lundi 20 décembre 2010
J'aimais les femmes atroces dans les quartiers énormes… (3)
[…]
Et les villes du Nord répondirent gaiement
Ô Paris nous voici boissons vivantes
Les viriles cités où dégoisent et chantent
Les métalliques saints de nos saintes usines
Nos cheminées à ciel ouvert engrossent les nuées
Comme fit autrefois l'Ixion mécanique
Et nos mains innombrables
Usines manufactures fabriques mains
Où les ouvriers nus semblables à nos doigts
Fabriquent du réel à tant par heure
Nous te donnons tout cela
[…]
Actions belles journées sommeils terribles
Végétation Accouplements musiques éternelles
Mouvements Adorations douleur divine
Mondes qui vous rassemblez et qui nous ressemblez
Je vous ai bus et ne fut pas désaltéré
Mais je connus dès lors quelle saveur a l'univers
Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers
Sur le quai d'où je voyais l'onde couler et dormir les bélandres
Écoutez-moi je suis le gosier de Paris
Et je boirai encore s'il me plaît l'univers
Écoutez mes chants d'universelle ivrognerie
Et la nuit de septembre s'achevait lentement
Les feux rouges des ponts s'éteignaient dans la Seine
Les étoiles mouraient le jour naissait à peine
Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire ((1880-1918), Vendémiaire (extrait), tiré de Alcools (1913)
(Je ne parviens pas à m'arracher à l'attraction qu'exerce sur moi le phénomène qui surgit des vers de Guillaume. Voyez les images de Metropolis : von Harbou et Lang ont suscité des formes qui ne cessèrent d'inspirer le cinématographe. Mais, à l'origine, il y avait la poésie et la littérature.)
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