mercredi 20 novembre 2024
samedi 6 juillet 2024
Rhinoshérif ou M. Éluard, poète « insoumis »
La visite de quelqu'un au présent blogue m'a conduit à cette adresse : https://lavigue.blogspot.com/2017/01/paul-eluard-le-deshonneur-dun-poete.html.
Le blogue a pour intitulé MA PRAVDA A MOI(https://lavigue.blogspot.com) Il m'a paru très fréquentable, avec de la curiosité, des connaissances vastes, une belle variété dans l'intérêt, enfin de l'ironie bien propre à supporter les choses, les êtres et les événements. L'article Paul Eluard-Le déshonneur d'un poète relate un fait dramatique et la réaction qu'il suscita chez André Breton et chez Paul Éluard. J'ignorais tout de l'épisode, où l'on voit un très honnête homme, un esprit singulier, audacieux se heurter à l'épouvante sournoise du communisme. M. Éluard, personnage raffiné, sensible selon toute vraisemblance, aurait pu, aurait dû trouver les mots pour fustiger toute l'affreuse machination contre l'un de ces brillants esprits, qui peuplaient alors l'Europe Centrale. Au contraire, il présenta le visage hideux d'un apparatchik bien dressé, d'un commis de succursale d'une société Internationale…
Je vous invite à vous rendre à l'adresse indiquée ci-dessus, afin de comprendre de quoi il retourne.
Il me semble possible qu'une telle bassesse à motivation politique se manifeste aujourd'hui. On se croit insoumis et l'on se révèle zélé serviteur de son maître, sectataire à front de bœuf…
Cela m'a évoqué Rhinocéros, pièce de théâtre d'un auteur un peu oublié aujour'hui mais fameux naguère, et qui servait si bien l'idée de liberté qu'on lui colla sur le front l'étiquette d'infamie « réactionnaire », puis celle, plus odieuse encore, « extrême-droite ». Il en souffrit peut-être, il s'en consola sans doute, parce qu'il était l'un des meilleurs écrivains français de théâtre d'origine étrangère (il était né en Roumanie). Pour le reste, je persiste à croire que nous sommes menacés de succomber à la rhinocérite…
Pour l'histoire du rhinocéros par l'immense Albrecht Dürer qui illustre mon propos, vous trouverez tout ce qu'il faut dans cette brève video en provenance du château de Chantilly :
Le blogue a pour intitulé MA PRAVDA A MOI(https://lavigue.blogspot.com) Il m'a paru très fréquentable, avec de la curiosité, des connaissances vastes, une belle variété dans l'intérêt, enfin de l'ironie bien propre à supporter les choses, les êtres et les événements. L'article Paul Eluard-Le déshonneur d'un poète relate un fait dramatique et la réaction qu'il suscita chez André Breton et chez Paul Éluard. J'ignorais tout de l'épisode, où l'on voit un très honnête homme, un esprit singulier, audacieux se heurter à l'épouvante sournoise du communisme. M. Éluard, personnage raffiné, sensible selon toute vraisemblance, aurait pu, aurait dû trouver les mots pour fustiger toute l'affreuse machination contre l'un de ces brillants esprits, qui peuplaient alors l'Europe Centrale. Au contraire, il présenta le visage hideux d'un apparatchik bien dressé, d'un commis de succursale d'une société Internationale…
Je vous invite à vous rendre à l'adresse indiquée ci-dessus, afin de comprendre de quoi il retourne.
Il me semble possible qu'une telle bassesse à motivation politique se manifeste aujourd'hui. On se croit insoumis et l'on se révèle zélé serviteur de son maître, sectataire à front de bœuf…
Cela m'a évoqué Rhinocéros, pièce de théâtre d'un auteur un peu oublié aujour'hui mais fameux naguère, et qui servait si bien l'idée de liberté qu'on lui colla sur le front l'étiquette d'infamie « réactionnaire », puis celle, plus odieuse encore, « extrême-droite ». Il en souffrit peut-être, il s'en consola sans doute, parce qu'il était l'un des meilleurs écrivains français de théâtre d'origine étrangère (il était né en Roumanie). Pour le reste, je persiste à croire que nous sommes menacés de succomber à la rhinocérite…
Pour l'histoire du rhinocéros par l'immense Albrecht Dürer qui illustre mon propos, vous trouverez tout ce qu'il faut dans cette brève video en provenance du château de Chantilly :
Libellés :
Il est plus tard que je ne crois
samedi 22 juin 2024
Partie sans laisser d'adresse…
Et maintenant, que fait-on ?
