samedi 11 juillet 2009

Pédaler pour la France


Le petit tour de la question
Quelque chose de léger pour commencer, d'aérien, de gracieux comme un cycliste échappé du peloton dans la plaine : le Tour de France. Écartons d'emblée les scandales, l'EPO, les repentis, les seringues sous la selle, les contrôles urinaires le micro dans une main, le «pinceau» dans l'autre, écartons, d'un geste éloignant de souveraine lasse, le spectacle navrant des prétendus tricheurs et assimilés, des sorciers qui les suivent, de leurs potions magiques, de leurs fioles de soigneurs méphistophéliques. Oublions tout cela, et revenons aux fondamentaux : un ruban de bicyclettes qui se déforme, au gré des échappées, des attaques foudroyantes, des poursuites, des regroupements, avec, pour décor, un paysage et son (ses) peuple(s). Au commencement fut la France, un pays dont on eut très tôt envie de faire le tour, précisément. Tout était là, ne demandant qu'à servir : des petites routes serpentines, des faux plats, des raidillons, des altitudes, des creux, des bosses ; dans les champs, des paysans, dans les villes, des ouvriers, des cousettes, des cœurs purs toujours prêts à chavirer pour les vainqueurs et à prendre le parti des vaincus. 
La première caravane est partie en 1903, sous le commandement du directeur du magazine l'Auto, Henri Desgrange. Au premier coup de pédale, le succès est phénoménal et international. Il n'y a alors que six étapes, placées sur un parcours long de 2500 km. Le règlement est encore flou : Aucouturier, par exemple, abandonne, puis revient le lendemain, gagne à trois reprises, termine avec les autres, avant d'être définitivement exclu ! Les routes ne sont pas sûres, la gendarmerie à cheval tarde à intervenir : en 1904, au cours d'une étape de nuit, des brigands détroussent les coureurs ! Les athlètes, souvent trapus, noirauds, édentés, le buste pris dans un boyau de rechange, semblent patibulaires. On dirait des réprouvés, des forçats de la route… (À suivre) Photo : Anquetil, couverture du livre Portraits légendaires du cyclisme, Tana éditeur, 2007

1 commentaire:

L'Anonymalienne a dit…

Le tour de France, avec toi, on dirait un tour de taille !