dimanche 5 septembre 2010
Serge en automne
Le bœuf sous un toit
Dans la peau de Serge
samedi 4 septembre 2010
Madame Lulu
C'était le 5 mars 1947. Quand j'ai rencontré Lucien (le vrai prénom de Gainsbourg) à l'Académie Montmartre, c'était un petit Juif russe. Moi aussi j'étais russe, mais d'une famille d'aristocrates épouvantablement antisémites. Notre amour a été une fête extraordinaire. Nos deux familles ne s'aimaient pas. On voulait vivre un amour libre, à la manière de Sartre et Beauvoir. C'était la bohème. Je ne voulais pas dépendre d'un homme, j'étais secrétaire du poète surréaliste Georges Hugnet et dans des maisons d'édition. Je peignais, Lulu assez peu. Il disait pourtant qu'il était destiné à devenir un grand peintre.
Un jour, vous vous retrouvez chez Dali...
Pendant quatre mois ! Le poète pour qui je travaillais, malade, ne pouvait plus m'employer, je n'avais plus de logement. Sa femme m'a passé les clés d'un appartement que Dali n'occupait pas. Il y avait des tableaux partout. Lulu, au service militaire, me rejoignait quand il avait une permission. Il avait 21 ans et moi 23. Gala, femme de Dali, inquiète qu'une jeune femme occupe son appartement, est venue compter les draps. Même pas les tableaux, les draps ! Dali est venu le lendemain, avec du champagne, excuser sa femme. Il nous a ouvert une pièce, tapissée d'astrakan noir, du sol au plafond. Lucien était suffoqué : qu'on puisse fouler ça aux pieds était merveilleux. C'est de là que lui est venue l'idée, bien plus tard, de tapisser de noir son appartement de la rue de Verneuil. […] La suite ici
jeudi 2 septembre 2010
Vous dansez, mademoiselle ?
mercredi 1 septembre 2010
La roue tourne

Laurent Fignon est mort. Il aimait la course cycliste, les sciences exactes et la littérature. À sa manière, il a signalé, moins évidemment que Jacques Anquetil, une forme de dandysme chez les grands routiers. Très perspicace, ironique, d'une franchise parfois brutale, il a gagné autant grâce à sa tête que grâce à ses jambes. Excellent grimpeur, il roulait moins aisément que les athlètes, tel Greg LeMond (champion de triathlètisme), qui remporta le tour de France, en 1989, après une course contre la montre palpitante : 50 secondes séparaient LeMond de Fignon, au profit de ce dernier, avant l'ultime course contre la montre, entre Versailles et les Champs-Élysées. À l'arrivée, l'américain avait 8 secondes d'avance ! Jamais un si faible chrono n'avait départagé les deux premiers du Tour. En forme d'hommage, je reprends ici un des premiers textes de ce blogue, d'une séquence consacrée au tour de France. On me pardonnera cette auto-citation.
Anquetil : pédaler moins pour gagner plus
Le coup de pédale, «c'est l'homme même». Sur un plat, dans une côte légère, dans l'escalade du Tourmalet ou dans le plongeon vers le fond de la vallée, jusqu'à la manière de s'élancer dans un «contre la montre», chacun adopte une position qui lui est propre, combine des postures, les alterne et compose ainsi des figures remarquables. Chez les Italiens, Fausto Coppi, « il campionissimmo», n’eut pas d’égal. Sa séduction, sa «manière», tout en lui le séparait des autres. Mais celui qui parvint, chez les Français, à obtenir le meilleur coefficient de pénétration dans l’air, celui-là se nommait Jacques Anquetil (1934-1987). Toujours, il démontra un courage discret, une aisance de danseur. Il a incarné la recherche de l’effort minimal, et, comme nul autre, l’insupportable facilité d’être champion cycliste. Avec cela, son pouls, au repos, battait à quarante pulsations par minute, à soixante-dix en plein effort. Agaçant ! Quant à sa diététique, elle lui était inspirée par Gargantua. Irritant !
Il s'avança, tel un beau blond d'époque, mince comme un muscle profilé : un normand de terre et d’air, un viking policé. Ses victoires, il semblait les obtenir avec l'économie d'énergie des grands paresseux : «Je ne suis pas venu pour courir, simplement pour gagner. Mais je vous laisse, on m’attend.» Il faisait son «Maître Jacques» comme en se jouant, et, même quand il souffrait, il voulait qu’on prît ses grimaces pour des sourires. C’est pourquoi il ne fut pas tout à fait un héros absolu du tour de France. Avec cet elfe malicieux, le public, frustré, se plaignait de ne pas «voir le travail». Il était comme un costume futuriste, au tombé impeccable, mais dont on chercherait en vain les coutures. Il laissait dans son sillage princier la longue trace des courageux, des obstinés, des besogneux, des «forçats». Jacques Anquetil, seigneur simple, abolit tout effort inutile. Il ne ressemblait à personne, il n’eut pas de successeur. Longtemps après sa mort, on voulut nous révéler des choses cachées : je compris surtout qu'il aimait les femmes et que ces dernières ne détestaient pas lui faire plaisir. J'en conclus qu'il fut un heureux homme.
Je le vis, peu de temps avant sa mort, dans un grand café de la rue Drouot. Il entra, accompagné de quelques amis. Applaudi par toute la salle, qui s'était levée, il répondit par un grand sourire de renard et un geste du bras. Après son décès, les patrons du lieu placèrent un poster, qui le représentait, derrière le bar. Ils ont vendu, la décoration a changé : ni le personnel, ni les consommateurs, très «nouveaux parisiens», ne se soucient de Jacques Anquetil.Photographies X, droits réservés : ci-dessous, Laurent Fignon s'échappe, laissant derrière lui Greg LeMond ; en haut, Jacques Anquetil

Inoubliable !
Texte et chant, Hildegard Knef
Musique, Gert Wilden
“Ich wollte dich vergessen
Ich dachte es wäre so leicht
Es war doch ein Spiel, das uns beiden gefiel
Eine Nacht, die den Tag nie erreicht
Ein Abschied ohne Tränen erinnerung,
Die schmerzlos verweht
Ein Glück ohne Spur,
Begegnung die nur
Für die Nacht und ihr Sehnen lebt
Ich wollte dich vergessen
Und fortgehn als wär nichts geschehn”
Ce qui pourrait se traduire par :
Je voulais t'oublier,
J'ai cru que ce serait facile.
Ce n'était qu'un jeu,
Une partie de plaisir,
Une nuit qui n'atteindrait pas le jour,
Un départ sans larme,
Un souvenir sans chagrin,
Un bonheur sans lendemain,
Une rencontre pour le temps d'une nuit, d'un désir,
Je voulais t'oublier
Comme si rien n'avait été
© Musikverlag Johann Michel GmbH & Co. KG