On reste là, on se tait, on attend. Les mélancoliques s'en vont, la mélancolie demeure. C'est ainsi que nous « mélencoulons » avant de sombrer…
Son calvaire est terminé, car ce fut un calvaire. Elle nous laisse donc « sur notre fin ».
Pour Françoise H., on ira aux adresses ci-desous : Une sorte de grâce Mémoire d'autre-tombe… Comme un adieu dans une langue oubliée… C'est mieux à deux Mélancouler avant de sombrer Injoignables.
(Les liens ne sont pas actifs, je n'ai pas envie d'en connaître la raison ; tapez « Françoise Hardy » dans le rectangle blanc (cartouche Rechercher dans ce blog)) en bas à droite, sous ma photographie : tous les articles apparaîtront.).
mardi 2 avril 2024
Fruits de la Passion
Les Pâques sont venues, les Pâques s'en vont. Elles reviendront. Ce temps pascal a une grande signification pour certains, ne signifie rien pour d'autre. Un homme est mort, quel intérêt ? Il en meurt tant !
Celui-ci s'est donc rendu au royaume des morts, qui n'est pas exactement l'Enfer. Dans l'Antiquité grecque, ce royaume est « gouverné» par le dieu Hadès, lequel, convoitant la splendide Perséphone, l'avait enlevée, emportée dans son monde souterrain. Ce même royaume avait accueilli Thésée, héros impeccable, prisonnier du dieu souterrain (pour cette raison, Hadès et Perséphone sont des divinités dites chthoniennes ; la menace chthonienne, venue d'un terrifiant inframonde, est omniprésente dans l'œuvre de Howard Philipps Lovecraft). Mais, comme d'habitude, je m'égare, je fais le malin, je sème l'ennui : reprenons au début.
Les Pâques sont un héritage direct des Juifs (sur ce que le Nouveau testament doit à l'Ancien, ce joli mot de l'excellent abbé Arthur Mugnier (1853-1944), jésuite pauvre et commensal des tables parisiennes les plus recherchées, avec cela simple et modeste comme un curé de campagne, plein de compassion pour ses frères humains et non dénué d'humour : invité à passer du salon à la salle à manger d'un appartement du faubourg Saint-Germain, il s'efface devant l'un des convives, le Grand Rabbin de France, en lui glissant à l'oreille « Passez le premier, monsieur, vous êtes mon grand-père. » (Abbé Mugnier, Journal, coll. Le Temps retrouvé, Mercure de France). Pessah est la fête religieuse, qui rappelle au peuple juif la fin de son esclavage par sa sortie d'Égypte sous la conduite de Moïse. Les «démélés» de Sigmund Freud avec Moïse -qu'il voit comme un prince égyptien fasciné par la personne du pharaon Akhénaton, lequel est à l'origine d'une profonde réforme du culte religieux puisqu'on a pu y voir la première ébauche du monothéisme- constituent l'un des grands moments de la psychanalyse.
Cependant, pour la Pâques des chrétiens, il est question d'un homme, enfin du Dieu qui s'est fait homme, de son martyr consenti, de sa mort, puis de sa résurrection.
Les Pâques à New York, de Blaise Cendrars.
Ce poème (1ère édition en 1912) est fondamental. Il produit son énergie dans le même temps qu'il la diffuse. Avec sa forme d'écriture, son récit empreint d'une puissante miséricorde et baignée de mélancolie, plein de l'obscurité comme de la lumière du monde réel, Blaise Cendrars a inauguré une centrale assez puissante pour installer l'électricité sur tout le réseau de la poésie française et mondiale. Cendrars, c'est l'électricien en chef. Avec Les Pâques, le grand Blaise donne le récit de la soudaineté des formes, de l'irruption des images, des visages, ces êtres et des choses. C'est un long poème cubiste, le premier du genre. Si le mot « modernité» a un sens, ce texte est le premier poème moderne du XXe siècle. Et tout cela est plein de pitié pour la condition des hommes, qui sont pitoyables, certes, et misérables, et admirables aussi.
