mercredi 11 juillet 2012

Gruppo di famiglia Visconti



En ce moment, une copie neuve du film de Luchino Visconti « Gruppo di famiglia in un interno », stupidement traduit, pour le titre français, par « Violence et passion », est projeté dans la salle de La filmothèque du quartier Latin, 9, rue Champollion. La copie est neuve, en version originale, sous-titrée en français. Le fait est assez rare pour être signalé, car, même les quelques dvd que l'on trouve, ici ou là, ne comportent pas de sous-titres. Et puis, Visconti sur un écran de cinéma donne toute son ampleur esthétique. Le film ne souffre que d'un excès de sentimentalisme (dans les rapports qu'établissent le professeur vieillissant et le gigolo, incarné par Helmut Berger). Pour ma part, outre le fait que j'aurais préféré Alain Delon à la place de Berger (j'ai soutenu récemment un « assaut » contre Delon, une véritable coalition, d'où je n'ai pas eu l'impression de sortir vaincu !), je ne suis pas du tout convaincu par la conscience politique du personnage. Cela dit, demeure la magnifique rencontre d'un monde qui s'achève, retiré, secret, et d'un monde corrompu, mais vivant, ardent, soutenu par le désir immédiat des choses et des êtres. Luchino Visconti a ans doute éprouvé la sensation du lent, irrésistible crépuscule, qui s'étendait sur son paysage intérieur. La mort sonnait à sa porte, il s'est hâté d'écrire un testament : ce film ultime est son testament.
Dans l'extrait du documentaire, que lui a consacré la BBC, présenté ici, vous verrez ce qui a fondé son imagerie, ce qui a formé son esprit, le souvenir de sa famille milanaise, prestigieuse, Vous comprendrez le rôle essentiel de sa mère.

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3 commentaires:

Patrick Mandon a dit…

Rapport de fascination à la chose montrée à l'écran cinématographique : cette idée, la fascination, chère au groupe dit des mac-mahoniens, dont je vous parlerai bientôt, j'en éprouve sur moi actuellement la réalité. J'ai décidé d'aller revoir « Gruppo di famiglia in un interno », malgré les quelques réserves (légères) que le film a suscitées (de ma part). L'enferment de Burt Lancaster dans son appartement, le « récit secret » qu'il se fait à lui-même, plein de remords et de mélancolie, son consentement progressif à l'envahissement par des êtres si différents de lui, sa fin solitaire, tout cela me « fascine ». André Malraux est l'anti-professeur : il fut « dans le monde » et « hors du monde », fasciné, à sa manière, par les grimaces et les soubresauts de ses contemporains et par les métamorphoses de la beauté.
Ce film est devenu pour moi une sorte de borne parisienne, un totem : j'y reviens, je tourne autour, je l'évoque, je l'invoque.

Sébastien Paul Lucien a dit…

J'ai beaucoup aimé ce film comme tous ceux de Visconti; celui-ci possède un charme crépusculaire, décadent et irradiant. Et quelque chose de Proustien comme toujours...

Patrick Mandon a dit…

Bonjour, cher Sébastien Paul Lucien, le terme « irradiant », que vous utilisez, est très juste. Ce film irradie le spectateur. L'avez-vous revu récemment ? Sinon, c'est l'occasion, et elle ne reviendra pas de si tôt.
Bien sûr, j'invite tous les visiteurs de Tous les garçons à rendre visite au superbe blogue que tient Sébastien. Cet homme aime l'élégance et les alcools forts.