vendredi 24 décembre 2021

Joyeux Noël à l'« incluseuse » et à tous les autres

Helena Dalli, maltaise, est commissaire européenne à l'Égalité, c'est à dire à la Vacuité. C'est un poste, avec des honneurs, des émoluments, un secrétariat. C'est inutile, ça coûte cher, ça ne sert à rien. Cette dame a récemment prétendu que l'expression Joyeux Noël pouvait froisser des sensibilités religieuses non-catholiques vivant en Europe. J'aurais bien un qualificatif pour désigner tout à la fois Mme Dalli et son initiative, mais la décence comme mon éducation m'interdisent de l'employer. À tous ceux qui passeront par ici, je souhaite un très joyeux Noël.
Noël est une fête universelle, c'est assez dire qu'elle ne saurait être « inclusive ». Ce mot appartient à l'horreur culturelle, qui menace de submerger le monde universitaire et la sphère politico-mondaine.



Ludmila Lopato




Ceci encore, pour aider à guérir les plaies qu'infligent à l'esprit et à la simple intelligence les incluseuses et autres wokeurs soutenus par des politiciens d'arrondissement, qui prospèrent sur les malheurs du monde (rappelons que la sonate FWV 8 en la mineur est l'une des inspirations de Marcel Proust pour la sonate de Vinteuil) :


mercredi 1 décembre 2021

Conjugaison sentimentale

- Tu es froide comme le granit
- Je suis dure comme le diamant
- Exact ! Mon cœur s'est rayé en se frottant au vôtre
- Il ne fallait pas vous approcher.
- Vous ne me l'avez pas interdit.
- Je ne vous l'ai pas demandé.
- Vous n'avez rien dit.
- Qu'importe, c'est déjà dépassé !
- C'était hier !
- C'était sans lendemain.
- Je vous adjure à présent
- Je vous conjugue au passé
- Je veux bien l'imparfait du suggestif.
- Notre passé n'est pas mon futur.
- Je ne mérite pas ce présent du vindicatif.

dimanche 14 novembre 2021

Dancing Queen

-Ah, mademoiselle, c'est un slow ! Vous dansez ?
- D'abord, vous avalez votre « demoiselle », d'accord ? Vous parlez comme un vieux, d'ailleurs vous êtes vieux, en fait.
- J'ai mon âge, mais mon cœur n'a pas une ride.
- Votre cœur, je le vois pas, et votre tête donne pas envie d'en voir plus. Vous avez du être pas mal, mais c'est fini, en fait.
- Comme vous y allez, mademois… pardon ! Mais aussi comment appeler une très jeune femme qu'on ne connaît ni d'Ève ni de la pomme d'Adam ?
- Vous êtes satisfait de votre blague désargentée ? Si vous en avez d'autres, gardez-les pour vous.
- Je n'ai jamais eu d'esprit, j'en conviens.
- Bon, ça suffit ! Dégagez ou j'appelle mon copain, il aime pas les vieux et il est baraqué, en fait.
- Quel dommage, mademois… bref, accordez-moi seulement ce simple slow.
- Vous savez quoi ? Allez faire rire les dentiers dans les EHPAD et sortez de ma zone !
- Jeune, j'avais le genre latin lover , attentionné, taille bien prise, cheveux sur les tempes en aile de corbeau : cela plaisait.
- Eh ben, c'est terminé : t'es en pleine fonte des glaces, t'es plus qu'un baratine lover qui sent le moisi ; va plutôt tenter ta chance dans un dancing municipal rempli de Vénus à cellulite, et libère mon territoire, en fait.
- C'est excitant une jolie fille énervée, qui se montre cruelle envers un mâle déclinant, au son de cette musique superbement binaire, bien propre à envelopper les corps.
- Arrête avec ton slow sirupeux ! Je te regarde… Je t'ai mouché grave, pourtant t'as pas l'air blessé, t'as l'air… ailleurs.
- En effet, je viens d'ailleurs.
- C'est où ailleurs ?
- C'était il y a longtemps.
- Jolie réponse ! Et puis t'es bien sapé, à l'ancienne, et cette mèche qui barre ton front, tes manières… Un vieux gamin bien élevé… Pour un peu…
- Pour si peu !
- Prends-moi dans tes bras, emballe-moi dans ton slow démodé. Écoute-moi! Je suis comme l'ultime guerrière d'une bataille toujours recommencée. Parfois, je sens le sol se dérober sous mes pas. J'ai encore l'âge du rôle, mais pour combien de temps ?
- J'éprouve une étrange impression : une ombre rôde autour de moi, ni mauvaise, ni bienveillante, plutôt…
- Plutôt ?
- … fatale.
- J'ai tenté de te déourager, mes rebufades, mes grossièretés, c'était pour te préserver : à présent, c'est trop tard.
- Depuis quelque temps, c'est comme un nuage de brume qui voudrait me faire disparaître en m'environnant. Comment vous appelez-vous ?
- Tais-toi ! Laisse venir la brume, elle m'accompgne moi aussi, ne la crains pas. Ton buste est encore solide, les muscles de tes épaules roulent sous mes doigts, tu frémis : c'est émouvant. Ne dis rien… Emmène-moi loin dans ton slow démodé, dans ton frotti-frotta de bastringue excentré, j'aime ton parfum élégant. Serre-moi salement contre toi, outrage-moi délicatement. Je ne sais pas pleurer, mais j'ai le poids d'un sac de pluie sous mes paupières : comment appelle-t-on cela ?
- La mélancolie.
- Mets ta main sur le bas de mon dos… plus bas ! C'est ta dernière danse. Souris, la mort te regarde. Adieu baratine lover !