Et Dieu dans tout cela ? Dieu est partout dans ces lignes «à haute tension».
(Sur le même sujet, voyez Saint Blaise et http://touslesgaronssappellentpatrick.blogspot.com/2017/04/httpswww.html
Par Serge Reggiani :
Par Serge Reggiani toujours, la suite :
Les Pâques à New York, oratorio de Blaise Mettraux :
On ne peut pas dire de la Passion qu'elle fut une partie de plaisir pour Celui qui en fut le « héros ». Voici, parmi d'autres, le récit, sanglant, violent, de ce long calvaire : Charles Péguy l'a écrit, Pierre Hiegel (père de la comédienne Catherine Hiegel) est le récitant. Ce n'est pas précisément de tout repos, mais c'est à la mesure de l'événement.
Enfin, cette manière, très réussie, de placer le texte de Cendrars dans le rythme et le flux du rap, par Ekoué. Cette version m'avait été signalée, il y a quelque temps déjà, par Mr PM, un jeune homme très doué, qui fréquenta ces lieux.
Celui-ci s'est donc rendu au royaume des morts, qui n'est pas exactement l'Enfer. Dans l'Antiquité grecque, ce royaume est « gouverné» par le dieu Hadès, lequel, convoitant la splendide Perséphone, l'avait enlevée, emportée dans son monde souterrain. Ce même royaume avait accueilli Thésée, héros impeccable, prisonnier du dieu souterrain (pour cette raison, Hadès et Perséphone sont des divinités dites chthoniennes ; la menace chthonienne, venue d'un terrifiant inframonde, est omniprésente dans l'œuvre de Howard Philipps Lovecraft). Mais, comme d'habitude, je m'égare, je fais le malin, je sème l'ennui : reprenons au début.
Les Pâques sont un héritage direct des Juifs (sur ce que le Nouveau testament doit à l'Ancien, ce joli mot de l'excellent abbé Arthur Mugnier (1853-1944), jésuite pauvre et commensal des tables parisiennes les plus recherchées, avec cela simple et modeste comme un curé de campagne, plein de compassion pour ses frères humains et non dénué d'humour : invité à passer du salon à la salle à manger d'un appartement du faubourg Saint-Germain, il s'efface devant l'un des convives, le Grand Rabbin de France, en lui glissant à l'oreille « Passez le premier, monsieur, vous êtes mon grand-père. » (Abbé Mugnier, Journal, coll. Le Temps retrouvé, Mercure de France). Pessah est la fête religieuse, qui rappelle au peuple juif la fin de son esclavage par sa sortie d'Égypte sous la conduite de Moïse. Les «démélés» de Sigmund Freud avec Moïse -qu'il voit comme un prince égyptien fasciné par la personne du pharaon Akhénaton, lequel est à l'origine d'une profonde réforme du culte religieux puisqu'on a pu y voir la première ébauche du monothéisme- constituent l'un des grands moments de la psychanalyse.
Cependant, pour la Pâques des chrétiens, il est question d'un homme, enfin du Dieu qui s'est fait homme, de son martyr consenti, de sa mort, puis de sa résurrection.
Les Pâques à New York, de Blaise Cendrars.
Ce poème (1ère édition en 1912) est fondamental. Il produit son énergie dans le même temps qu'il la diffuse. Avec sa forme d'écriture, son récit empreint d'une puissante miséricorde et baignée de mélancolie, plein de l'obscurité comme de la lumière du monde réel, Blaise Cendrars a inauguré une centrale assez puissante pour installer l'électricité sur tout le réseau de la poésie française et mondiale. Cendrars, c'est l'électricien en chef. Avec Les Pâques, le grand Blaise donne le récit de la soudaineté des formes, de l'irruption des images, des visages, ces êtres et des choses. C'est un long poème cubiste, le premier du genre. Si le mot « modernité» a un sens, ce texte est le premier poème moderne du XXe siècle. Et tout cela est plein de pitié pour la condition des hommes, qui sont pitoyables, certes, et misérables, et admirables aussi.
