samedi 18 juillet 2009
Blues français
Du Moyen Age à l'âge de plomb
Pourrais-je longtemps encore ignorer que le monde réel me sollicite ? Et qu'il le fait avec une insistance croissante ? Il m'impose le spectacle quotidien de mon erreur, il m'objecte sans douceur mon long aveuglement. Il m'accompagne jusqu'au sein de mon illusion confortable, sème le désordre dans ma vie, m'interrompt d'un rire d'ironie lorsque je murmure un air de Charles Trenet, se gausse de mes postures compliquées. Le monde réel me tourmente à plaisir et sort de sa poche, de temps à autre, pour y ajouter un chiffre, la facture de mon désastre annoncé. Je suis, pour peu de temps encore, son débiteur. Le monde réel me contraint à examiner d'un peu près le visage de ce pays luxueux, qui vit désormais très en-dessous des moyens que lui fournirent, jadis et naguère, les meilleurs d'entre nous.
La France est née du génie médiévale, par lui, elle comprit qu'il n'est de civilisation aimable et paradoxale sans la conversation des femmes, sans leurs concours, sans leur constant souci de nous améliorer et de nous contraindre. Les femmes ne furent pas moins cruelles, égoïstes, vaniteuses, lâches, débauchées, dissimulées, violentes que les hommes, elles le furent différemment, elles le furent avec le sentiment de tenir leur rang dans la société. Aujourd'hui, que reste-t-il de cette créature affolante qui me donnait le sentiment d'appartenir à un rêve plutôt qu'à une terre ? Que reste-t-il de cette géniale invention qui m'autorisait à lui être fidèle sans lui paraître soumis ? Il ne reste que le monde réel. C'est assez dire que je suis menacé de connaître bientôt la plus grande précarité. Photographie : plainte d'arbre, agonie amoureuse, baillement de tronc ?
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3 commentaires:
J'aime bien votre photo, je la ferai parvenir à mes amis un peu secrets qu'on appelle grandes oreilles, ils adoreront. Quand ils ne sauvent pas la planète, ils ont beaucoup d'humour.
Sinon, sur ce monde qui a changé et ne nous plait guère, faites comme moi. Lucidement, faites comme si.
Chère Nadia, cet arbre se trouve dans le parc de l'abbaye de Trois-Fontaines, dans la Haute-Marne, un site superbe, dont je parlerai ici prochainement.
Cher Patrick,
Votre romantisme vous perdra ou vous sauvera. Il y a des textes que l'on aurait aimé avoir écrit mais d'autres le font à votre place.
Mais je suis d'accord avec Nadia, il faut semblant de croire qu'il n'a pas changé.
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