mercredi 25 janvier 2023

2023, mes(a)vœux, 4 : testament.



Finalement, la mèche (voir 2023, mes (a))vœux,3 : Une mèche errante) se consuma jusqu'à atteindre la bombe, et ce fut l'explosion. Sous l'effet de la déflagration primaire la chaleur devint si intense qu'elle provoqua la fusion du tritum et du deutérium. L'énergie de cette bombe hydrogène d'un diamètre de 6371, 008 km relègua toutes les collisions antérieures entre des objets célestes et d'estimables planètes au rang de pétarades foraines. Il se fit un événement si considérable que le système solaire en fut durablement affecté : l'orbite de milliers d'étoiles devint erratique, elles vacillèrent et s'effondrèrent sur elles-mêmes. Des ouragans s'engouffrèrent dans la voie lactée : son long cortège d'étoiles, superbement décrit par Gallilée, s'en trouva fracassé. Leur pulvérisation disparut dans le trou noir, en son centre. Un squelette, évacué à la hâte par un commando de spectres depuis une tour d'Elseneur, sur le rivage de la Baltique, suspendu à un parachute, rédigeait les mémoires de la terre, de ses peuples, de ses paysages, de son orgueil. C'en était fini des plaines immenses, des rivières, des cascades, c'en était fini des splendeurs toujours recommencées. Et c'en était fini des calamités, des névroses, effacées en une fraction de seconde et dans un jet de lumière. Un ange pleurait cette perte irréversible : avec le macchabée qui en faisait la chronique, il se souvenait de la terre. Son chagrin sincère semblait résoudre et prolonger tout à la fois l'énigme éternelle que posait l'union de la beauté idéale, d'origine divine mais produite par les hommes, et du chaos, à la fois nécessaire et redoutable :C'est ainsi qu'un jour, par hasard,nous nous rappelons tant de choses, tant de visages, mais il n'y a plus personne pour se souvenir de nous, et nous sommes encore vivants. (Angelo Rinaldi, La Dernière fête de l'Empire).



Montage photographique PM : Photographies de l'espace diverses et recomposées pour en faire une seule. Le squelette représenté au bout de son parachute est de Jacques Gamelin (1738-1803) : il s'agit d'une planche du Nouveau Traité d'Ostéologie et de Myologie (1779). L'ange pleureur, de Nicolas Basset (1600-1659), ici détouré d'après une photographie trouvée dans le remaquable site https://ckenb.blogspot.com/2020/07/cherubs-and-baby-jesus.html. Cette œuvre de 1628 fait partie d'un ensemble baroque dénommé Tombeau du chanoine Guilain Lucas et de ses neveux Guillin (avec deux l) Lucas et Honoré Gabriel Brunel, situé dans la cathédrale d'Amiens.

3 commentaires:

Celestine a dit…

Une parabole d’une fulgurante beauté. Une perte irréversible, bien sûr, mais aussi la fin de toutes les turpitudes humaines, quelle délivrance absolue !
L’ange pleure Mozart, l’amour, le génie du bien, et le squelette, lui, est là pour rappeler sûrement la guerre les tortures, tout ce qui fascine l’homme dans sa folie de démiurge.
Tout est atomisé dans un pulvérisateur cosmique. Le manichéisme n’a pas lieu d’être dans le cosmos, où règnent seuls le hasard et la nécessité.
Un grand bol de métaphysique nucléaire. Merci Patrick. Vous nous montrer une autre facette de votre talent.
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆

Patrick Mandon a dit…

Attendez le prochain et dernier tableau…

Célestine ☆ a dit…

Vous nous montrez* bien sûr. Mon téléphone m'a fait faire une faute impardonnable...
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