Et Dieu dans tout cela ? Dieu est partout dans ces lignes «à haute tension».
(Sur le même sujet, voyez Saint Blaise et http://touslesgaronssappellentpatrick.blogspot.com/2017/04/httpswww.html
Par Serge Reggiani :
Par Serge Reggiani toujours, la suite :
Les Pâques à New York, oratorio de Blaise Mettraux :
On ne peut pas dire de la Passion qu'elle fut une partie de plaisir pour Celui qui en fut le « héros ». Voici, parmi d'autres, le récit, sanglant, violent, de ce long calvaire : Charles Péguy l'a écrit, Pierre Hiegel (père de la comédienne Catherine Hiegel) est le récitant. Ce n'est pas précisément de tout repos, mais c'est à la mesure de l'événement.
Enfin, cette manière, très réussie, de placer le texte de Cendrars dans le rythme et le flux du rap, par Ekoué. Cette version m'avait été signalée, il y a quelque temps déjà, par Mr PM, un jeune homme très doué, qui fréquenta ces lieux.
Libellés :
Des hommes fréquentables. De l'un à l'autre.
vendredi 29 mars 2024
Trois fois rien et la chose
-Tu ne dis jamais rien.
-Ça ne me dit rien.
-Ou alors peu de choses, trois fois rien.
-Ça ne me dit pas grand-chose.
-Dis-moi donc quelque chose.
-Pourquoi quelque chose plutôt que rien ?
-Trop de choses ne sont rien.
-Ce sont les petits riens qui font les choses
-Quelque chose c'est mieux que rien.
-Je pense à autre chose.
-Tu ne manques de rien.
-Je pense à quelque chose.
-Une chose de rien.
-Ce n'est pas rien, la chose.
-Tu veux dire…
-La chose !
-Ah, mais, l'air de rien…
-Je me sens toute chose.
-Plutôt la chose que rien !
-Alors fais-moi la chose, et ne dis plus rien.
-Je suis un bon à rien.
-Tu es bon à la chose !
Tout va mal, c'est bien. Demain, ce sera pire. Il pleuvra, nous irons au cimetière, nous chasserons les cailloux du bout de nos souliers. La pluie fera onduler nos cheveux après qu'ils seront secs. Ils sont blancs, mais c'était le même phénomène quand ils étaient noirs. Enfant, tu aimais les façades grises des immeubles. Quelque chose nous tient par les épaules depuis l'enfance, mais, bien sûr, nous ne verserons pas une larme.
Un grand bain de mélancolie en passant par l'Italie, où mènent tous nos chemins, depuis Léo Ferré jusqu'à Hubert Félix Th.
Hubert-Félix, on vous écoute, on est bien :
Et cette version, à faire pleurer des rivières :
Et celle-ci, par un mâle blanc du sud de l'Italie :
Léo Ferré, d'Italie :
-Ça ne me dit rien.
-Ou alors peu de choses, trois fois rien.
-Ça ne me dit pas grand-chose.
-Dis-moi donc quelque chose.
-Pourquoi quelque chose plutôt que rien ?
-Trop de choses ne sont rien.
-Ce sont les petits riens qui font les choses
-Quelque chose c'est mieux que rien.
-Je pense à autre chose.
-Tu ne manques de rien.
-Je pense à quelque chose.
-Une chose de rien.
-Ce n'est pas rien, la chose.
-Tu veux dire…
-La chose !
-Ah, mais, l'air de rien…
-Je me sens toute chose.
-Plutôt la chose que rien !
-Alors fais-moi la chose, et ne dis plus rien.
-Je suis un bon à rien.
-Tu es bon à la chose !
Tout va mal, c'est bien. Demain, ce sera pire. Il pleuvra, nous irons au cimetière, nous chasserons les cailloux du bout de nos souliers. La pluie fera onduler nos cheveux après qu'ils seront secs. Ils sont blancs, mais c'était le même phénomène quand ils étaient noirs. Enfant, tu aimais les façades grises des immeubles. Quelque chose nous tient par les épaules depuis l'enfance, mais, bien sûr, nous ne verserons pas une larme.
