mardi 30 mars 2021

Un peu de civilisation française

Louise de Vilmorin, dite « Loulou », qui s'appelait elle-même Marylin Malraux lorsqu'elle vivait avec André M., ministre de la Culture et des maisons du même nom (la culture, c'est comme la tolérance, il y a des maisons pour cela), présenta toujours le visage du bonheur et l'apparence de la sérénité. Seule devant son miroir, elle était la mélencolie même, et inconsolable. Ce qu'elle aima dans l'amour, ce fut après l'amour, les murmures, les corps tranquilles encore un peu mêlés, le silence des épidermes momentanément consolés… Elle fut la maîtresse de Duff Cooper, très élégant membre de l'aristocratie britannique, francophile, ambassadeur d'Angleterre à Paris (1890-1954). Il avait épousé Lady Diana Cooper, qui était intelligente, ravissante et très spirituelle à la manière anglaise. Louise et Lady Diana s'entendirent fort bien, on dit même…










Lady Diana Cooper with the The Miracle in 1982, photographed by John Hedgecoe. © 2006 John Hedgecoe/Topfoto. Document pris sur le site de Sotheby, à propos d'une vente d'éléments de décoration intérieure.









Extrait du recueil Migraine, de « Loulou » (où il est dit, avec justesse, « Un homme, c'est un homme, mais un bel homme, c'est autre chose ! »), donc, « Loulou » pour les paroles, Pierre Petit pour la musique, voici, par Jeanne Moreau, un court moment de civilisation française.




De l'enfance, nul ne sort vraiment indemne. Inutile d'essayer de vous en débarrasser, elle ne cessera de vous hanter, la preuve par Jeanne Moreau ;


2 commentaires:

Célestine ☆ a dit…

Ah cher Patrick. j'aime ce passage :
« Ce qu'elle aima dans l'amour, ce fut après l'amour, les murmures, les corps tranquilles encore un peu mêlés, le silence des épidermes momentanément consolés… »
Mais vous vous en doutiez, n'est-ce pas que je ne resterais pas insensible à cette sensualité lascive.

J'ai repensé à un billet que j'avais écrit il y a quelque lunes, sur ces moments d'après l'amour...

On n’est pas bien, là, galinette, allongés dans le sens latitudinal du lit, comme deux traversins chiffonnés, encore ondulés de frissons ? Le vent d’été soulève la voilure du rideau comme une paupière. Dans un coin de la chambre assoupie dans la pénombre, Billie Holiday susurre I’ll be seeing you de sa voix moelleuse…
Le drap déploie un océan de plis et de vagues molles, encore humides de nos ardeurs.
L’heure est au désert, à la vacance absolue, aux égarements de l’âme.
Pas un bruit ne monte de la rue, elle a embrumé ses rumeurs en un vague murmure d’asphalte lointain.
Mes doigts s’attardent à l’horizon de ton ventre, effleurant au passage ton triomphe encore doux et chaud, mes jambes s’arrondissent, de leur propre volonté, en une passerelle alanguie par-dessus les tiennes. Joli bazar que ce méli-mélo de corps chauds à l’abandon, pris dans tes fils de salive et mes cheveux embrouillés…
Qu’est-ce qu’on fait ? On se lève ou on se love ?
En une enjambée on pourrait franchir le tapis constellé de ciel, jonché de mes dentelles disséminées au vent dans ma hâte…En deux enjambées on se retrouverait dans la cuisine, buvant du vin italien pour célébrer ce voyage du tendre qui nous a donné soif.
En trois enjambées…mais non, la flemme est entrée en nous comme un aiguillon, alors on va rester là, à regarder les étoiles, ces coquettes endiamantées qui ne vieillissent pas, jusqu’au petit matin. Puis tu t’endormiras. Et je te regarderai dormir, le coeur amoncelé de bonheur.




Et puis la grande Jeanne, et cette chanson sur l'enfance ... des accents si vrais que j'ai senti une petite goutte de délicate nostalgie perler à ma paupière.
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆

Patrick Mandon a dit…

Eh bien, Célestine, vous démêlez avec grâce les corps que la hâte amoureuse vient d'emmêler !
Tout ce que nous volons, dans ces moments, nous le dérobons au chagrin, à la peur à la mort. C'est un triomphe momentané que nous offre la fantaisie des épidermes, mais éblouissant, admirablement servi par votre texte.