart des films de Lautner. Mais pour les autres, il s’agit d’une usurpation. Toutes les photographies des « Tontons » sont de mon ami Jean-Louis Castelli, hélas décédé trop tôt, alors que nous préparions l’édition de l’ensemble de son travail de photographe de plateau On aperçoit Jean-Louis dans le rôle du photographe du mariage, dans « Les Tontons », et son cousin, Philippe Castelli, dans celui du tailleur de Ventura.
(1) À propos de son style, il faudrait l’examiner sous l’angle de la loufoquerie, et des possibilités narratives fondées sur les ruptures brutales, incohérentes, et l’irruption de l’improbable, qu’offre le dessin animé américain, dit cartoon. Lautner avait un faible pour le récit noir, qui finit mal. « Le Pacha » est une réussite, qui vieillit très bien et a renouvelé le genre. La première partie de « La Route de Salina » est excellente…
Ci-dessous : Lino Ventura, Francis Blanche, Robert « Bob » Dalban, Bernard Blier, Jean Lefebvre : extraite de Les Tontons flingueurs, il s'agit d'une photographie de plateau signée Jean-Louis Castelli, et non pas Rue des archives ! Il est inadmissible qu'on tolère une telle dépossession d'un travail artistique !
7 commentaires:
Merci pour votre hommage. Heureux d'apprendre pour Renée Saint-Cyr que j'aime beaucoup.Sur votre nouveau bandeau je ne sais qui est cette femme qui me semble froide et frémissante et blonde (?), j'ai bien une petite idée mais mon éducation m'empêche de nommer au risque de "faire jaser" (cf. M.Audiard). Il y a tant de malfaisants de nos jours.
J'ai revu avec un plaisir non dissimulé les mythiques Tontons Flingueurs. Mais mon amour de la langue me porte à penser que ce que je préfère, chez eux, ce sont les dialogues de Michel Audiard, qui en font tout le sel.
Votre blog se transforme, j'aime bien. La jeune femme mystérieuse dont parle Nuageneuf ne serait-elle pas Greta Garbo?
Bien à vous
Célestine, Élue du Ciel, Cils célestes, les dialogues, bien sûr, mais aussi le style du metteur en scène, cette manière de faire du vrai cinéma avec de la fantaisie débridée. C'est de la loufoquerie française. Il me semble que l'apogée de cette « manière » est atteinte dans La Métamorphose des cloportes ».
Je transforme en effet l'aspect général du blogue, et je suis heureux qu'il ne vous déplaise pas. Il est vrai qu'il en avait bien besoin. La jeune femme mystérieuse dont parle le cher Nuage ? Qu'en dire ? Elle tient sa cigarette comme plus aucune femme ne le fait. Il est des êtres que l'on croise, par hasard, mais le hasard est beaucoup plus précis et objectif que la vie ordinaire. J'ai croisée cette femme, il y a longtemps.
Il manque un « d'ouverture à « La Métamorphose des cloportes »
Et il faut écrite « J'ai croisé cette femme…»
Il faut écrire.
Toutes ces fautes ! Il est peut-être temps d'arrêter !
Très joli, le nouveau costume des Garçons, mon cher cousin !
Le chic et l'élégance toujours !
Cela vous plaît, ma chère cousine ? Vous me rassurez. Revenez de temps en temps dire tout le mal que vous pensez de moi et, aussi, un peu de bien. Beaucoup de mal, un peu de bien : il faut ce déséquilibre pour rendre le fléau (de la balance) stable…
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