lundi 8 février 2016

Un peu d'humeur mauvaise, un peu d'espoir fragile

Des choses accablantes en avalanche :
1) Une diatribe de Mme Duflot, médiocre politicienne habillée comme un arbre de Noël pour maison de retraite d'Azerbaïdjan, qui « parle du cœur comme on parle du nez ». Les écologistes tentent de dissimuler leur féroce et vulgaire arrivisme derrière les « valeurs de la République », dont ils se parent, comme feraient des coquettes fanées d'un collier de fausses perles sur la ptôse de leur cou. À force d'antichambre à l'Élysée ou à Matignon, et par la grâce de l'ineffable Mme Aubry, signataire d'un accord de désistement très avantageux, ce parti lilliputien compte de nombreux élus, et a placé d'encombrants ambitieux à des postes importants de l'État. Ils aspirent à établir une VIe république : en effet, ils sont indignes de la Ve !
2) Il paraît que Cali, le rebelle ahuri, naguère idiot inutile de Ségolène Royal, tente de revenir sur le devant de la scène. Il saute comme un cabri, il chante comme une chèvre. Toute sa niaiserie tonitruante résume l'époque.
 3) Autre grande niaise, l'effarante Zazie persiste à chanter. Dame patronnesse à la fantaisie surjouée, féministe tendance île de Ré, elle est une caricature de ces bonnes-femmes, que ravit le spectacle de leur compagnon portant leur bébé dans un harnais placé sur la poitrine.
4) Un nouveau disque de Pascal Obispo : cette fois, il noie les poèmes de la grande Marceline Desbordes-Valmore dans le jus mielleux de sa voix, dans la poisse de sa musique. En ce moment, la vie, en France, est difficile. Les entreprises de M. Obispo nous la rendent proprement insupportable !
5) La simple possibilité d'un film de Romain Goupil, ancien gauchiste converti à la pire idéologie ultra-capitaliste (mutation classique), représentant accompli du plus grossier néo conformisme,  révolutionnaire en peau de hareng (alors que Jean-Claude Brisseau, auteur d'au moins trois chef-d'œuvres, Noce blanche, L'Ange noir, De bruit et de fureur, ne tournera sans doute plus).

Un souvenir ému
Le 6 janvier 2016 est décédée Silvana Pampanini, qu'on ne confondra pas avec Barbara Pompili, fade écologiste en rupture de parti, disponible pour tout poste de ministre, voire de secrétaire d'État (faire une offre). Rosetta fut, un peu avant les belles brunes ardentes qui allaient concurrencer les grandes blondes froides made in USA, l'incarnation de la femme italienne, du principe brun péninsulaire, non dénué d'ironie, environné d'un parfum capiteux. Sa carrière cinématographique n'est pas à la hauteur de son talent, mais les garçons d'autrefois, qui fréquentaient les salles de quartier, à Paris, se souviennent des émois qu'elle provoqua chez eux… :
« Ed è da subito un successo. Non solo Silvana è bellissima, mora e con quegli occhi chiari che le illuminano il volto, ma ha anche una carica prorompente, la capacità di ipnotizzare il pubblico, e una certa dose d’ironia spontanea che non può non essere un valore aggiunto. Lavora con tutti i maggiori attori dell’epoca. Quelli che abbiamo citato sopra, ma anche altri come Mastroianni, Walter Chiari, Nazzari, Rascel, Vallone, Taranto, e non basta, perché ben presto sfonda anche all’estero, e sugli schermi internazionali diventa la partner di Jean Gabin, Henri Vidal, Jean-Pierre Amount e via discorrendo… ».

Un film où les jeunes femmes sont fraîches comme des sorbets, mais ne fondent pas aussi facilement ; la Pampanini, la brune incandescente, apparaît dès les premières images :



La Pampanini chante les joies de la bicyclette et le plaisir des femmes qui les enfourchent, « Ma dove bellezza in bicicletta » (musique de Giovanni d'Anzi, paroles de Marcello Marchesi) :



Silvana était la nièce de la cantatrice Rosetta Pampanini
Si, mi chiamamo Mimi, est extrait de « La Bohème », de Giacomo Puccini, tiré d'un ouvrage, fameux en son temps, de l'écrivain Henri Murger, « Scènes de la vie de bohème ». Le thème de la bohème a perduré jusque dans les années soixante-dix, en France. La gauche réaliste et socialiste, conduite par des personnages avides, rapidement saturés d'honneurs et de cholestérol, assiégée par des courtisans élyséens aussi serviles que leurs prédécesseurs versaillais et souvent moins talentueux, cette gauche, donc, en imposant des modèles de « winners » sans scrupule, de patrons entretenus par l'État, de petits malins bien introduits, a définitivement démodé les aimables figurines de la bohème, qui, pourtant, prospéraient sous le Second empire affairiste mais injustement décrié.



