samedi 9 janvier 2016

Rebuffé par Nana

- Comment vous me trouvez ?
- Je ne vous cherche pas.
- Non, mais vous comprenez ce que je veux dire.
- Justement, je n'entends rien à ce que vous dites.
- Vous êtes sourde ?
- Entendre, ici, c'est pour comprendre.
- On ne comprend bien qu'avec le cœur !
- Je ne trouve pas.
- Vous ne cherchez pas, non plus.
- Qu'entendez-vous par là ?
- Par là, justement, écoutez ce que j'entends :
 

- Alors ?
- Alors quoi ?
- Ben, da ya think I'm sexy ?
- Pas du tout ! I don't think so.
- Vous êtes sans cœur.
- Je suis peut-être sans cœur, mais je ne suis pas sans corps. Je n'entends rien avec le cœur, surtout ce que réclame mon corps.
- Je vous comprends.
- Je ne vous en demande pas tant.
- J'entends bien.
- Alors, écoutez ça, et laissez-moi tranquille !

- Puisque vous avouez, Nana, que vous ne me voulez pas, je retourne me vouer à Lana :

Le dévot laid de Lana

- C'est cela, allez-donc vous vouer et vous faire voir !

- J'irai me faire voir par Kylie Minogue, et je m'imaginerai la tenant dans mes bras, dans le grand escalier de la Samaritaine. Mes cheveux seront teints en blond, on m'appellera le blond Samaritain, j'aurai le beau rôle dans un film majeur du XXIe siècle. Après, je formerai des vœux pour que Leos Carax trouve les moyens de nous donner un autre chef d'œuvre, et pour que Jean-Claude Brisseau sorte du purgatoire pour nous démontrer que le cinéma français est visible à l'œil nu. Et puis…

 

- … Et puis j'attendrai la fin, las et puissamment mélancolique, en rêvant à des singes fous qui patienteraient amoureusement dans une chambre nuptiale, ou quelque chose dans ce genre : 

Le cours d'une rivière

7 commentaires:

Nuagesneuf a dit…

Bien Cher blond samaritain,
a la différence de Woody Allen qui trouve que l'éternité c'est long, surtout vers la fin, voilà bien un tewxte délicieux justement trop court. On s'y délecte; de vos égarements surrélistes, on en voudrait encore, on se prend à s'envoler à vos côtés, réjouis et empourprés on se laisserait même aller à see glisser dans le texte, osera-t-on? oserait-on? du genre
"Non, mais vous comprenez ce que je veux dire". Et bien "Vous comprenez ce que je veux dire?" est mot à mot le titre d'unrecueil de poésie publié à compte d'aurteur en 1969 (!)

"- Qu'entendez-vous par là ?"
- Par là, justement, je n'entends pas grand chose ( P.Dac/F.Blanche, bien sûr)

"et pour que Jean-Claude Brisseau sorte du purgatoire pour nous démontrer que le cinéma français est visible à l'œil nu"
Ah! Brisseau à l'oeil nu ! Trop fort, cher beau et blond samaritain.

Le bonjour vous va.

ps
désolé des fautes mais au moins voici une réponse sans le moindre "je" -
Et comme je suis en à peu près bonne forme de frappe, à propos de ce "jeu de je" que sont tant et tantde blogs, je me laisse aller à louer le vôtre une nouvelle fois dussiez-vous en rougir ("Il en rougit le traître" Cyrano, parlant de son nez - ou d'autre hose d'ailleurs but this is another long story, isnt it?) Son niveau atteint des délicieux sommets, si loin de tous ces blogs tout à l'ego. A ses tristes sires et siresses, je me plairai à rappeler ici cette pique de génie de La Bruyère " La fausse modestie est le dernier raffinement de la vanité".

Célestine ☆ a dit…

L'on rit à ce dialogue divertissant et badin, un rien impertinent et phallocrate, mais écrit avec raffinement et illustré musicalement de très belle façon. L'on en oublierait presque de s'auto-centrer sur son nombril en émettant un avis à la première personne sur telle ou telle extrait musical... ;-)
Bien à vous mon ami et une affectueuse pensée à notre cher ami Nuageneuf
¸¸.•*¨*• ☆

Patrick Mandon a dit…

Célestine, vous avouez votre préférence : Nuageneuf est « notre (votre) cher ami », et il a droit à « une affectueuse pensée », alors qu'à votre serviteur, vous n'accordez qu'un vague et très distant « Bien à vous mon ami ».
Nuageneuf, vous citez La Bruyère. Je l'ai découvert au lycée, ce fut un enchantement. Il travaillait « à l'os », avec un raffinement de désespoir aimable et de cruauté navrée. Je vous salue « notre cher ami Nuage », le préféré de la dame…

Célestine ☆ a dit…

Libre à vous de hiérarchiser de la sorte, cher ami.
Il me semble qu'un "bien à vous" vaut largement, dans mon paysage intérieur, une "affectueuse pensée".
Mais je n'ai pas de preuve tangible. Il vous faudrait me croire sur parole...
En fait mon commentaire était un clin d'oeil à Nuage, une réponse en forme d'exercice littéraire, ou comment dire "je" sans dire "je" ? Il suffit d'utiliser l'indéfini "on" et l'on semble tout de suite moins tourné vers le tout-à-l'ego (expression sévère !) Comment n'y avait-on pas pensé ?

En vérité, je balance entre Victor Hugo "Quand je parle de moi, je parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi" et Marguerite Duras: "Pour que vous vous intéressiez à moi, il faut que je vous parle de vous"
Affectueuses pensées et bien à vous, mon très cher ami
¸¸.•*¨*• ☆

Patrick Mandon a dit…

Jolie réponse, Begli Occhi !

Nuagesneuf a dit…

Chers Pat & Cél *
ou plutôt
Chers Cél & Pat,

Oui...Cél & Par c'est l'épate ! Vos concetti réciproques me réduisent. Et comme dit un excellent poète méconnu sauf de moi:
"Et l'homme à la limite d'un autre âge
Disparait et pleure et cache son visage"

Nuagesneuf a dit…


a tte fin utile, un exemple (au hasard total/ suivez les beaux regards) de concetti :

Occhi vestiti a claro,
Avete forse ricciso qualcheduno ?