« La chanson de Maglia me fait toujours penser à l'histoire de ces deux là. Je ne vous apprendrais rien en disant que c'est un poème de Victor Hugo que le beau Serge a magnifiquement mis en musique. Comme il y a deux Gainsbourg, il y a deux Hugo. L'un aime les épopées, le fracas des armes et l'histoire qui s'écrit avec des glaives ou de la poudre. C'est le Cecil B de Mille de la poésie..! L'autre est homme tendre, attentif aux douleurs de l'âme et qui se penche doucement sur le malheur d'aimer. Ce poème ne pouvait que plaire au jeune Gainsbourg. Avec sa musique très lente, très triste et sa voix de basse, il nous offre sur un plateau d'argent les vers du père Hugo, et en prime sa propre peine. Il arracherait des larmes à un agent de change ! ».
Voici la chanson :
Et quelques trésors, où l'on voit l'éducation classique du beau Serge, son goût très sûr en matière de musique, qui l'autorise à envelopper Musset et Hugo de sonorités neuves.
Nuit d'octobre, d'après La Nuit d'octobre, d'Alfred de Musset :
Les Amours perdues, chanson figurant dans le 45 tours paru en 1961, avec les titres Les Femmes c'est du chinois, Personne, Les Oubliettes.
Et encore, Intoxicated Man, qui sonne très jazzy, ambiance noire chic.
Gainsbourg au piano solo ; ce n'est certes pas un virtuose, mais sous Serge geint et gît un vrai musicien. Chopin, Valse de l'adieu :
Célestine, toujours à propos de cet article, écrit :
« Les deux chansons de Gainsbourg dans lesquelles il atteint une sorte de paroxysme de son art sont Je t'aime moi non plus, et Initials BB.
Elles sont comme l'anode et la cathode de la passion électrique qui les consuma.
Bardot serait pour moi comme l'équivalent féminin de Brando. Leur beauté animale et implacable ne souffre aucune remarque. Elle est parfaite. Nous ne pouvons, pauvres mortels, que tortiller au mieux ce que la nature nous a donné pour nous consoler de ne pas être eux. »
« […] beauté animale et implacable […] », Célestine a doublement raison : Bardot et Brando, les Capitals B du siècle dernier, incarnent la gloire maîtrisée, méprisée, le malaise et la rupture.
Voici Initials BB, pour Célestine, pour tous, pour le plaisir, pour le spectacle proprement incroyable des apparitions de Bardot :
Et encore :
Sous l'empire de Bardot
4 commentaires:
Je suis assez d'accord avec Pierre sur les deux faces de Hugo. Mais n'y a-t-il pas en chacun de nous un Gainsbourg et un Gainsbarre, un Renaud et un Renard, un Hyde et un Jekyll ?
Je me souviens d'une phrase entendue dans ma jeunesse, et qui m'avait beaucoup marquée. "Dans tout visage, il y a un oeil qui assassine et un oeil qui demande pardon."
Et il est vrai que souvent les regards, les visages, ne sont pas complètement symétriques. Comme si nous étions tous des Janus en puissance.
La dualité me fascine, la pluralité même, et la complexité des âmes pour tout dire.
Merci pour la dédicace spéciale "ma chanson préférée du beau Serge"
Je fais la moue, mais ce n'est que par mimétisme. ;-)
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« La complexité des âmes », dit la belle Célestine qui fait si bien la moue… L'âme est le lieu même de la complexité. Votre assassin, Céleste, est encore très fréquentable, dont un œil tue quand l'autre implore le pardon de sa victime. Entre l'attraction universelle, et la traction qu'exercent les contraires, nous avons bien des difficultés à garder l'équilibre. Mus par la traction avant et par la traction arrière, nous allons et nous venons, comme des allemands erratiques entre deux Rhins : nous ne sortons de l'impasse que pour pénétrer dans un cul-de-sac.
Je goûte la dimension érotique de vos deux dernières phrases...
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Célestine ☆ a dit : « Je goûte la dimension érotique de vos deux dernières phrases... »
Chère amie, votre chute de Rhin(s) est remarquable !
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