mardi 9 novembre 2021

Trouver la sortie

(Elle a les yeux de Nolwen Leroy, d'ailleurs elle lui ressemble. Fut-elle « cassée »,naguère, elle aussi ? On frappe à sa porte, elle interroge : )
- Qui est là ?
- C'est moi.
- Qui est ce moi ?
- Le moi de toi et moi.
- Connais pas !
- Mais ma voix !
- Reconnais pas !
- Ma voix d'hier.
- C'est aujourd'hui !
- Pourtant c'est bien moi qui heurte l'huis.
- Quoi ! Louis est là aussi ? Ah, ne le touche pas, lui !
- Je suis seul, qui donc est ce Louis ?
- C'est le Louis de lui et moi.
- C'est lui le nouvel huissier ?
- Oui, c'est lui qui me sied.
- À lui, tu ouvres.
- Je lui ouvre et je m'ouvre à lui, oh oui !
- Ouvre-moi !
- Ferme-la !
- Ouvre-moi ta porte, c'est moi !
- Que m'importe toi !
- C'est important.
- Tu m'importunes
- J'aimais tant franchir ta porte
- Avec toi je cherchais la sortie.
- Tu es restée sur mon seuil.
- Parce que tu es sans issue…


lundi 12 avril 2021

Fin de saison

- L'hiver se prolonge; cela ne me dérange pas, j'aime beaucoup l'hiver.
- Le col relevé, les épaules rentrées, le regard sombre, la panoplie du petit romantique d'arrondissement, c'est tout toi !
- Toujours ton ironie ! Comme si l'hiver ne me servait qu'à composer une silhouette !
- C'est pourtant cela : monsieur dans son cachemire, chaussé de bottines, l'air distant mais l'œil aux aguets cherchant, à la dérobée, le reflet de sa petite personne dans les vitrines… Monsieur dans un rôle de composition hivernal, un cabotin pour froidures, un frimeur pour frimas.
- Tu es inutilement blessante. J'aime l'hiver, c'est tout. Dans le froid, je respire mieux, et puis je ne supporte pas le débraillé vestimentaire, qu'affectent mes concitoyens dès que le climat se réchauffe. L'hiver, c'est ma saison. D'ailleurs, je t'ai connue en hiver !
- Au milieu de l'hiver, et je t'ai quitté au printemps ! Tu es un article de fin de solde, un amant de demi-saison
- J'aurais préféré être hors saison.



mardi 30 mars 2021

Un peu de civilisation française

Louise de Vilmorin, dite « Loulou », qui s'appelait elle-même Marylin Malraux lorsqu'elle vivait avec André M., ministre de la Culture et des maisons du même nom (la culture, c'est comme la tolérance, il y a des maisons pour cela), présenta toujours le visage du bonheur et l'apparence de la sérénité. Seule devant son miroir, elle était la mélencolie même, et inconsolable. Ce qu'elle aima dans l'amour, ce fut après l'amour, les murmures, les corps tranquilles encore un peu mêlés, le silence des épidermes momentanément consolés… Elle fut la maîtresse de Duff Cooper, très élégant membre de l'aristocratie britannique, francophile, ambassadeur d'Angleterre à Paris (1890-1954). Il avait épousé Lady Diana Cooper, qui était intelligente, ravissante et très spirituelle à la manière anglaise. Louise et Lady Diana s'entendirent fort bien, on dit même…










Lady Diana Cooper with the The Miracle in 1982, photographed by John Hedgecoe. © 2006 John Hedgecoe/Topfoto. Document pris sur le site de Sotheby, à propos d'une vente d'éléments de décoration intérieure.









Extrait du recueil Migraine, de « Loulou » (où il est dit, avec justesse, « Un homme, c'est un homme, mais un bel homme, c'est autre chose ! »), donc, « Loulou » pour les paroles, Pierre Petit pour la musique, voici, par Jeanne Moreau, un court moment de civilisation française.




