lundi 15 février 2010

Une brune en Italie : Corinne à Ravenne (2)

De retour en France, Corinne nous envoie ces photographies qui ont, pour certaines, un caractère exceptionnel.

Vous trouverez les ombres du culte arien dans la basilique de San Apollinare, le tombeau vide de Galla Placidia, et bien sûr San Vitale la somptueuse.

San Apollinare
J'attire votre attention sur une curiosité : les mains baladeuses (détails sur les colonnes aux rideaux). Les personnages non religieux datant de Théodoric l'Arien ont été effacés par l'évêque Agnello, après la conquête byzantine de Justinien en l'an 540, avec la volonté d'affirmer l'orthodoxie catholique pour n'y laisser que les saints et saintes en ribambelle, et les scènes purement christiques, mais bizarrement, ils n'ont laissé que les mains sur les colonnes... L'ombre subsistant dans la niche du décor témoigne également de cette volonté d'effacement. Théodoric l'Ostrogoth, donc, fut le dernier représentant du culte dit arianisme, culte qui considérait Jésus comme un simple mortel, un prophète, et contestait ses attributs divins miraculeux tout en accordant aux Chrétiens la liberté de pratiquer leurs offices (Arien, du nom du prêtre chrétien théologien Arius, qui n'a rien à voir avec les Aryens). Théodoric dit Le Grand était un monarque intelligent, qui voulait préserver l'unité de son peuple, oecuménique en quelque sorte.
















































































J'ai eu un faible pour Galla Placida : ce petit mausolée de briques rouges est un véritable écrin à bijoux.

Galla Placida































































































San Vitale













































C'est une chance incroyable de pouvoir admirer ces fresques dans leur intégralité, car leur restauration s'est achevée au tout début de cette année. Je vous en offre donc la primeur !

Corinne, texte et photographies (à l'exception clichés extérieur du mausolée de Galla Placida, et portrait de Galla Placida)

35 commentaires:

Patrick Mandon a dit…

Toutes les lumières sur l'art Byzantin sont bienvenues. Je suis frappé par la splendeur du portrait de Galla Placida. On trouve ce type de visage en Italie, bien sûr, mais aussi en Espagne et au Portugal, et chez les sépharades (l'une de mes amies, maranne d'origine, lui ressemble beaucoup).

Corinne a dit…

Merci cher Patrick ! Juste une petite erreur : la corbeille et ses fruits sont à Placidia, et j'ai omis de préciser que le mausolée de la belle et austère impératrice était vide car sa dépouille fut transférée à Rome, contre sa volonté probablement puisque ce petit bijou fut érigée par et pour elle-même. On peut sciemment penser qu'elle souhaitait y passer l'éternité. Ce fut une maîtresse femme qu'il valait pourtant mieux ne pas contrarier.

Patrick Mandon a dit…

Réparé !
Merci infiniment, Cheveux d'encre !

Tanya a dit…

Just beautiful!

Patrick Mandon a dit…

Corinne is an artist !
Lady T, did you read the special Tanya dedication under «Mes amis» ?

Tanya a dit…

Corinne is an amazing artist and I have a feeling that she has at least a PHD in art history!
And did I EVER read That special dedication to me "mes amis"! OH yes I did and was incredibly touched and loved it!!!! And how I wish I was there to walk through Tuileries in the snow!! I have a great affinity to that place and I take a walk there each and every day I am in Paris. I always grab a chair by the fountains and think of all the history that took place there and even go to the corner where the king was beheaded...So, it means a lot to me!
Thank you from the Heart, cher Patrick

Anonyme a dit…

Tout juste rentrée du Norfolk glacial, un peu d'Italie me réchauffera. Les silhouettes hiératiques de Teodora et Justinien sont fascinantes.

Corinne a dit…

Tanya, thanks a lot ! But I have only one or two good books, remember also the explains of our guide, and I had followed the courses there of Luciana Notturni, a famous "restauratrice" of byzantines mosaïcs.
Big kisses for you !

