C'était un temps raisonnable. Les jolies filles à la taille bien prise et aux seins haut-perchés pouvaient dessiner des figures un peu vaines dans l'espace, et narguer le reste du monde depuis Paris. Françoise Dorléac produisait une chorégraphie charmante et délicieusement stupide en fixant la caméra d'un œil gourmand. Elle était encore en vie, l'avenir lui appartenait.
On mesurera le mouvement de régression moral qui nous emporte aujourd'hui en regardant ces images d'une adorable et très graphique innocence.
Elle voulait être la reine Christine, La Dame aux camélias, jouer Musset, être connue. La mort l'a prise. La mort prend tout le monde, c'est toujours elle qui gagne, à la fin. Au reste, c'est ce qu'on appelle la fin…
Ci-dessous : les jeunes comédiennes n'embrassent plus les arbres des avenues à la manière de Dorléac. On décèlera dans cet enveloppement peut-être une protection, une signification amoureuse, un abandon, la désignation d'un objet transitionnel, ou la simple manifestation de la confiance d'une femme heureuse, d'une actrice au bel avenir.
Quoi qu'il en soit, les jeunes comédiennes n'étreignent plus les troncs des arbres parisiens à la manière de Dorléac.
Anita Ekberg vient de partir. Paris n'est plus ici, Rome n'est plus dans Rome. Nous marchons vers les ténèbres ; la chair blanche, ondoyante d'Anita disparaît progressivement dans la pénombre. Tous les garçons se sont appelés Marcello…
2 commentaires:
Beau billet et délicieuses vidéos, merci Patrick.
C'était un billet tout entier pour vous, Florence. Tout ce que vous aimez s'y trouve, toute l'Italie, tout le cinéma, et l'amour.
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