Un grand bain de mélancolie en passant par l'Italie, où mènent tous nos chemins, depuis Léo Ferré jusqu'à Hubert Félix Th.
Hubert-Félix, on vous écoute, on est bien :
Et cette version, à faire pleurer des rivières :
Et celle-ci, par un mâle blanc du sud de l'Italie :
Léo Ferré, d'Italie :
Libellés :
Les sentiments nous mènent une vie d'enfer
dimanche 24 mars 2024
Grâce suffisante
- Accorde-moi ta grâce amnistiante
- Tu n'es plus dans mes bonnes grâces
- Tu digresses
- Je te dis «grâce !»
- Tu es disgracieux
- Tu me disais gracieux
- Je ne te fais plus grâce.
Le clip réalisé pour cette chanson d'Alain Chamfort n'est pas désagréable, malgré la présence de quelques artistes encombrants. Heureusement, on y découvre chez lui, à Paris, le grand Rezvani.
Ce curieux hiver n'en finit plus de ressembler à un automne manqué, or j'aime l'hiver et plus encore l'automne. J'ai laissé de nombreux automnes derrière moi, et autant d'hivers, en faire l'addition augmenterait le produit de ma soustraction.
Encore ceci, absolument splendide, pour célébrer le froid, pour qu'il règne enfin et que la terre gèle, pour qu'adviennent le givre et la brume.
lundi 1 janvier 2024
Mes (A)vœux 2024 (1) Bon début pour une Apocalypse
Le Déjeûner d'huîtres (1735); son auteur, Jean-François de Troye(1679-1752), représentait remarquablement les faits d'Histoire et les scènes dites « de genre », avec un beau souci du détail vrai, insolite, banal qui donne un air d'observation amusée, presque savante à l'ensemble représenté. Dans ce « déjeuner », on voit des gentilshommes attablés, heureux de se retrouver dans une ambiance de réjouissance élégante. La table est superbement dressée, le lieu est splendide, d'un baroque mesuré, sans être, semble-t-il, par destination une salle à manger (un pavillonn de chasse ?). Voilà pour l'impresson générale. Mais voici quelques détails, qui ne manquent pas d'intérêt.
1) Le saut du bouchon :
Suivez le regard de trois des personnages : ils lèvent les yeux vers… le bouchon qui, venant de jaillir d'une bouteille de champagne (ventrue), s'élève dans les airs. Trouvez le bouchon, il conduit à la bouteille !
2) Huîtres pour quelques-uns et champagne pour les mêmes :
Au pied d'un convive, un valet ouvre les huîtres destinées au jeune homme qui l'observe. Le gracieux petit meuble de style Louis XV nommé rafraîchissoir contient des assiettes en argent et deux bouteilles de champagne, qui espèrent qu'une main secourable les sortira de leur bain de glaçons, et leur feront connaître, enfin, la volupté d'être bues. Le transport des huîtres par ceux qu'on nommait chasse-marée (Littré recommande cette orthographe au pluriel) jusqu'à Paris, Lyon, Grenoble, enfin vers les villes les plus éloignées de leurs élevages, devait absolument s'accomplir dans les plus brefs délais. Nombre d'ânes et de chevaux mouraient d'épuisement. On notera l'absence de femmes. Serait-ce parce qu'il s'agirait d'une scène de retour de chasse ? Les femmes chassaient rarement, à l'exception de l'admirable princesse Palatine qui suivait son idole, Louis XIV, dans toutes les chasses où il acceptait sa présence.
Note : Pour contempler ce Déjeuner d'huîtres, on ira au château de Chantilly, dans le beau musée de Condé. Il faut absolument faire ce voyage si l'on veut, ensuite, attendre paisiblement la fin du monde. La beauté est sans doute une illusion, mais enfin il est des lieux, en France (et, par exemple, en Italie) qui nous autorisent à croire que cette illusion est éblouissante.
J'adresse à tous ceux qui passent encore ici et s'y attardent mes vœux d'espérance mesurée, de bonheur partagé autour d'un repas fin ou d'un pot-au-feu bourgeois, dans une modeste cuisine ou dans un palais de marbre.
Inscription à :
Articles (Atom)