Corinne a dit…

Hello Nadia !
Les églises de Ravenne étaient pourtant glaciales, mais le luxe du décor nous l'a fait oublié, enfin presque.

Albertine a dit…

Nous sommes transportés, de beauté et de joie.
bravo à la photographe, et je l'envie beaucoup..

Corinne a dit…

Albertine, c'est aussi une joie pour moi que de partager ici et avec vous les trésors découverts ailleurs.

Pour ce qui est de la facture, le travail des mosaïstes était réparti selon les spécialités : les uns des visages, les autres des fleurs, d'autres encore les animaux etc.. mais derrière tout cela, il y avait aussi la tâche la plus dure et la plus ingrate : la coupe, à même le sol, des pâtes de verre et du marbre (seuls matériaux utilisés alors). C'était celle des esclaves, à l'aide d'outils rudimentaires, des jours entiers et interminables, sans pause syndicale ni salaire !

Patrick Mandon a dit…

Corinne, impossible de me détacher de la splendeur que vous nous révélez. Je reviens constamment à vos photographies, et je vous en remercie encore.
Un point me paraît discutable : le rôle des «esclaves». Êtes-vous certaine de la condition d'esclave, totalement incompatible avec le christianisme, des hommes travaillant sur les chantiers ? Que sait on exactement de ces hommes ? Je pense ainsi aux «esclaves» égyptiens, bâtisseurs des pyramides ; en réalité, ils percevaient un salaire et se mettaient en grève. Pouvez-vous nous éclairer, sublime Cheveux d'encre ?

Corinne a dit…

Patrick, précisément je ne sais, mais selon les sources locales, notamment celle des mosaïstes-restaurateurs, les esclaves étaient encore utilisés bien après l'avènement du christianisme dans l'empire byzantin, les vaincus y étaient soumis. Si leur statut s'était amélioré -le droit de vie et de mort du maître sur son esclave et les punitions corporelles ont été abolis- il semble bien qu'on recourait encore couramment à l'esclavage dans le domaine agricole surtout, mais aussi dans les services publics, voierie,etc..
Il s'agissait surtout de tribus slaves soumises (c'est d'ailleurs le mot "slave" qui aurait donné "esclave"..)et païennes, puisque, effectivement, un chrétien ne pouvait théoriquement en asservir un autre.
A ce sujet, j'ai trouvé un ouvrage qui semble assez intéressant :
Les Esclaves et l'esclavage: De la Méditerranée antique à la Méditerranée médiévale (VIe-XIe siècles) de Youval Rotman, enseignant universitaire à Yale, pour vous servir, cher Patrick !

Patrick Mandon a dit…

Corinne, cette affaire d'esclavage m'intrigue au plus haut point. Il faut que nous allions plus loin ; je vais me procurer le livre que vous nous indiquez. Mais, d'ores et déjà, la question est posée, et toute personne capable de nous apporter des réponses est bienvenue.
Par ailleurs, Cheveux d'encre, votre incursion dans l'art de Byzance en terre latine nous a été un enchantement. Ne craignez pas, chère dame brune, un peu byzantine (non point de culte, je le sais, mais au moins de regard), de nous apporter encore des éléments d'admiration et de réflexion.

Corinne a dit…

.. Et si je vous apportais bientôt quelques lopins de terre promise ? J'ai répondu positivement à une invitation et je me rends à Tel Aviv dans une quinzaine de jours..

Patrick Mandon a dit…

Alors, je vous en prie : photographies, notes, impressions, sensations de Tel Aviv, Cheveux d'encre ! Je me réjouis par avance pour vous, et pour nous.
Tel Aviv, c'est une ville de fête et d'excès, une ville «illuminée», je crois. Vous connaissez peut-être, mais comment allez-vous retrouver Tel Aviv ?

