jeudi 20 juillet 2017

Le bel amour


- Alors, c'est décidé, tu t'en vas !
- En effet, je pars.
- Tu retournes chez ta mère.
- Ma mère est morte.
- Je le savais, je voulais simplement reprendre une vieille formule.
- Garde donc tes vieilles formules pour toi.
- Auparavant, quand une femme quittait un homme, elle allait chez ses parents. On disait : chez sa mère.
- Eh bien, c'est fini, à présent !
- C'était mieux avant.
- Rien n'était mieux avant !
- Si, moi par exemple, j'étais mieux avant.
- C'est vrai, j'ai vu des photographies de toi. Tu valais le détour, et même le détournement de mineur.
- Moi, je t'ai connu majeure… et je t'ai retournée !
- Tu ne m'as pas retournée, c'est moi qui y ai consenti.
- Disons que tu m'en as prié. D'ailleurs, tu t'es mise à genoux.
- Salaud, goujat !
- Mais voyons, chacun sait que l'amour est un sacrement qui se reçoit à genoux !
- Oh, je ne t'entends plus, je ne te vois plus, je t'ai déjà oublié !
- Déjà ? Alors, c'est Alzheimer !
- Au contraire, c'est de l'hygiène mentale ! D'ailleurs, tu es aisément oubliable.
- Tu n'as pas toujours dit cela.
- Je l'ai toujours pensé.
- Tu pensais à moi pour n'y plus songer ? Étrange manière de m'oublier !
- Je te conseille de faire de même.
- Non, je ne changerai rien à ma façon d'être et de penser. Je serai comme j'ai toujours été, comme avant.
- Dommage, on est déjà après !
- Après quoi ?
- Après qui, plutôt ! Tu l'as dit toi-même, tu étais mieux avant, bien mieux, je ne t'ai connu qu'après.
- Tu es venue trop tard.
- Oui, mais je pars à temps.
- Comment peut-on partir à temps quand on est arrivé trop tard ?
- Jolie formule ! Oh, mais c'est vrai qu'il est tard.
- Tu devrais rester.
- Rester ici ? Pour aller où ?
- Je l'ignore, je sais seulement qu'on va parfois plus loin à genoux qu'à pied…
- Salaud, goujat !



6 commentaires:

V. s a dit…

Belles variations sur l'amour.
Et ce dialogue que j'aime beaucoup qui se veut de rupture mais qui chemin faisant nous amène à penser qu'elle va rester. Il me semble faits l'un pour l'autre, ils se répondent si bien. Et l'homme n'est pas un goujat, mais quelqu'un que la vie a rendu ironique.
Belles illustrations comme toujours ici : French latino, une découverte et la voix de Roy Orbison, toujours un bonheur.
A bientôt.

Patrick Mandon a dit…

Vous avez raison : la voix de Roy Orbison est un bonheur. Votre visite ici en est un autre.

Célestine ☆ a dit…

Je me refuse à imaginer que « salaud et goujat » soient vraiment les derniers mots que vous aurez écrits sur votre blogue...Celui-ci mérite un autre excipit. ;-)
¸¸.•*¨*• ☆

Patrick Mandon a dit…

Excipit… Mes dernières lignes, mon dernier soupir ! Exit Mandon, il a trouvé la sortie, une façon de se dérober par une porte du même nom. Excipit… Joli mot, Les Beaux yeux, et subtilement glissé ! Voudrais-je dire quelque bien de ma personne, que je n'y parviendrais pas. Disons que, pour le moment, je « flemme », je flâne, je feins. C'est mon programme. Je reviendrai prochainement. Je vous salue et, pour ce faire, je me mets volontiers à genoux…

Célestine ☆ a dit…

Flemme, flânerie, feinte...vous explorez la lettre F , mais le mot genoux annonce peut-être la lettre G...je gage et m'engage sans doute généreusement dans un gluau glissant et gratuit...
¸¸.•*¨*• ☆

Patrick Mandon a dit…

Ah, mademoiselle Célestine, après ce G-là, il ne faut mettre qu'un point !