samedi 17 juillet 2010

Quant à soi(e)

À la Libération, Guitry connut un sort funeste et terriblement injuste. Une coalition de médiocres et de jaloux, augmentée d'une cohorte d'oublieux, le firent jeter en prison. Il ne se remit jamais de cet abus. Fort heureusement, cela ne nuisit nullement à son génie créateur.
Nous évoquions Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, sa grande intelligence des rapports de force, sa perspicacité diplomatique et son amour de la France : le voici, incarné par Sacha, qui met dans sa bouche des mots à l'adresse de ses contemporains.



Et, pour le plaisir, cette scène où brillent un superbe mot d'esprit, assez cruel, et une affaire amoureuse conduite de main de maître.




Le diable boiteux, film de Sacha Guitry (1948)
Sacha Guitry (Talleyrand), Emile Drain (Napoléon Ier, Lana Marconi (Mme GrandHenry), Laverne (Louis XVIII), Maurice Teynac (Charles X), Philippe Richard (Louis Philippe), Georges Spanelly (le comte de Montrond), Robert Dartois (le comte de Rémusat), Renee Devillers (la duchesse de Dino), Georges Grey (Caulaincourt), Maurice Escande (le prince de Metternich), Jean Debucourt (le baron de Humboldt), Pierre Bertin (le baron de Nesselrode), Jean Piat (Figaro), Roger Gaillard (Lord Castlereagh), André Randall (Lord Grey), Howard Vernon (Lord Palmerston), Jacques Varennes (le général de La Fayette), Maurice Schutz (Voltaire)

3 commentaires:

Pierre a dit…

Dans Austerlitz d'Abel Gance,film à la distribution étincelante, Jean Mercure campe sur trois pattes (comme un tabouret) un autre Talleyrand aussi roué que fin.

Anonyme a dit…

Le film de Gance est épique à souhait, mais Guitry se fond tellement dans son Talleyrand qu'on en reste confondu... Où commence l'un ou s'arrête l'autre, tant il s'est identifié à son personnage ? En voulant à toute force racheter le diable boiteux aux yeux des Français, en nous démontrant que s'il a trahi des rois il a toujours servi la France, n'est-ce pas de lui qu'il nous parle avec un mot d'esprit par réplique ?

Patrick Mandon a dit…

Oui, Nadia, Talleyrand, à ce moment biographique précis de Sacha, c'est Sacha lui-même, ou tout au moins une projection idéale et utile . Elle lui permet de se réinstaller dans l'Histoire récente, et de laver l'affront dont il a été la victime innocente.
Pierre, j'avais oublié le très subtil Jean Mercure. En effet, son Talleyrand est très fin, plus distant aussi que celui de Sacha. Pour ce dernier, c'est une affaire personnelle, pour Mercure, c'est un rôle.