Corinne a dit…

Oui, je connais, j'y suis allée deux fois déjà, j'ai d'ailleurs quelques belles prises de Césarée, du désert, de la mer Morte.. Mais cette fois sera une visite plus affective, j'y retrouverai mon père dont l'état de santé est très précaire, c'est pourquoi j'ai dû précipiter mon départ. Nous nous aimons beaucoup. Mais j'espère cette fois pouvoir prendre quelques vues urbaines et humaines des quartiers populaires. Nous verrons bien !

Patrick Mandon a dit…

Je souhaite vraiment que la santé de votre père se rétablisse, chère Cheveux d'encre.

Corinne a dit…

Merci cher Patrick. Il est âgé maintenant 85 ans et pourtant si jeune ! Nous essaierons simplement comme d'habitude de profiter pleinement des trop rares moments passés ensemble.

Anonyme a dit…

Israël, toujours imaginée et jamais ralliée. Je l'ai contournée, Egypte, Liban, Petra bientôt, mais n'arrive pas à y m'y poser. Peut être parce que mes racines sont ailleurs, si loin de son soleil et de ses déserts, dans les shtetls disparus des brumes de l'Est. Peut être parce que je me méfie de ce maelström de monothéismes belliqueux... Le pays des Juifs où je devrais me sentir chez moi m'attire et m'inquiète à la fois. Voilà bien une prise de tête typiquement ashkénaze !
Vous nous raconterez, Corinne.
Prompt rétablissement à votre Aba.

Patrick Mandon a dit…

Très jolie réflexion, Lady N, et, en effet, de type ashkénaze ! Un ami mien s'est enfin décidé, voici peu de temps, à s'y rendre, avec ses (grands) enfants. Un type un peu dans votre genre…

Corinne a dit…

Merci Nadia. Il est vrai que les Séfarades y retrouvent au moins le soleil et la mer, d'où peut-être une acclimatation plus aisée. En ce qui me concerne, je ne me sens pas de droit sur cette terre, mais tant d'autres l'ont rêvée, mon père, ce pays n'est pas le mien, mais ce rêve l'est devenu. C'est un pays revêche qui ne se livre pas facilement, un peu comme un célibataire endurci par trop de désillusions et une trop grande solitude. J'y vais donc, à chaque fois, à pas de velours, essayer de l'apprivoiser un peu. Très rude tâche !

Anonyme a dit…

L'idée d'Israël me plait infiniment, comme un sanctuaire ou un hâvre, mais je redoute le choc de la réalité, très loin du rêve. Un jour, je sais que je poserai mon pied sur cette terre là et que je laisserai l'émotion m'envahir.

Corinne a dit…

La réalité... oui, loin du rêve. Mais il y a aussi l'énergie de la jeunesse et l'espoir. J'y assisterai aussi au mariage d'un petit cousin, un "vrai" Israëlien. Pour ceux qui y ont vu le jour, tout est bien différent, pas de doute quant à l'appartenance, ils ont les deux pieds bien enracinés, et l'âme aussi.

Patrick Mandon a dit…

Très belle conversation, mesdames ! Par chance, elle se fait ici : mille bacci !

Corinne a dit…

Que d'"aussi" ! Pardon pour ces répétitions !
Nadia, je suis certaine que vous ne regretterez pas le voyage. Tout y est plus vibrant, plus intense qu'ailleurs, comment dire.. je crois que l'on s'y sent plus vivant.

Corinne a dit…

Patrick, "for your eyes only" et peut-être ceux de quelques amis, vous trouverez ici mes photographies prises en Israël en 2008.. Ne vous croyez pas obligé de les publier ! Mais je suis ravie de les avoir retrouvées, je les croyais perdues (au fin fond d'un fichier informatique).
Vous y trouverez un coucher de soleil à Tel Aviv, Césarée et ses colonnes qui ne soutiennent plus que le ciel, ses deux iguanes aussi, Jérusalem est, ouest avec ses hommes en noir, le mur, et le mont des Oliviers, la basilique, le désert et une fleur de sel de la mer Morte.. etc.. Enfin, vous en ferez ce que bon vous semble.
C'est ici :
http://picasaweb.google.com/corinne.salou/ISRAEL#