De l'enfance, nul ne sort vraiment indemne. Inutile d'essayer de vous en débarrasser, elle ne cessera de vous hanter, la preuve par Jeanne Moreau ;


samedi 27 mars 2021

Un mâle, des mots

Une sonnerie résonne, une porte s'ouvre :
- Bonjour !
- Que veux-tu ?
- Je reviens te chercher !
- ?
- Oui, vraiment, je reviens te chercher !
- C'est une blague ?
- Nullement, je suis sérieux.
- Toi, sérieux ? Tu ne l'as jamais été !
- Ce soir, je le suis : je reviens te chercher !
- Comment as-tu fait pour me trouver ?
- Je t'ai cherchée.

- Alors, ce n'est pas moi que tu as trouvée
- Tu es pourtant là !
- Je n'y suis pas pour toi.
- Mais je te vois, tu n'as pas changée.
- Je suis une autre que moi quand j'étais avec toi.
- Je est toujours une autre !
- Mais tu es toujours toi !
- Je ne suis moi qu'avec toi !
- Je suis devenue moi sans toi
- Nous étions à tu et à toi quand nous étions nous…
- … Qaund nous étions nous, je n'étais pas moi
- Pourtant tu disais nous quand tu parlais de toi.
- Mais quand je disais nous,je n'existais pas.
- Moi, quand je disais nous…
- … Tu ne paensais qu'à toi !
- Tu portes des bas de soie, j'aimais beaucoup ça.
- Mes bas de soie ne sont plus pour toi.
- Quant à moi, je me souviens de mon émoi…
- Le quant à soi ne m'intéresse pas.
- … de mon émoi quand mes doigts sur la soie…
- Garde tes émois pour toi !
- Encore un mot !
- C'est déjà trop!
La porte se referme violemment.


lundi 11 janvier 2021

David contre Covid


























Montage d'après Caravage, PM

On lira : https://touslesgaronssappellentpatrick.blogspot.com/2020/05/histoire-presque-sans-parole.html

dimanche 3 janvier 2021

Mes (a)vœux





Il est difficile et peut être vain d'espérer, mais il est possible de suggérer. Il me paraît que cette scène, extraite de l'opéra Samson et Dalila, de Camille Saint-Saëns, livret de Ferdinand Lemaire, relève d'un phénomène jadis mis en évidence par Newton, auquel un pommier fit don d'une pomme de la façon habituelle d'un fruit se détachant d'un arbre. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, un individu, il est vrai grand physicien, déclara que la bosse qui lui était venue sur le front avait une cause… gravitationnelle ! Il en tira une loi, qui nous rendit plus claire la raison pour laquelle, lorsque nous perdons l'équilibre, au lieu de nous élever légèrement, nous tombons lourdement sur le sol. C'est en vertu de cette même loi fondamentale que, après s'être précipité dans le vide du haut de la Tour Eiffel, un quidam désespéré ou simplement suspicieux, peut déclarer à qui veut l'entendre, avant de toucher le sol : « Jusque là, tout va bien ! ».
Ce phénomène, ainsi qu'il est démontré ici, n'affecte pas seulement les corps célestes mais aussi la chair des femmes et celle des hommes. Tout ce qu'il produit sur le comportement et l'animation des corps, se trouve superbement démontré dans cet instant musical et théâtral. « Mon cœur s'ouvre à ta voix » murmure l'ardente Dalila, qui, s'avançant vers Samson, se dépouille de son vêtement et lui offre l'évidence de son désir. La soprano (Dalila) se nomme Elìna Garancà. On en reste bouche bée… Roberto Alagna est Samson. Qui ne voudrait être à sa place ?
Alors voilà : que 2021 vous jette dans les bras des uns et des autres, que cette année encore neuve, qui vieillira trop vite, vous donne maintes occasions de frotter vos épidermes, d'arracher à la mort et au désespoir les instants d'un plaisir tout à la fois exquis et chimérique.
Vous vérifierez par la même occasion cette autre loi, énoncée dans un râle d'abandon lascif par Aphrodite qui venait de subir une forte poussée par les soins d'un beau garçon, assistant d'Archimède, dite Loi aphrodisiaque, selon laquelle deux corps plongés dans un bain de volupté, en ressortent trempés de sueur et momentanément épuisés. Partout la mort accomplit sa besogne, mais des formes aimables parviennent encore à nous persuader qu'il est ici-bas « d'éblouissants repères »
Dalila : « Mon cœur s'ouvre à ta voix comme s'ouvrent les fleurs
Aux baisers de l'aurore…
Ah réponds à ma tendresse
Verse moi, verse-moi l'ivresse !»
Il la saisit, mais elle l'enveloppe, ils accordent leurs fluides, et c'est ainsi que se produit la fusion de leurs deux fantaises.
Avant que vienne l'abstraction générale, consacrons-nous encore un peu à cette variante de l'attraction universelle… En 2021, versez donc l'ivresse
La représentation de Samson et Dalila dont nous parlons ici a été donnée au Metropolitan Opera de New York, en 2018.