Mimi alias Diva Maria (Callas)



Pour oublier tous les cafard cités plus haut, on entendra le groupe Feu ! Chatterton. Ces garçons élégants et modernes pourraient bien être la belle surprise de l'année nouvelle. Leurs textes sont superbes, avec une pointe d'emphase et de préciosité contrôlées. Raffinés, un peu distants, inspirés par des Esseintes, Baudelaire, Oscar Wilde, ils sont d'ailleurs et d'aujourd'hui (quand aujourd'hui procède du souvenir lointain). Je salue, pour ma part, leur lente intrusion dans la scène française :



On rapprochera les garçons de Feu! Chatterton de ceux du groupe Varsovie qu'on entendra ici : 

Les erratiques






6 commentaires:

Célestine ☆ a dit…

Une chose est sûre: je sais qui vous n'emmèneriez pas sur une île déserte...
J'adore quand vous vous énervez après Cali...
Vous savez bien que je vous trouve un peu injuste envers ce godelureau catalan. Mais je crois que je ne suis pas vraiment objective...
En revanche, je ne connaissais pas le belle Sylvana, et je suis sous le charme.
¸¸.•*¨*• ☆

Patrick Mandon a dit…

Ce Cali est inaudible, enfin ! Pourtant, il persiste. En matière de variétés, la « belle voix » n'est pas nécessaire, l'émotion, l'originalité importent autant. Mais dans le cas de votre cabri sauteur, on cherche en vain l'une et l'autre. On ne voit qu'un personnage sans grâce particulière, très agité, glapissant. Et puis, ce côté moralisateur, « de gauche », « concerné » : à fuir ! Pour l'île déserte, je choisirais une personne sachant jouer d'un instrument, peu encombrant, d'un usage adapté à tous les genres, une guitare par exemple plutôt qu'un piano ou un tambour.

Célestine ☆ a dit…

Genre moi, en somme ? ^^

Nuagesneuf a dit…

Rien à voir avec ce qui precedemais cher Partrick, je lisai çà avant hier et jetenai à vous l'adresser au plus tôt:

"J'ai vu des auteurs qui, avant la guerre appelaient le fascisme de tous leurs vœux, frappés de stérilité dans le moment même que les Nazis les comblaient d'honneurs. Je pense surtout à Drieu la Rochelle : il s'est trompé, mais il était sincère, il l'a prouvé. Il avait accepté de diriger une revue inspirée. Les premiers mois il admonestait, chapitrait, sermonnait ses compatriotes. Personne ne lui répondit : c'est parce qu'on n'était plus libre de le faire. Il en témoigna de l'humeur, il ne sentait plus ses lecteurs. Il se montra plus pressant mais aucun signe ne vint lui prouver qu'il avait été compris. Aucun signe de haine, ni de colère non plus : rien. Il parut désorienté, en proie à une agitation grandissante, il se plaignit amèrement aux Allemands ; ses articles étaient superbes, ils devinrent aigres ; le moment arriva où il se frappa la poitrine : nul écho, sauf chez des journalistes vendus qu'il méprisait. Il offrit sa démission, la reprit, parla encore, toujours dans le désert. Finalement il se tût, bâillonné par le silence des autres. Il avait réclamé leur asservissement mais, dans sa tête folle, il avait dû l'imaginer volontaire, libre encore ; il vint ; l'homme en lui s'en félicita bien haut, mais l'écrivain ne put le supporter. Au même moment d'autres, qui furent heureusement le plus grand nombre, comprenaient que la liberté d'écrire implique la liberté du citoyen. On n'écrit pas pour des esclaves. L'art de la prose est solidaire du seul régime où la prose garde un sens : la démocratie. Quand l'une est menacée, l'autre l'est aussi. Et ce n'est pas assez que de les défendre par la plume. Un jour vient où la plume est contrainte de s'arrêter et il faut alors que l'écrivain prenne les armes. Ainsi de quelque façon que vous y soyez venu, quelles que soient les opinions que vous ayez professées, la littérature vous jette dans la bataille ; écrire c'est une certaine façon de vouloir la liberté ; si vous avez commencé, de gré ou de force vous êtes engagé."
in "Qu'est-ce que la littérature ? "- Sartre

Amitiés de jm

Nuagesneuf a dit…

Qu'on ne s'y méprenne pas. Pas question de glorifier Jean-Sol pour grand chose (sauf son théâtre, remarquable). Le lendemain de sa mort, je me souviens de l'éditorial de Barjavel dans le JDD - qui lui auusi laisse à désirer coté conduite! décidement! - avec cet à peu près cité de mémoire : Comment un homme peut-il voir juste quand il louche autant? Les deux, rappelons-le, se haÏssaient joyeusement!

Patrick Mandon a dit…

Cher Nuage, vous connaissez mon faible, à la fois littéraire et « sentimental » pour Drieu, cet homme faible sur l'épaule de qui nulle main secourable ne s'est posée. Du jour, lointain déjà, où j'ai lu, comme un adolescent fiévreux, Le Feu follet, jusqu'à aujourd'hui, je le considère tel une sorte de grand frère, un peu distant, un peu absent, amical néanmoins. Je n'ignore rien de ses faiblesses morales, mais, à ma connaissance, hormis dans ses écrits intimes, qu'il ne publia pas de son vivant, il ne s'est rendu coupable d'aucune saloperie. Il a certes choisi le camp nazi, c'est à dire qu'il a choisi la corde par laquelle sa mort serait plus certaine, et son déshonneur. Sa course, lente d'abord, puis accélérée, vers sa mort, est un exemple « négatif » du malaise fondamental, qui nous hante. Oui, Drieu fut d'abord et avant tout un être faible. Il a choisi Hitler, non par goût de la force, mais par manque de force. Quant à Sartre, que j'aime bien malgré tout, je ne sache pas que, pendant la guerre, il se soit véritablement « engagé ». Disons qu'en attendant des jours meilleurs, il s'est « occupé ».