Patrick Mandon a dit…

Chère Corinne, voici ce que je vous propose : vous devez prochainement vous rendre à Tel Aviv. À votre retour, si vous le souhaitez, si vous le pouvez, nous confronterons vos images réelles (photographies anciennes et récentes) et vos émotions réactivées, modifies, amplifiées elles aussi par votre dernier séjour. Je vois bien que vous allez vers un moment fort de votre existence. Vous retrouvez votre père, Israël, une partie de votre mémoire, de votre réalité comme de votre fantaisie. Vous allez, une fois de plus, éprouver un choc émotionnel. Quelque chose surgira, une fois de plus, de votre complexité. Alors, si vous le souhaitez, si vous le voulez bien, vous nous confierez (un peu) de ce surgissement.

Corinne a dit…

C'est une belle idée, vous avez raison. Mais il est probable que je ne visite pas les mêmes lieux. Ce voyage s'était improvisé sur place, pas du tout organisé. Ce sera également le cas pour le prochain, c'est comme cela que j'aime voyager. Merci Patrick, pour vos bons soins !

Patrick Mandon a dit…

Corinne, peu importe que vous ne retourniez pas sur les mêmes lieux ; la destination seule compte, symboliquement, augmentée de l'objet principal de votre voyage, la visite à votre père, et du choc des sensations neuves.
Ce n'est pas rien, quand on est athée, juif ou chrétien, quand on appartient au genre humain, enfin, de se rendre en «Terre Sainte», et ce n'est pas rien de visiter son père, et ce n'est pas rien, non plus, de n'être ni tout à fait ceci, ni tout à fait cela. Vivre, ce n'est pas rien, même si cela ne sert à rien.

Corinne a dit…

J'aime votre conclusion ! Mais si nous étions en privé, Patrick, je vous dirais que je ne sais pas si cette fois j'aurai la distance suffisante et le coeur à l'ouvrage, et que je crains aussi que certains y voient comme une impudeur profane. Pourtant, c'est un paradoxe, j'avoue que cette perspective me rend ce voyage plus "léger", puisque je sais que je pourrai déposer un peu de mon surplus de bagages, ici, en terre amie.

Patrick Mandon a dit…

« […] je sais que je pourrai déposer un peu de mon surplus de bagages, ici, en terre amie […]»
La plus émouvante, la plus complète définition de «Tous les garçons» !
Des amis de passage, des habitués, des infidèles, des curieux, quelques importuns, un jeu subtil, tout d'ironie, de charme et de séduction entre des êtres volontiers mélancoliques, qui demeurent éveillés dans la nuit.
Et, peuplée de si jolies femmes, qu'on peut bien la nommer «Terre pro-Miss»…

Corinne a dit…

Mister P., vous êtes notre phare, vers qui nous revenons, chaque soir..

Anonyme a dit…

Cher Patrick, je n'oublie pas que je vous ai promis un voyage en Lettonie. Où en ce moment il fait moins 10 avec 6 heures de jour en tout et pour tout. Donc, place au soleil d'Israël !
Corinne, j'ai un peu de mal à appréhender l'identité spécifique israélienne, j'y vois surtout des communautés juxtaposées, mais je suis sûre de me tromper.
Je me dis surtout, si ce pays avait existé. Si ce pays avait existé "avant"...

Corinne a dit…

Nadia, en ce qui concerne la question identitaire unique et spécifique, au-delà des communautarismes, elle est, et de fait : un seul état juif au monde, unique et indivisible, c'est quand même une sacrée spécificité non ? Avoir fait le choix d'y vivre c'est l'accepter sans demi-mesure. Elle coule de source, si je puis dire.
Vous n'avez besoin que d'une plume Nadia pour nous faire voyager, quelle que soit votre destination, virtuelle ou réelle.