vendredi 17 février 2023

Considérations

-Tout bien considéré, je vaux la peine d'être reconsidéré.
-Tu vaux beaucoup moins que ce que tu veux.
-Je te veux.
-Tu ne me vaux pas.
-Je veux aller par tes monts et par tes vaux
-Mon relief n'est plus pour toi.
-Pour moi, tu es la seule.
-À mes yeux, tu es vain.
-Mais non, je suis seul !
-C'est si peu !
-Mais pas moins.
-Presque rien.
-Qu'y puis-je ?
-Tais-toi !
-Qui suis-je ?
-Même plus toi !
-Entends mon chagrin.
-Je ne m'en donnerai pa la peine.
-Je ne suis pas celui que tu crois
-Ma colère s'accroît.
-Quant à moi, je sens croître…
-Et moi, je serai crue : « Ta gueule ! ».
-Ah, mon désir s'accroît : j'aime ta crudité.
-Inutile, c'est cuit !
-Je réclame un peu de considération.
-Tu t'es trop déconsidéré.
-Tu me sidères !
-Si j'osais…
-Je t'en prie.
-Espèce de con sidéré !

Reconsider me, chanson de Margaret Lewis et Mira Smith, ici par trois interpètes remarquables, chacun à leur façon. Tantôt sur le mode blues/country, par Narvel Felts, superbe voix évoquant celle du jeune Elvis Presley, qui sonne aussi parfaitement « campagne » que rock; puis par Johnny Adams, qui lui donne une tonalité blues, avec cette chaleur « noire » irrésistible; enfin, par Dayna Kurtz, la plus étonnante, la plus émouvante (émotion accentuée par les images), très imprégnée de gospel, puissante, tendue : une sorte d'imploration.


Dayna Kurtz






Johnny Adams



Narvel Felts



6 commentaires:

Célestine ☆ a dit…

Quel texte ! Des paroles beaucoup plus pertinentes que celles de la chanson, entre nous. Les voix sont belles, la musique sublime, mais le texte est cent fois attendu.
Vos mots à vous donnent envie de laisser une seconde chance à ce garçon en manque de (re)considération. Je les prends comme un véritable hommage à mon dernier billet sur les jeux de mots.
Tout bien considéré, vous me régalez.
Bien à vous, Patrick.
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆

Patrick Mandon a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Patrick Mandon a dit…

Joliment dit, Céleste !
Il est vrai que la chanson est, relativement à ses paroles, très « modeste », mais son intention a plus d'ambition, ne serait-ce que dans son titre, comme une supplique. Et la musique fonctionne à merveille : il est intéressant d'ailleurs de constater les variations qu'imposent les trois interprétations.
Je vous remercie d'avoir trouvé « pertinent » mon petit texte. Je me pose cette question : un aiguillage donne-t-il à deux rails parallèles l'occasion de se croiser ou entretient-il l'illusion qu'une telle chose est possible ? Je vois bien tout ce qu'on peut opposer à une telle question pour en démontrer la bêtise ou la vanité, cependant elle m'ouvre une perspective d'absurdité mélancolique à l'infini. Je me réjouis de vous avoir régalée sinon satisfaite…
NB : je découvre votre dernier billet si spirituel: vous êtes la digne fille de votre père (qui connaissait bien les anarchistes tchécoslovaques !), et les mots de Michel Laclos et de Tristan Bernard, que je ne connaissais pas, sont à retenir.

Célestine ☆ a dit…

Merci pour votre lecture attentive de mon billet.
J'aime beaucoup votre parabole sur les aiguillages. Qui sait ? Nos routes parallèles se rencontreront peut-être un jour, au détour d'un parc parisien.
Un de ces petits matins d'automne flous qui donnent envie d'autre chose...
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆

debout a dit…

Johnny Adams, la grande classe (avec, parfois, des accents ponctuant les fins de phrases et qui annoncent... Tom Jones !)

Patrick Mandon a dit…

Ah, excellente remarque ! Je n'ai pas pensé à ce rapprochement, il est très juste. D'ailleurs, il y a du blues dans la voix du très sexy gallois. Et vous avez raison, encore : Johnny «grande classe» Adams !