dimanche 27 décembre 2015

Mensonge d'hiver

- Je n'aurais pas dû revenir, tu m'as encore menti !
- Disons que je n'ai pas dit ta vérité.
- Ma vérité ?
- Oui ta vérité, ou, si tu préfères, le mensonge que tu voulais entendre.
- Mais je n'aime pas le mensonge, je n'en dis jamais !
- Jamais, vraiment ?

- Rarement.
- Rarement est le mot que la prudence conseille d'user à la place de fréquemment. En vérité, ta vérité est un mensonge différé.
- Si je mens quelquefois, tu mens tout le temps.
- Tu reconnais donc que tu mens.
- Je ne reconnais rien, et si tu prétends le contraire, je dirai que tu est un menteur.
- Ai-je dit le contraire ?
- Le contraire de quoi ?
- Ai-je dit que je n'étais pas un menteur ?
- En effet, tu l'avoues à qui veut l'entendre.
- Tu vois bien !
- Je vois quoi ?
- Que je ne suis pas si menteur, puisque je dis volontiers que j'en suis un, et que tout le monde me croit.
- Les gens croient ce qu'on leur dit.
- Ils ont raison, surtout quand c'est la vérité.
- La vérité d'un menteur est encore un mensonge. D'ailleurs, les gens ne te croient pas.
- Mais tu affirmais à l'instant que je disais vrai, et que je ne mentais pas quand j'informais les autres que j'étais un menteur.
- C'est une manœuvre : tu avoues un peu pour mentir beaucoup.
- Si l'on ne me croit pas lorsque je dis la vérité, pourquoi devrais-je cesser de dire des mensonges ?
- En voilà assez ! Puisque c'est ainsi, je m'en vais !
- Quand reviendras-tu ?
- Jamais !
- Menteuse !






Avant cela, il y avait eu un Mensonge d'automne 

 


5 commentaires:

Célestine ☆ a dit…

Que serait la vie sans un peu de mensonge...
car dans mensonge, il y a songe.
Juste pour le plaisir, et par association d'idées sottes et grenues,
je vous offre ce rêve de Cocteau, que vous connaissez sûrement:

Odile rêve au bord de l’Île,
Lorsqu’un crocodile surgit ;
Odile a peur du crocodile
Et, lui évitant un « ci-gît »,
Le crocodile croque Odile.
Caï raconte ce roman,
Mais sans doute Caï l’invente.
Odile alors serait vivante,
Et, dans ce cas-là, Caï ment.
Un autre ami d’Odile, Alligue
Pour faire croire à cette mort,
Se démène, paye et intrigue,
D’aucuns disent qu’Alligue à tort.


¸¸.•*¨*• ☆

Le mort-vivant a dit…

La logique spécieuse ne fonctionne qu'avec les turbulents du langage, ceux et celles qui veulent avoir le dernier mot pour une position branlante de fierté...
Cela ne marche pas face à quelqu'un de lucide, qui ne s'affuble pas de vains mots vides ; qui ne se laisse pas entrainer dans un raisonnement qui n'en est pas un...
On adhère ou pas aux vérités de chacun, mais en aucun cas on est scotché par celles-ci...
Et puis, j'ai quand même remarqué quelque chose : la logique spécieuse est typiquement occidentale....
Sourire

Patrick Mandon a dit…

Bon raisonnement, bon développement mais… l'effort est vain. Si j'étais pédant, je dirais que le spécieux, dans le texte en référence, se signale d'emblée comme tel, il ne donne pas le change, il n'avance pas maqué. Il suggère immédiatement un usage manipulé du langage, une sorte de surexposition, ou plutôt d'insolation du sens. Mais je ne suis pas pédant, je n'insisterai donc pas. En revanche, je m'interroge : est-il strictement occidental ? Excellente question ! je vous remercie de me l'être posé (on pourra juger spécieux l'emploi de l'auxiliaire être).
La visite d'un mort-vivant est chose si exceptionnelle qu'elle mérite d'être saluée:: que faites-vous cette nuit ?

Le mort-vivant a dit…

Je dois reconnaitre que j'assiste souvent à la logique spécieuse en France... Je n'y ai pas été confronté au Japon... Sans doute parce que je n'y séjourne pas suffisamment ?... Mon affirmation fut hâtive sans doute... J'enquêterai sur ce sujet.
Quant aux nuits, en général, je veille sur les vivants et sur leurs installations... Mais cela n'a aucune importance.
:-)

Patrick Mandon a dit…

Savez-vous que la France était la destination préférée des japonais ? Je dis « étais », parce qu'ils s'avouent déçus, voire blessés, par notre comportement. Depuis plusieurs années, les français se conduisent fort mal avec ceux qui leur rendent visite. Nous ne voyons dans l'étranger que le moyen de gagner des euros supplémentaires. De ce point de vue, Paris est un tiroir-caisse, qui s'ouvre et se ferme sur un rythme touristique.