mardi 25 février 2014

Et l'argent de mes cheveux…




Il ne fallait pas s'approcher de sa « bouche délicate, abondante, toujours ouverte, comme un fruit qui cède à sa propre succulence » (Pierre Drieu la Rochelle, Blèche).











À gauche, Louis Aragon au début des années trente ; à droite, Pierre Drieu la Rochelle à la même époque. Ils furent inséparables, puis ils se séparèrent : ils devinrent ennemis intimes.On entendra deux versions d'un poème d'Aragon, mis en musique par Jacques Douai.






vendredi 21 février 2014

Le jeune homme est mort





















Ci-dessus : Jean Babilée, dans le ballet Balance à Trois, de J.-M. Damase et Tom Kéogh, créé par sa compagnie, en 1955.

Jean Babilée vient de mourir (1923-2014). Né un 3 février, il est parti un 30 janvier : cet homme presque sévère en apparence était de l'hiver.
Il appartient, depuis mon enfance, à mon panthéon. Je l'ai admiré dès que je l'ai vu, je n'ai cessé de lui accorder l'importance artistique et morale qu'il mérite amplement. On a très peu parlé de ce danseur accompli, qui incarnait l'audace et la technique, et qui libérait sur scène une énergie toujours élégante. Quand on le voit dans Le Jeune homme et la mort, il me semble qu'apparaît évidemment ce qu'on nomme, parfois un peu facilement, la « modernité ». Dans son apparence, d'abord : c'est un garçon d'aujourd'hui, un français charmant, un parisien, sensible, tendre presque, avec ce qu'il faut de belle colère inassouvie.
On le rencontrait dans la rue, même à un âge avancé, et c'est ce jeune homme que l'on voyait d'abord. Mais je vous épargne mon bavardage, et je vous invite plutôt à le retrouver : 





À propos de « Le Jeune homme et la mort », on lira Jeune homme, qu'est-ce que tu crains ?
Sur Noureev et la danse : Pas de deuxPas de côtéLe don d'Avedon
Sur Lifar, les Ballets russes, Jean Cocteau : L'Histoire attendra L'enchanteur du XXe siècle (1)L'enchanteur du XXe siècle (2)Lifar aux enchères -3-

mercredi 19 février 2014

Pixel beauté



Il s'agit, je crois, de l'une des premières démonstrations des effets produits par le logiciel de dessin et de retouche Photoshop. Aujourd'hui, il paraît que nombre de célébrités exigent ce traitement avant de donner l'autorisation de publier. Je ne jette pas la pierre à ces malheureux : l'âge est sacrilège, il ravage nos traits. Cela me fait penser que j'aurais bien besoin d'un « pixel lifting » !

lundi 17 février 2014

Drôle de rime…


Cette chanson fut enregistrée en 1956, chez Pathé. Elle est étonnante par son compositeur-interprète. Joyeux,  coquin, libertaire dans l'âme et dans les faits, il ne versait pas volontiers dans le genre grave. Tout cela est dit avec finesse et sensibilité, comme il se doit. 
On n'oubliera pas les Arméniens, premier peuple menacé de disparaître au XXe siècle, directement victime d'un génocide.
On n'oublie pas. 
Et c'est ainsi que l'on se souvient de René-Louis Lafforgue (1928-1967).




















mercredi 12 février 2014

Je t'ai croisé(e)

— Hier, métro ligne 3, vers 14 H 02 - 14 h 06. Tu es monté(e) station Louise Michel, tu avais Libé à la main. Je t'ai remarqué(e) immédiatement. Toi, style fortement genré, cheveux courts, pas de maquillage, mains épaisses, épaules larges, pantalon de cuir en agneau halal (ou casher ?) , de marque Agnès Bééé. J'ai flashé sur ton regard très féminin, ta mâchoire très masculine, tes pieds très en dedans. Moi, style fortement burné de dos, indéfinissable de face : grand cou, petite tête, épaules égyptiennes époque des pyramides. Je t'ai regardé(e), tu m'as vu(e) : sourires, complicité immédiate, sentiment d'appartenance LGBT. Tu es descendu(e) pas moi : c'est dommage ! Timidité ?  Pourtant, je le sais, tu le sais, tu es mon genre, je suis ton genre, je serai le gendre de ta mère/père. Si tu te reconnais, je t'en prie, écris vite au journal, tant qu'il paraît !

Jeudi dernier, ligne 8, station Opéra, le métro était bourré, moi aussi, et toi de même. Tu avais Libé à la main. Toi : couperosée, cheveux gras, petite, plus large que haute, mais très féminine. Moi : visage rouge, trois chicots noirs dans la bouche, grand, maigre, voûté, avec des mains d'étrangleur, fatigué mais viril. Si tu te reconnais, dépêche-toi, parce que moi, je ne te reconnaitrai pas ! Je ne suis pas sûr d'avoir envie de toi à jeun, mais ivre, ça peut le faire ! Ne laisse pas passer cette chance. Avant, je faisais la manche devant le journal, mais plus maintenant : ils n'ont plus un rond ! Je t'attends, je t'espère, je te veux ! Téléphone au directeur de Libé, c'est un copain, on fait la manche ensemble.

— C'était hier, t'en souviens-tu ? Métro Sablon. Toi : grande, élancée, blonde aux yeux verts, sac Gucci, talons hauts, bas noirs. Tu lisais Libé. Moi : pas mal, surtout de dos, front bas très vaste (chauve), petits yeux gris rapprochés, grand, costaud, un peu inquiétant mais très poli. Je tenais un sac en plastique d'où dépassait un fémur. J'ai tout de suite senti que tu aimais le danger. Si tu te reconnais, viens me retrouver sous les arcades du pont Bir Hackheim, après minuit. Je t'attendrai toute la semaine. Tu vas aimer…

Pour accompagner ces petites rencontres libébètes, ceci, dont la musique est de Dante Pilate Marchetti, les paroles de Maurice de Féraudy (aux alentours de 1900). Il s'agit d'une très belle valse lente, que ma mère me chantait :
Je t'ai rencontré simplement,
Et tu n'as rien fait pour chercher à me plaire…
La voici, dans deux interprétations, que je vous laisse découvrir.



mercredi 5 février 2014

Le beau Serge s'accorde à l'accordéon

L'accordéon encore, et l'accordéoniste, chantés tous deux par Serge Gainsbourg, alors chanteur « rive gauche », présenté par Guy Lux, animateur de télévision, capable du pire et du meilleur. Il aimait la chanson, et bien des débutants lui doivent l'amorce décisive de leur carrière.



Pour l'accordéon, il convient d'aller à Un rat, un chinois, une filleRequiescat in pace !, et, pour le beau Serge, on rendra visite aux bijoux de Lulu bœuf sous un toit, à Madame Lulu, à Taille mannequin, à L'art de s'étendre, à Serge en automne, à Dans la peau de Serge, à Vous dansez, mademoiselle ?, et à Denise